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Expérimentation Scorpion XI

Texte : LTN Eugénie LALLEMENT

Publié le : 20/05/2022 - Mis à jour le : 09/07/2022.

Expérimentation majeure pour l’armée de Terre, l’exercice Scorpion XI s’est déroulé en Champagne du 29 novembre au 10 décembre 2021, sous le commandement de la 3e Division. L’occasion de confronter la doctrine d’emploi d’un groupement tactique interarmes Scorpion et son poste de commandement, au terrain.

Sur les terres humides de Champagne, niché entre champs boueux et lisières, le centre d’opération de la 13e demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE) se prépare, en zone de déploiement initial, ce 29 novembre. Aux côtés du 1er régiment d’infanterie (1er RI), l’unité va lancer une action offensive pour s’emparer du camp de Mailly. Tous deux participent à l’expérimentation Scorpion XI qui vise à éprouver sur le terrain la doctrine d’emploi d’un groupement tactique interarmes Scorpion (GTIA-S) et son poste de commandement (PC). Subordonnés à la 6e brigade légère blindée (6e BLB), les deux GTIA-S sont déployés sur le camp de Mailly et en terrain libre avec leurs véhicules blindés multi-rôles Griffon, dotés du système d’information du combat Scorpion (SICS).

Un troisième GTIA franco-belge est quant à lui entièrement simulé. Le colonel Pierre-Henri Aubry, chef de corps de la 13e DBLE, commente : « À travers la mission tactique qui leur a été confiée dans cette expérimentation, les GTIA-S ont pour rôle de répondre, à leur niveau, aux interrogations liées au SICS : que permet-il en termes d’anticipation, de rapidité de réaction et de décision ? Pour cela, ils testent ce qui semble réalisable ou non, et ce qui, confronté à la réalité du terrain, va s’avérer idéal ou au contraire compliqué à mettre en œuvre ». L’ensemble de ces réflexions servira à valider le manuel provisoire de la doctrine d’emploi d’un GTIA Scorpion, rédigé par la Division des études et de la prospective du combat interarmes.

Alléger les réseaux radio

Quelques kilomètres plus loin, le capitaine Louis-François, commandant d’unité à la 13e DBLE, est au cœur du dispositif. Avec sous ses ordres une centaine d’hommes et des appuis interarmes, il suit en temps réel ses sections, grâce au SICS embarqué. Il l’a d’ailleurs récemment utilisé lors de la période de restitution de la transformation Scorpion du régiment. Il confirme l’intérêt de ce système : « Je communique plus rapidement avec mes subordonnés ou mes chefs, je limite les échanges d’information à la voix en utilisant la cartographie, ce qui a pour avantage d’alléger les réseaux radio ». L’exercice permet à la fois de confirmer les acquis et d’approfondir la maîtrise du SICS. Ici, pas de notion de contrôle, mais un arbitrage pour s’assurer du réalisme des actions de combat. C’est le rôle des observateurs arbitres conseillers (OAC) du centre d’entraînement au combat-1er bataillon de chasseurs à pied (Centac-1er BCP).

Déployés auprès des unités sur le terrain, ils renforcent la manœuvre, en particulier lorsque celle-ci se déroule en terrain libre, en faisant remonter les informations liées à un événement. Instrumenté pour les besoins des rotations du Centac-1er BCP, le camp de Mailly s’appuie sur les outils de simulation reliés à Centaure qui équipent les unités et permettent de représenter les effets d’une arme sur eux, comme une blessure par balle. En terrain libre, ce n’est plus le cas, d’où l’importance de la présence des OAC. Dans la logique du partenariat franco-belge CaMo (coopération capacité motorisée), Scorpion XI fait jouer l’action d’un troisième GTIA mixte armé par des officiers français et belges, simulé grâce à l’outil Soult. L’expérimentation a permis un entraînement aux procédures communes autour d’un modèle de système d’armes qui deviendra commun aux deux armées. Une équipe technique pour vérifier les liaisons entre les systèmes français et belges, ainsi qu’une section du génie intégrée à la force adverse ont été employées, confirmant cette volonté d’interopérabilité.

Une opportunité unique

Au total, 2 500 soldats sont engagés sur cette expérimentation d’envergure pour mener un combat de haute intensité contre un ennemi à parité. Depuis son poste de commandement avant, la 3e division est à la tête de la manœuvre globale avec sous ses ordres trois brigades : la 6e BLB, présente sur le terrain, ainsi que deux autres simulées, la 11e brigade parachutiste et la 2e brigade blindée. Si Scorpion XI se concentre principalement sur le GTIA, la participation de l’ensemble de la chaîne de commandement permet de se rapprocher des conditions les plus réelles possible pour explorer la doctrine des échelons supérieurs.

« Le PC de la 3e division a saisi l’opportunité unique de s’entraîner avec tous les moyens et les types d’animation présents, dans un contexte de combat durci », explique le colonel Charles-Michel, sous-chef opérations de la 3e division. Une expérimentation comme Scorpion XI est l’occasion pour la division de se préparer à deux rendez-vous majeurs en 2023. Le premier concerne l’exercice Orion 2023, qui verra un volume plus important de troupes manœuvrer en terrain libre et viendra entériner la doctrine. Le second sera la projection, pour la première fois, d’une brigade interarmes Scorpion, celle de la 6e BLB.

Théâtre d’opérations hybrides partagées

La particularité de Scorpion XI repose sur la combinaison d’animations réelles et simulées : d’un côté une animation entièrement simulée (Computer Assisted Exercise), de l’autre une liste d’incidents et d’événements injectés au fur et à mesure (carré vert), et enfin l’exercice de terrain (Field Training Exercise). L’ensemble est appelé le théâtre d’opérations hybrides partagées (TOHP). « Scorpion XI est un ensemble de premières fois, assure le colonel Nicolas Tachon, chef de corps du commandement de l’entraînement et de contrôle des postes de commandement (CECPC-3e RA). La combinaison de ces trois domaines d’animation est un vrai challenge. Il faut éviter de faire cohabiter des événements fictifs et réels, afin de ne pas générer d’artificialité. Le joueur sur le terrain ne doit pas être confronté à la simulation. » Le CECPC-3e RA assure la cohérence entre ces trois univers.

Le CECPC-3e RA, un “prestataire” au profit des forces terrestres

Dans la continuité des trois éditions précédentes, Scorpion XI marque une nouvelle étape dans l’expérimentation de la doctrine du combat interarmes Scorpion. Il aura réussi à relever le défi technique que représente la mise en œuvre du SICS déployé à grande échelle, tout en faisant cohabiter les matériels d’ancienne et de nouvelle génération. En avril prochain, ce sera au tour de la 1re division de jouer son exercice De Lattre. Objectif atteint cette année pour la 3e division, cap désormais sur 2023. Formation interarmes, le CECPC-3e RA répond aux mandats que lui confie une autorité pour contrôler l’un de ses subordonnés. Sa mission est de participer à la préparation opérationnelle des PC, principalement des brigades et des régiments et ce, par l’élaboration d’exercices et le contrôle d’aptitude opérationnelle des PC.

Le saviez-vous ?

Scorpion XI est la 4e édition de l’expérimentation de la doctrine du combat Scorpion. En 2020, Scorpion X entérinait la doctrine d’emploi du SGTIA.

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