Des experts du rail pour le chantier Cynodex

À Biscarrosse (Landes), la 53e compagnie spécialisée de réserve (53e CSR) du 19e régiment du génie (19e RG) retient son souffle. Une grue pose la première rame d’un train au sein d’une gare entièrement réhabilitée, dans le nouvel espace d’entraînement cynotechnique du 17e groupe d’artillerie (17e GA). Après trois longues semaines de travail, les regards sont tournés vers l’engin de levage. « Le sol supportera-t-il le poids des installations ? » se demande le lieutenant Pierre, chef du détachement.

En janvier dernier, le régiment a reçu pour mission de créer la voie et le quai dans le projet d’une gare construite à partir d’un bâtiment désaffecté. Un projet d’envergure au profit du Centre de formation cynotechnique de l’armée de Terre intégré au 17e GA. Construction d’un quai de 15 mètres de long, d’une voie ferrée complète de 60 mètres et pose d’une rame de train sont au programme. Commandé par l’Union européenne, ce site accueillera à partir de mars 2023, des sociétés civiles spécialisées dans la détection d’explosifs.

Créer le quai

La construction de ces nouvelles infrastructures répond au besoin d’intensifier la sécurité dans les aéroports et dans les espaces publics, notamment ceux qui accueilleront la coupe du monde de rugby en 2023 et les jeux olympiques en 20241. Le chantier appelé Cynodex EDK9C2 a été confié aux sapeurs de la 53e CSR. L’occasion pour l’unique compagnie de réserve spécialiste en voie ferrée de mettre en œuvre ses savoir-faire.

La 53e CSR du 19e RG est composée entièrement de réservistes qui réalisent des chantiers au même titre que leurs camarades d’active. Les travaux – qui durent trois semaines – sont compatibles avec leur activité principale dans le milieu civil et témoignent d’un investissement total de ces réservistes spécialistes. Ils viennent d’horizons différents : un quart d’entre eux sont issus du milieu du bâtiment, comme le lieutenant Pierre.

10% sont d’anciens militaires d’active de l’arme du génie. Les autres sont des étudiants ou des professionnels qui élargissent leur champ de compétences. Pierre coordonne le personnel des deux sections présentes sur le chantier. Après de nombreuses vérifications topographiques, l’élaboration du plan et la commande de matériel, le chantier démarre sous ses ordres. « De 8 h à 18 h, parfois 21 h, les équipes travaillent par groupe avec chacun une tâche spécifique. C’est un travail précis qui ne peut être effectué que par des spécialistes. »

La section “appui déploiement lourd” crée le quai et la plateforme qui soutiendra la voie ferrée. Ensuite, la section “voie ferrée” pose la traverse, les rails et assemble le tout. Pour terminer, les deux sections effectuent le grutage et la pose des automoteurs SNCF puis sécurisent les rails. Ces réservistes constituent une denrée rare pour l’armée de Terre. Ils arrivent à la fois en soutien et en complément de leurs homologues d’active.

Apporter ses connaissances au monde militaire

« S’engager est un geste citoyen et une manière de mettre mes compétences civiles au service de mon pays », affirme le lieutenant Pierre. Il apporte ses connaissances et les adapte au monde militaire. Son expérience de réserviste vient en retour enrichir ses compétences dans le monde civil. « Ce qui compte à l’armée, c’est la remise en question permanente, on se forme tout le temps et sur tout. » En effet, tous ne sont pas experts à la 53e CSR mais ils arrivent avec « la volonté d’apprendre ».

Formés sur le terrain, ils soutiennent le 19e RG qui réalise ainsi un nombre plus élevé de chantiers au profit des forces terrestres. Près de 10 chantiers par an sont menés grâce à ces réservistes. La capitaine Marine qui commande la compagnie, spécialiste informatique dans le monde civil et réserviste depuis 18 ans, souligne : « Chaque mission ou stage nous sort de notre zone de confort et nous oblige à donner le meilleur de nous-mêmes. C’est ça l’armée. »