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Tout schuss pour la réserve du 2e régiment étranger de génie

Texte : CNE Eugénie LALLEMENT

Publié le : 09/02/2023 - Mis à jour le : 18/04/2023.

Une formation d’adaptation montagne initiale "hiver" a été organisée au profit des réservistes du 2e régiment étranger de génie en Savoie. Une première pour ces légionnaires qui ont appris à évoluer en sécurité et ont développé leur connaissance de ce milieu extrême. En bout de piste : le brevet de skieur militaire. Ce stage, organisé en autonomie, valorise l’emploi de réservistes. Du 8 au 19 décembre dernier, TIM les a retrouvés sur la poudreuse.

La saison d’hiver est tout juste lancée au domaine skiable de Valloire, en Savoie. Les flocons ont fait leur apparition depuis plusieurs jours. À chaque coin de rue, commerçants et habitants déblayent leurs portes à coup de pelles. Dans la neige fraîchement tombée, des sillons mènent au pied du chalet “capitaine Lissner”, situé à 1 500 mètres d’altitude. Douze silhouettes bariolées blanches et vertes sont rassemblées devant ce poste militaire de montagne (PMM) du 2e régiment étranger de génie (2e REG), ce lundi 12 décembre.

Le saviez-vous ?

Le poste militaire de montagne du capitaine Lissner, inauguré en novembre 1969, appartient au 2e REG depuis 1999, après avoir successivement appartenu à plusieurs unités, dont le 13e BCA.

Réservistes à la 5e compagnie, les soldats sont vêtus de la tenue des Troupes de montagne. Pendant dix jours, ils participent à une formation d’adaptation montagne initiale (FAMI) “hiver”, en vue d’obtenir le brevet de skieur militaire (BSM) l’an prochain. « L’objectif est de leur faire acquérir les fondamentaux techniques pour progresser en milieu haute montagne, aussi bien individuellement que collectivement », souligne le lieutenant Olivier, commandant d’unité.

Si ce stage fait partie du bagage technique du légionnaire de montagne, il s’agit d’une première en autonomie pour la compagnie qui a « atteint un degré de maturité suffisamment important pour conduire ces formations internes par elle-même », précise le colonel Emmanuel Combe, chef de corps du 2e REG. Pour des raisons de disponibilité des stagiaires, la session s’organise en deux parties, dont la seconde se terminera en 2023. « Il faut savoir faire preuve de souplesse et s’adapter au personnel pour lui faire acquérir les compétences nécessaires », ajoute-t-il.

« 50 % de chances de survie »

Le son des détecteurs de victimes d’avalanche (DVA) s’affole à mesure que les soldats contrôlent à tour de rôle, la bonne émission-réception du signal de leur appareil. Le port du DVA est obligatoire pour tous. L’activité du jour, ce mardi 13 matin : une montée en ski de randonnée ʺpeau de phoqueʺ, d’un dénivelé de 500 mètres. Le départ est lancé.

« Durant la FAMI, les réservistes apprennent à maîtriser les techniques de ski alpin sur piste et hors-piste, la construction d’igloos ou encore le combat et le tir en milieu montagneux », explique l’adjudant Alain, chef de détachement et guide de haute montagne. Ancien chasseur alpin, désormais réserviste à la 5e compagnie, son profil est un véritable atout pour le 2e REG.

Car les paysages enneigés ne doivent pas faire oublier les dangers de la montagne. « En cas d’avalanche, les chances de survie sont de 50% après deux minutes », rappelle-t-il. C’est pourquoi le programme intègre en premier lieu des instructions sur l’utilisation du DVA, ainsi que sur les pathologies rencontrées dans cet environnement : ophtalmie des neiges, hypothermie, gelures...

Pour garantir la sécurité de l’ensemble des activités militaires entre Valloire et le camp des Rochilles, l’adjudant-chef Martin, chef du PMM, vit sur place toute l’année. À l’aide d’un véhicule articulé chenillé (VAC NG), d’une motoneige et d’un quad, son équipe et lui assurent la liaison entre les deux sites et contrôlent l’accessibilité des pistes que vont emprunter les réservistes. Sans eux, aucune manœuvre n’est possible.

« Des profils très variés »

Les stagiaires poursuivent leur pratique du ski alpin et de randonnée, ainsi que les exercices de recherche de victimes d’avalanches, jusqu’au mercredi. Le niveau est bon. Certains sont d’anciens légionnaires, déjà titulaires du BSM. « Nous avons des artisans, des agents municipaux, des policiers, ou encore des chefs d’entreprise. En somme, des profils très variés », souligne le lieutenant Olivier.

Régulièrement appelés à venir renforcer le 2e REG, ils doivent posséder le même niveau professionnel que leurs camarades d’active. « Avoir accès aux mêmes formations leur permet de faire valoir leur emploi au sein de cette compagnie en plein essor et d’être formés à la hauteur des compagnies de combat. C’est très valorisant pour eux », poursuit-il.

La 5e compagnie est aujourd’hui présente sur toutes les missions du régiment sur le territoire national : Sentinelle, gardes, instructions. Son emploi ne s’arrête pas là. « Son implication pour l’encadrement des jeunes réservistes sur les formations dites “milieux” s’intensifie. Par ailleurs, elle a désormais toute sa place sur les grands exercices de la brigade, comme Cerces », assure le chef de corps. Un gage de confiance. À travers cette FAMI, l’objectif est aussi de créer du lien et de renforcer la cohésion au sein de la compagnie.

300 mètres de dénivelé

Jeudi 15 décembre, 9h. « Dernière ligne droite. Perception armement et chargement du VAC », ordonne le sous-lieutenant Mikalaï, ancien légionnaire du 2e REG et chef de section. Tous les stagiaires sont rassemblés devant le chalet, prêts à partir pour 24 heures d’autonomie au camp des Rochilles, situé à 2 500 mètres d’altitude. Sacs chargés à environ quinze kilos, arme sur l’homme et skis chaussés, la première partie du trajet se fait en ski-joëring , une technique de déplacement de ski tracté, à l’aide du VAC NG.

Au cours de l’avancée, rythmée au son du moteur, le ciel a blanchi. Les sommets sont désormais à peine perceptibles. Avec les chutes de neige des derniers jours, les risques d’avalanche sont possibles. La vigilance est de mise. La progression se poursuit sur une piste sinueuse, en ski de randonnée cette fois-ci.

Après une heure et environ 300 mètres de dénivelé, les soldats arrivent à destination. Le thermomètre affiche -15 degrés, le vent, chargé de flocons, gifle les visages enveloppés dans les nombreuses couches de protection. « Couvrez-vous, pensez à boire, enlevez les peaux de phoque et mettez-vous à l’intérieur ! ». Les hommes retrouvent la chaleur du refuge le temps du déjeuner et installent leurs affaires pour la nuit. Après cette mise au sec, l'activité suivante les attend dehors.

Un symbole de réussite

« Il faut compter deux à trois heures pour construire un bon igloo », explique l’adjudant Alain. La construction d’un abri dans la neige, fait partie des apprentissages d’une FAMI. Pour certains c’est une première, pour d’autres, un rappel. « On sonde un monticule de neige pour évaluer la profondeur. Si elle est suffisante, le chef de détachement place deux repères pour définir la longueur de la tranchée. Celle-ci est creusée à hauteur d’homme. Puis l’on vient créer plusieurs alvéoles suivant le nombre de personnes », détaille-t-il. Toute une technique.

Vendredi 15, le stage touche à sa fin. Un scénario de combat est joué, suivi d’une séance de tirs en montagne. Munis de leurs HK 416, dont le détachement est entièrement équipé, les réservistes s’exercent à faire feu sur des cibles, dans différentes positions. « En montagne, il faut prendre en compte l’altitude, le relief ou encore la réverbération du soleil sur la neige », souligne le lieutenant Olivier. À la fin de cette première période, les stagiaires ont reçu un porte-clés mémoire, symbole de leur réussite à l’ensemble des modules.

L’an prochain, à l’issue de la seconde partie, ils pourront l’échanger contre le vrai diplôme du BSM. La volonté du 2e REG de perpétuer chaque année une FAMI hiver et été, au profit de la 5e compagnie, vise à « créer un vivier de personnes compétentes, capables de répondre aux missions impromptues, hiver comme été », conclut.

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