Partager l'article

La BSPP, sentinelle des eaux

Texte : CNE Eugénie LALLEMENT

Publié le : 21/07/2024 - Mis à jour le : 22/07/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 10 minutes

Le centre d’appui et de secours La Monnaie de la BSPP assure la sécurité des citoyens et des visiteurs face aux risques que représente la Seine. Alors que le fleuve devrait être le théâtre des festivités pour l’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, l’unité, aux premières loges, se tient prête à intervenir chaque jour et davantage encore à l’approche de l’événement.

Nichée sur la Seine, au cœur de la capitale, la péniche de 400 m2 passerait presque inaperçue aux yeux des passants. Il faut descendre sur les berges, entre le Pont Neuf et le Pont des Arts pour apercevoir l’inscription ʺPompiers de Parisʺ gravée sur son flanc. Le centre d’appui et de secours de La Monnaie, composé de 27 sapeurs-pompiers, dont 8 en permanence de garde, appartient à la 40e compagnie des appuis spécialisés de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP).

« La composante nautique est très polyvalente. Elle intervient aussi bien pour des personnes noyées, pour des feux de bateaux, en plongée sous plafond ou encore en milieu pollué », expose le capitaine Pierre-Antoine, commandant d’unité de la 40e compagnie. Ce 22 avril, à 7 h 45, l’adjudant Sandy, chef de centre, se tient sur le pont devant 5 pompiers en tenue de travail pour l’appel des morts au feu. Alors que débute ce moment incontournable de la vie des casernes, on annonce à la radio la suspicion d’un corps flottant aux abords du XVIe arrondissement. La sonnerie de feu retentit, interrompant le cérémonial.

« Opération coup de poing »

Aussitôt, c’est l’effervescence sur le pont. Chacun sait ce qu’il doit faire et s’équipe en conséquence. Une première embarcation de secours et d’assistance aux victimes, amarrée à la péniche, s’élance. Sa vitesse, jusqu’à 90 kilomètres/heure, permet d’arriver au plus vite sur la zone. À bord, les spécialistes en intervention aquatique (SIA) sont formés pour intervenir dans des situations d’urgence et sauver des personnes en danger à la surface de l’eau.

Plus loin derrière, une seconde embarcation marque le pas, avec cette fois-ci, des spécialistes en intervention subaquatique (SIS). Ceux-ci opèrent sous l’eau. Experts en plongée sous-marine, ils ont pour missions la recherche et la récupération de victimes de noyade, d’objets immergés, ou encore les opérations de sauvetage dans des environnements complexes : véhicules ou embarcations immergés. À ce stade, ils ignorent ce qu’ils vont trouver.

« Un déploiement se fait toujours dans cette configuration : d’abord une opération ‟coup de poing” avec les SIA pour maximiser les chances de survie d’une victime, puis dans un second temps, si besoin, le déploiement des plongeurs », indique l’adjudant Sandy. Arrivé sur place en à peine 2 minutes pour l’élément de tête, le constat est sans appel : il s’agit bien d’un corps sans vie. « Cela arrive, mais cela ne fait heureusement pas partie de nos interventions les plus fréquentes », précise le sous-officier. L’action d’assistance et de sauvetage du centre s’arrête ici, pour laisser place à l’enquête par les autorités compétentes.

« Travailler la coordination »

Une fois l’intervention terminée, la journée reprend son cours. Le quotidien à bord de la péniche est rythmé par les séances de sport, les instructions, les services et la préparation opérationnelle. Ce jour-là, une manœuvre multi-spécialités à dominante nautique est organisée avec les équipes cynotechniques (Cyno) et le groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux (GRIMP), 2 autres composantes de la 40e compagnie.

« Ce genre d’exercice est organisé plusieurs fois par an. L’objectif est de travailler la coordination entre spécialistes », souligne le chef de centre. Le scénario du jour : 2 personnes tombées à l’eau au niveau du Pont au Change, dont une immergée et une restée en surface. Les SIA sont envoyés pour secourir cette dernière le plus rapidement possible, puis s’assurent de la présence d’une seconde victime pour engager les SIS.

La recherche s’avère plus compliquée que prévu. Aussi, pour réduire la zone et localiser au plus vite la victime, une équipe cyno est demandée en renfort. Le caporal-chef Xavier et sa chienne Jill, 10 ans, entrent en scène. Depuis l’avant du bateau, elle scrute les eaux et active son flair. L’embarcation suit les indications du binôme. Le malinois aboie pour marquer l’endroit. « Directeur de plongée de chef d’unité cyno, je vous rends compte du marquage du chien au niveau du pont, parlez », annonce à la radio le maître-chien, qui oriente les plongeurs vers le lieu supposé. 

« Conditions extrêmes »

La victime est repérée. Hissée à bord, elle est en arrêt cardio-respiratoire. Alors que les premiers soins lui sont prodigués, il faut rapidement l’évacuer vers un centre hospitalier. Les indications du médecin sont claires, elle doit rester en position allongée. Seulement, dans le scénario, l’évacuation le long des berges est impossible. En effet, ces dernières sont sous l’eau. D’où le concours du GRIMP.

Grâce à son équipement spécialisé et sa formation approfondie, il est capable d’intervenir dans des conditions extrêmes et accéder à des endroits inaccessibles comme celui-ci. À l’aide d’un dispositif sur cordes tendues, semblable à une tyrolienne, la victime est immobilisée sur un brancard hissé à plusieurs mètres au-dessus de l’eau, puis coulissé jusqu’au véhicule du GRIMP stationné sur le pont, sous les regards intrigués des passants. « Cet exercice d’envergure s’inscrit dans la préparation opérationnelle courante de la 40e compagnie. En effet, cet entraînement conjoint garantit une parfaite fluidité d’exécution et une connaissance mutuelle entre les spécialités. C’est la clé de la réussite sur intervention », explique le capitaine Pierre-Antoine. 

Avec 25 kilomètres de secteur voie de Seine couverts à l’année, sur un total de 145 kilomètres navigables, le centre de secours La Monnaie assure la protection du fleuve parisien . « En moyenne par jour, 500 bateaux, tous types confondus, naviguent sur la Seine. Un chiffre porté à 700 en été », souligne l’adjudant Sandy. Un flux qui laisse présager de l’activité continue de l’équipage. Avec le nombre de visiteurs attendus, il s’affirme comme un maillon indispensable dans la chaîne de sécurité des Jeux de cet été. Pour garantir la quiétude des athlètes et des spectateurs -notamment le jour de l’armada- et faire de ces Olympiades une célébration mémorable, la France pourra compter sur les hommes du centre La Monnaie.

Le saviez-vous ?

La BSPP héritera d’un nouveau centre de secours baptisé Deglane, créé pour les Jeux et qui sera conservé.

À lire aussi

L'école militaire de haute montagne de Chamonix accueille les jeunes candidats venus passer les tests d'admission.

24 heures avec

La 53e compagnie spécialisée de réserve, experte en voie ferrée, a achevé en avril la construction d’une gare à Biscarrosse.

À l'entraînement