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Français et Marocains s'entraînent au-dessus de l'Atlas pour l'exercice Chergui

Texte : CNE Eugénie LALLEMENT

Publié le : 12/07/2022 - Mis à jour le : 23/08/2022.

200 soldats français ont participé à l’exercice interarmes et interallié Chergui au Maroc du 1er au 25 mars. Cette douzième édition visait à développer l’interopérabilité technique et opérationnelle franco-marocaine au cours de manœuvres d’aérocombat en milieu désertique.

Le chergui souffle sur la zone vie du camp de manœuvre de Rahmat-Allah, à 20 kilomètres de la ville d’Er-Rachidia, à l’est du Maroc, ce 14 mars. La veille, les rafales atteignent 40 kilomètres/heure. C’est dans ce décor, au pied du massif de l’Atlas que se déroule l’exercice franco-marocain Chergui. 2500 soldats, dont près de deux cents Français, sont réunis pour cet entraînement durci dédié au combat aéroterrestre. Né d’un partenariat entre les forces armées royales marocaines (FAR) et l’armée de Terre, celui-ci vise à développer l'interopérabilité technique et opérationnelle entre les deux nations, dans un environnement interarmes.

Cette année, le 5e régiment d’hélicoptères de combat (5e RHC) est l’unité-pilote avec 6 aéronefs déployés : 1 Tigre, 3 Caïman et 2 Gazelle. Il est renforcé par le 2e régiment d’infanterie de marine (2e RIMa) et par le régiment d’infanterie chars de marine (RICM). Côté marocain, 2 Gazelle, 1 Chinook et 2 Puma viennent compléter le dispositif. La finalité pour les forces au sol comme dans les airs : partager les compétences et renforcer la connaissance mutuelle pour agir conjointement.

« Un gage de sécurité supplémentaire »

Dans la tour de contrôle mobile qui fait face à la zone aéronautique, seuls les comptes rendus radio des pilotes troublent le silence de la cabine. Le lieutenant François est aux premières loges du décollage et atterrissage des hélicoptères. Chef du contrôle aérien au 5e RHC à Pau, il arme la tour de contrôle pendant toute la durée de l’exercice, avec son homologue marocaine, la sergent-chef Ilham. La sécurité de l’ensemble des vols se joue dans cet espace réduit, perché à quelques mètres au-dessus du sol. « Notre mission est de réguler la circulation aérienne pendant les entraînements et de veiller au respect des procédures pour minimiser les risques. Pour cela, nous faisons la liaison radio entre les équipages, le personnel au sol et le centre opération », explique le lieutenant.

La présence d’un contrôleur opérationnel marocain permet de fluidifier les communications et de coordonner rapidement les manœuvres entre les deux nations. « Ilham connaît parfaitement les contraintes du terrain et des aéronefs marocains. Elle transmet les informations dans sa langue, sur sa propre fréquence radio, et m’informe en direct des retours. Nous échangeons sur nos méthodes de travail et la gestion du trafic aérien. C’est un gage de sécurité supplémentaire », ajoute François. Le déploiement au Maroc de cette tour de contrôle par une unité de l’Aviation légère de l’armée de Terre (Alat) est une première. Son efficacité a été prouvée une fois de plus.

Maintenir les liens

Au campement, où les zones de vie française et marocaine sont côte à côte, la grande tente qui abrite le centre des opérations concentre les allées et venues. Le commandant Mehdi, chef du détachement français et des opérations, produit les ordres de l’exercice. Il souligne la plus-value de s’entraîner sur le territoire marocain : « Chergui est l’occasion pour nos pilotes de travailler en milieu désertique et donc d’effectuer des missions de type ʺposer-poussièreʺ qui leur serviront lors de leurs futurs engagements. Ils viennent aussi s’entraîner aux vols par nuit noire, difficilement réalisables en France à cause de la pollution lumineuse ».

Au-delà de l’environnement propice aux entraînements, l’exercice Chergui offre l’opportunité pour l’armée de Terre d’échanger avec ses partenaires marocains sur des procédures différentes, aussi bien au niveau état-major que groupement tactique interarmes. « Certaines adaptations sont nécessaires au niveau opérationnel car nous n’avons pas les mêmes méthodes de travail. Nous parvenons à trouver des solutions pour atteindre un niveau d’efficacité satisfaisant », précise le commandant. Ainsi, l’entretien de ces liens tout comme la poursuite de ce travail en commun, permettra aux deux partenaires d’œuvrer ensemble sur les théâtres d’opérations.

Le saviez-vous ?

Devenu le régiment d’infanterie chars de Marine en 1958, le RICM s’appelait le régiment d’infanterie coloniale du Maroc. L’exercice Chergui était donc un retour sur la terre qui l’a vu naître.

Un entraînement qui évolue vers l’aérocombat

L’exercice Chergui est aussi l’occasion de travailler en interarmes. « La présence de l’Alat, de la cavalerie et de l’infanterie françaises, mais aussi marocaines, permet de croiser les compétences interarmes dans un milieu propice aux déplacements et aux infiltrations », souligne le lieutenant-colonel Jean-Pascal, officier de marque de la 4e BAC et co-directeur de l’exercice à l’état-major tactique franco-marocain.

Le 15 mars, le peloton de reconnaissance et d’investigation du RICM a reçu la mission d’éclairer une zone pour confirmer la position de l’ennemi. 8 véhicules blindés légers (VBL) s’élancent en colonne à travers le désert marocain, direction le champ de manœuvre de Missendal. La terre couleur ocre qui défile sous leurs roues contraste avec le ciel gris du jour.

À 9 heures, sur le réseau radio du centre opérations, le chef de section annonce être pris à partie. Les VBL ouvrent le feu sur les cibles identifiées. Les fantassins débarquent des véhicules, munis de HK 416 et de lance-grenades. Rotors tournants, les Gazelle franco-marocaines de la patrouille mixte arrivent en renfort. Le RICM peut rompre le contact et se retirer.

Le Tigre intervient alors pour traiter une menace plus lourde. S’ensuit une phase d’opérations héliportées avec les soldats du 2e RIMa. Appuyé par les forces spéciales marocaines, le détachement est débarqué des Caïman avec pour mission de neutraliser la résistance. Cette séquence réussie de tirs combinés sol et air confirme l’intérêt d’intégrer la composante terrestre française, absente lors des précédentes éditions, à cet exercice de haute intensité qui évolue progressivement vers l’aérocombat.

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