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Une équipe cynotechnique au stage de saut opérationnel à grande hauteur

Texte : ADJ Anthony THOMAS-TROPHIME - Photos : ADJ Anthony THOMAS-TROPHIME

Publié le : 19/05/2022 - Mis à jour le : 02/10/2022.

La brigade de formation spécialisée de l’École des troupes aéroportées de Pau a adapté son stage de saut opérationnel à grande hauteur pour une équipe cynotechnique du 1er régiment parachutiste d’infanterie de marine : l’adjudant Kévin et son chien R’Gun. Cette dérogation exceptionnelle répond à une urgence opérationnelle. En effet, une fois brevetée, l’équipe sera immédiatement projetée pour des opérations spéciales.

Mercredi 23 mars, 13 heures

Dans la zone d’équipement, l’adjudant Kévin, maître-chien au sein d’un groupe de chuteurs opérationnels du 1er régiment parachutiste d’infanterie de marine (1er RPIMa), prépare son matériel. Avec son chien R’Gun, un berger belge malinois de trois ans et demi, il effectuera un saut à 3 500 m d’altitude. Cette équipe cynotechnique est la première à réaliser un stage de saut opérationnel à grande hauteur (SOGH).

13 heures 45

Avec le reste du groupe, l’équipe cynotechnique assiste au “maquettage”, étape essentielle, lors de laquelle chacun répète la bonne gestuelle pour atteindre une coordination parfaite entre les chuteurs et les largueurs, au moment de la phase de sortie de l’avion. Avant de pouvoir sauter avec son fidèle compagnon, Kévin a dû suivre le stage comme n’importe quel stagiaire, en commençant par des sauts équipés avec le seul parachute, puis avec les gaines. Durant les trois semaines de formation, les stagiaires ont effectué plus de 80 sauts.

14 heures

Avant d’embarquer dans l’avion Casa CN 212, l’adjudant installe Gun dans le Para-fox, un harnais modulable et adaptable à tous les canidés. Celui-ci protège le chien contre les chocs durant le saut. Lorsque les instructeurs de la brigade de formation spécialisée estiment que Kévin a le niveau, ils le font sauter plusieurs fois avec un mannequin chien équipé du Para-fox.

14 heures 30

À bord du Casa, le duo se dirige vers la zone de largage. Malgré le vacarme des moteurs, R’Gun reste serein. Il a été familiarisé depuis tout petit aux bruits et aux environnements stressants pour un chien ordinaire. Son maître l’a acheté à son compte lorsqu’il avait seulement deux mois et demi. Habituellement les maîtres-chiens perçoivent des chiens plus âgés (un an). « L’avoir si jeune m’a permis de l’éduquer. Je l’ai préparé pour qu’ensuite l’armée me le rachète pour en faire un chien militaire », explique l’adjudant.

15 heures 10

Kévin et R’Gun basculent dans le vide depuis la tranche arrière de l’avion à plus de 3 500 mètres d’altitude au-dessus du massif pyrénéen. Babines et cheveux au vent, le binôme effectue une chute durant quelques secondes avant l’ouverture de la voile. Le parachute ARZ G9 dont le maître-chien est équipé, permet l’emport des différentes gaines en service jusqu’à un poids total de 160 kg. Sa configuration de base est la mise en œuvre par RSE (ralentisseur - stabilisateur - extracteur). Ce dernier ralentit et stabilise le chuteur dans sa phase de descente et aide à l’extraction de la voile du parachute.

15 heures 30

De nuit comme de jour, la chute opérationnelle offre une grande discrétion. L’ouverture du parachute à grande hauteur, suivie d’une infiltration sous voile permet de larguer les chuteurs à plusieurs dizaines de kilomètres d’un objectif en minimisant la menace antiaérienne sur l’aéronef. De plus, la précision du point de poser est possible grâce aux performances qu’offrent la maniabilité du parachute et des équipements de navigation tels que le GPS et les jumelles de vision nocturne. Pour préserver R’Gun d’une éventuelle blessure, Kévin atterrit en position assise.

15 heures 45

Après une infiltration sous voile d’une dizaine de minutes au milieu des montagnes, le groupe rejoint le point de poser situé aux abords du lac d’Estaing. Au cours des opérations où la discrétion est vitale, l’adjudant sait qu’il peut compter sur son chien. « Dans les airs ou sur terre, R’Gun n’aboie jamais. Le chenil est le seul endroit où je l’autorise à le faire ». À la fois sociable et équilibré, l’animal de 32 kilos adore se faire dorloter par les équipiers. « Mais dès que nous nous équipons, R’Gun comprend tout de suite que nous passons en phase de travail ».

17 heures 30

En 2015, l’adjudant Kévin a rejoint le 1er RPIMa lors de la mise en place d’une cellule cynotechnique au profit des “sticks actions spéciales”. Après quelques années passées à travailler au chenil du 1er RPIMa, il a intégré récemment le groupe de chuteurs opérationnels. Le chien et lui partiront pour la deuxième fois en Opex ensemble, mais pour la première fois comme chuteur opérationnel.

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