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Première classe Franceska

Rejoindre le RSMA, une histoire de famille

Texte : CNE Maude DEGRAEVE

Publié le : 12/09/2022 - Mis à jour le : 16/12/2022.

L’hésitation de son petit frère, les expériences de ses cousines et cousins, la fierté de ses parents… la 1re classe Francesca revient sur son engagement en tant que volontaire stagiaire puis technicien au régiment du service militaire adapté de Guyane. Le changement de vie est total pour cette jeune Amérindienne originaire d’un village frontalier avec le Suriname.

« La cellule recrutement du régiment du service militaire adapté de Guyane était venu dans mon village pour finaliser le dossier de mon petit frère. Mais la distance entre notre village et le régiment l’a fait douter. C’est donc moi qui me suis engagée ! », s’amuse la 1re classe Franceska. Devant l’hésitation inattendue de son frère, elle saisit l’opportunité. Le village insulaire d’Antécume-Pata est situé au sud-ouest de la Guyane, près de la frontière avec le Suriname. Pour s’y rendre depuis le régiment, près d’une demi-heure de voiture jusqu’à Saint-Jean du Maroni, cinquante minutes de vol à destination de Maripasoula et environ deux heures de pirogue sont nécessaires.

Franceska ne se décourage pas. Elle connaît le régiment du service militaire adapté (RSMA) de bouche-à-oreille. Les récits enthousiastes de plusieurs membres de sa famille lui donnent envie de tenter sa chance. « Mes cousines et mes cousins m’ont parlé de tout ce qu’ils ont appris grâce au régiment. J’ai tout de suite été très intéressée. »

Ce jour-là, au village, ce sont les militaires du RSMA eux-mêmes qui lui décrivent le contenu de la formation. Franceska s’inscrit en tant que volontaire stagiaire. En novembre 2020, elle rejoint le camp de Saint-Jean du Maroni où est majoritairement implanté le RSMA. Après la formation militaire initiale, débute la formation professionnelle ˝multitechnique˝.

D’une durée de dix mois, celle-ci lui permet d’acquérir des compétences dont elle pourra faire bénéficier son village : maçonnerie, menuiserie, métiers de la terre, électricité, tronçonnage ou encore plomberie. L’emploi du temps, dense et varié, contraste avec le quotidien que connaissait Franceska. Elle évoque à demi-mot une vie de village centrée autour de la préparation des repas et rythmée par quelques festivités. « Je m’ennuyais…, souffle-t-elle. J’avais envie d’évasion. Le RSMA a changé ma vie ! »

« Je suis fière du parcours accompli »

Aujourd’hui affectée à la 3e compagnie ˝métiers de la terre˝, elle est volontaire technicien. À 23 ans, elle encadre une quinzaine de jeunes qui ont sensiblement le même âge qu’elle, entre 18 et 25 ans. « Je transmets les ordres du chef de section aux volontaires stagiaires dans le but de les faire progresser. Certains sont difficiles. Cela développe mes qualités pédagogiques. »

La 1re classe aime ce lien avec la jeunesse. Originaire des communes de l’intérieur, sa présence lors des ˝missions fleuve˝ est un atout certain. Franceska effectue les premiers contacts avec la population amérindienne. « Quand je vais à la rencontre des jeunes des villages, je me sens utile. Je suis fière du parcours accompli et de donner l’opportunité à d’autres de suivre cette voie. J’en profite aussi pour voir ma famille. » Cette fierté est partagée par ses parents et sa petite sœur : « Dès qu’elle m’aperçoit, elle crie : ˝voilà la caporal ! ˝, pour me taquiner. Ça lui fait bizarre de me voir en treillis ».

« Maintenant je sais ce que je veux faire »

Avant de revêtir l’uniforme, la 1re classe a obtenu un CAP ˝assistant technique en milieux familial et collectif˝. Malgré son diplôme, sa recherche d’emploi est infructueuse. Elle songe un temps à reprendre des études. Indécise, elle réalise que le RSMA lui offre la possibilité de s’ouvrir à d’autres horizons. Elle annonce sa décision à ses parents. La douceur de sa voix cache une détermination sans faille.

« Quitter mon village n’était pas vraiment difficile car j’étais motivée. J’ai découvert des perspectives auxquelles je n’aurais pas pensé en poursuivant ma recherche d’emploi ou mes études. » Le temps passé au régiment lui permet de faire un bilan sur ses aspirations professionnelles. « Maintenant je sais ce que je veux faire : accompagnement de soins à la personne, comme la cousine de ma mère », poursuit-elle, sûre d’elle.

Son envie d’évasion toujours présente, Franceska envisage de s’envoler pour la métropole. En lien avec la cellule insertion du RSMA, la 1re classe prépare un dossier avec l’Agence de l’outre-mer pour la mobilité. « Je vais profiter de ma prochaine mission fleuve pour récupérer les documents manquants auprès de mes parents ».

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