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Julien, souvenirs d’Afghanistan

« Cette expérience m’a construit en tant que chef »

Texte : ADJ Anthony THOMAS-TROPHIME

Publié le : 18/05/2022 - Mis à jour le : 24/06/2022.

Aujourd’hui civil, Julien a passé la majeure partie de sa carrière militaire au sein d’un régiment du génie. Projeté sur de nombreux théâtres d’opérations, ses trois mandats consécutifs en Afghanistan l’ont marqué. D’abord en raison de la rudesse des combats, mais aussi parce qu’il a tissé un lien indéfectible avec ses hommes, dans les vallées de la Kapisa. Il témoigne aujourd’hui sur l’apport de cette expérience dans sa vie.

« Comme toute ma génération, la guerre en Afghanistan a marqué ma vie d’homme et de chef. J’ai passé trois mandats, soit dix-huit mois, dans les vallées de la Kapisa. Deux fois au sein des Operational Mentor and Liaison Team (OMLT), à la tête d’une section comme spécialiste génie, et une autre comme chef de détachement. Engins explosifs improvisés, embuscades… Là-bas, la confrontation était directe et la menace omniprésente. Employés pour reconnaître des itinéraires, mes sapeurs et moi étions en première ligne. Avant chaque mission, les mêmes interrogations m’animaient. Suis-je prêt à l’accomplir ? Quelles décisions devrais-je prendre pour la mener à bien tout en préservant mes hommes ? Notre adversaire avait l’avantage de connaître le terrain. Pour l’affronter, la préparation devait être sans faille. Ma responsabilité était de faire travailler mes sapeurs aussi bien sur le plan physique, technique et psychologique, pour surmonter les épreuves qui les attendaient.

« Si c’était à refaire… »

Je devais aussi me préparer, en étudiant des situations réelles jusqu’à imaginer des cas non conformes. M’inspirer aussi de ce que font les meilleurs pour tendre vers l’excellence. Et enfin me construire, en poussant mes réflexions et en développant mes valeurs. Sous le feu, je devais avant tout garder mon calme tout en étant réactif. La panique se transmet comme une traînée de poudre. La cohésion au sein du groupe était essentielle. Nos vies en dépendaient. Avec tous ces moments partagés, bons ou difficiles, mes subordonnés sont devenus des équipiers à part entière.Cette expérience m’a permis de relativiser plus facilement de nombreux obstacles dans ma vie personnelle et professionnelle.

« Nos actions ont eu du sens »

Aujourd’hui civil, je m’appuie sur cette expérience militaire pour encadrer les employés dont j’ai la charge en alliant les dimensions éthique et morale. Rester serein dans les moments de crise, être proche de mes équipes, savoir prioriser les actions, apaiser les tensions… tout cela me permet d’être efficace pour l’entreprise tout en conservant une ambiance saine au travail. Mon engagement en Afghanistan me tenait vraiment à cœur. Cette mission nous a marqués, mes camarades et moi, dans nos chairs et dans nos esprits. Après réflexion, je m’accroche à l’idée que nos actions menées là-bas ont eu du sens, qu’elles ont eu le mérite d’avoir donné à la population un peu de répit. Cette expérience m’a construit notamment en tant que chef, hier dans l’armée de Terre, aujourd’hui dans le civil. Si c’était à refaire ? Oui je le referai. »

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