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Première classe Orlane, tireur d'élite

La précision au féminin

Texte : ADJ Anthony THOMAS-TROPHIME

Publié le : 31/07/2023 - Mis à jour le : 08/07/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 8 minutes

À 20 ans, Orlane rejoint le 126e régiment d’infanterie pour devenir pilote de blindé. Son engagement prend une toute autre direction. Elle est repérée par sa hiérarchie qui lui entrouvre les portes du cercle très fermé des tireurs d’élite.

Arme calée sur l’épaule, treillis et coiffure impeccable, la première classe Orlane pose face à l’objectif sous les directives du photographe. Du haut de son mètre soixante-dix-huit, la jeune femme de 21 ans n’est pas à l’aise avec l’exercice. Pourtant elle rayonne de bonheur. Ni les courbatures ni le manque de sommeil n’altèrent sa bonne humeur.

Une heure plus tôt, elle est arrivée à bout de 40 kilomètres d’infiltration avec un sac de 40 kilos sur le dos, lors du rallye synthèse de sa formation. Elle fait partie aujourd’hui de la Section des tireurs d’élite longue distance (STELD). Au 126e régiment d’infanterie (126e RI), c’est une première. « Petite, je voulais être vétérinaire » confie–telle. Depuis, la Clermontoise a changé son fusil d’épaule. « Je ne me voyais pas passer la majorité de ma jeunesse dans de longues études. J’avais besoin d’aventures et d’être dans l’action. »

Dès sa majorité, elle s’engage dans la réserve au 92e régiment d’infanterie pour découvrir l’Institution et conforter son désir d’en faire partie. En 2022, elle signe son contrat d’engagement au 126 e RI pour devenir pilote Griffon. Dans sa famille, c’est la stupéfaction. Ses proches lui font part de leur inquiétude sur les risques encourus. « Pour les rassurer, je leur ai dit que je serai à l’abri dans un blindé. Ils ont respecté ma décision et me soutiennent dans cette nouvelle vie. »

Course à pied, crossfit®, Orlane s’est préparée en amont, consciente de l’exigence physique qu’impose le métier des armes. Son investissement a payé. Elle termine major de sa promotion à l’issue de la formation générale initiale (les classes).

Une fierté et une responsabilité

Affectée à la compagnie d’appui, la recrue est approchée par le sergent-chef Sébastien, le chef de la  STELD. Impressionné par les résultats d’Orlane, il lui propose de se présenter aux tests de sélection. « Elle fait preuve d’un très bel état d’esprit. C’est une jeune femme qui en veut ! » souligne le chef de stage.

Elle ne se sent pas prête et aurait préféré avoir plus de temps pour s’y préparer. « Pas une seconde je n’avais envisagé une telle éventualité », dit-elle. Cependant, elle saisit cette opportunité et réussit la première étape. Rien n’est encore joué. Il reste encore à passer la formation d’adaptation complémentaire qualifiante tireur d’élite longue distance.

Un stage de six semaines durant lequel elle et ses camarades sont mis à rude épreuve. Le prix à payer pour occuper ce poste hors norme. Orlane met toutes les chances de son côté en se concentrant sur la partie théorique et technique. Du côté physique, elle donne tout ce qu’elle a, malgré une blessure récurrente à la cheville. Pour le tir ? « Elle a tout compris », résume le sergent-chef Sébastien.

Lorsque le sujet de la mort est abordé, la jeune femme fait preuve de discernement : « On n’est jamais prêt pour ça, mais je n’aurai aucune hésitation, pour sauver ma vie ou celle de mes frères d’armes ». D’ailleurs, ces derniers ne se privent pas de la taquiner en la voyant se faire tirer le portrait.

Une femme tireur d’élite est rare, aussi le sujet attire-t-il l’attention des médias. Orlane n’a pas l’habitude d’être le centre d’attention mais se prête au jeu, consciente du message qu’elle envoie aux autres jeunes femmes. « Peut-être que mon expérience leur donnera confiance en elles. C’est une fierté mais aussi une responsabilité. »

Une fois de plus, le soldat de première classe finit major de sa promotion. Les ambitions d’Orlane ne s’arrêtent pas là. Elle souhaite élargir ses compétences, à commencer par celle de pilote Griffon et auxiliaire sanitaire pour sa section. Prochainement, elle sera projetée sur une mission en Pologne. De son chef à ses camarades, tous sont unanimes. « On part en opération avec elle sans problème ! »

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