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Lieutenant-colonel Emmanuel, un réserviste opérationnel

Double casquette

Texte : Benjamin TILY

Publié le : 28/07/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Le lieutenant-colonel Emmanuel est réserviste depuis plus de trente ans dans l’armée de Terre en parallèle de sa carrière civile à la Banque Postale. D’aspirant à la 52e division militaire territoriale, à son grade actuel à la 4e brigade d’aérocombat, cet Auvergnat a alterné opérations, formations et instructions en régiment comme en état-major, tout au long de son parcours. Un homme engagé et attaché à sa région.

« À chaque fois que je franchis ces portes, je retire ma casquette de facteur pour coiffer le béret militaire ». Le lieutenant-colonel Emmanuel est chef de l’état-major tactique de réserve de la 4e brigade d’aérocombat à Clermont-Ferrand lorsqu’il porte le treillis, et référent patrimonial à la Banque Postale quand il revêt son costume-cravate. Calme, souriant, il nous ouvre les portes de son bureau. Appelé du contingent, il a ici occupé son premier poste en tant qu’officier relations publiques, il y a plus de trente ans. D’un ton serein, il évoque son parcours de réserviste engagé.

Après une préparation militaire supérieure Terre pour découvrir l’armée, il a une certitude : il veut devenir réserviste à l’issue de ses études de droit. Il a 25 ans lorsqu’il intègre le bataillon d’élève-officiers de réserve à Coëtquidan. Rapidement, conscient de l’importance de posséder une vision d’ensemble en tant que chef, il passe le diplôme d’officier de réserve spécialiste d’état-major. « Cette double carrière est très enrichissante. Le côté militaire est diamétralement opposé à mon métier civil et nourrit ma volonté de servir mon pays », dit-il, les yeux étincelants.

« Qui peut le plus peut le plus »

En 1998, les régiments de réserve sont dissous. Des compagnies de réserve spécifiques sont alors intégrées aux unités. Un défi qui apparaît comme une évidence pour ce chef intrépide, celui de créer et commander la compagnie de réserve du 28e régiment de transmissions. « Au début, il a fallu monter la structure, recruter les gens. Pour cela je me suis entouré de quelques cadres de valeur », détaille-t-il. Après sa période de commandement, il se tourne vers l’état-major de force n°4 (EFM 4) à Limoges où il reste six ans. 

« Qui peut le plus peut le plus, je visais haut, explique-t-il. Là-bas, j’ai tenu la fonction d’officier de conduite synthèse, ce qui m’a permis de participer à des exercices comme “Emerald Move” au Sénégal afin de valider une force amphibie européenne dans le cadre de l’Otan. » En 2011, l’EMF 4 est dissous, mais il est inenvisageable de quitter l’armée pour cet officier de réserve. Il rejoint l’école d’état-major à Compiègne et son centre de simulation tactique qui permet d’entraîner les unités de l’armée de Terre. 

Cette nouvelle aventure lui fait découvrir le côté formation et animation. Les brigades s’y succèdent pour le plaisir de cet homme à la curiosité insatiable. Puis la 4e BAC de Clermont-Ferrand finit par se présenter. Un déclic pour le quinquagénaire : « J’ai compris que j’avais besoin de revenir dans l’opérationnel, j’ai choisi de retrouver ma région de cœur en intégrant l’état-major tactique de réserve de cette brigade ».

« Des réservistes endurcis »

Cet état-major tactique de réserve (EMT-R) a pour mission de protéger le territoire national et de renforcer la brigade d’active lors des exercices. Une aubaine pour ce militaire ambitieux. Depuis cette affectation, ses réalisations marquantes abondent. « En 2020, j’ai effectué une mission au Centre interministériel de crise Covid 19 au ministère de l’Intérieur, en tant que représentants des armées ; en 2022, au Centre de planification et de conduite des opérations comme officier de conduite pour la zone Europe avec en particulier le suivi de la guerre en Ukraine. »

Néanmoins, sa plus grande fierté reste la conception de l’exercice Vulcain 2023 qu’il évoque avec émotion : « Pour donner du sens à l’engagement des réservistes, il fallait un exercice en terrain libre sur le territoire national ». La manœuvre qu’il a conduit a rassemblé plus de 300 réservistes. Ils se sont entraînés à la protection du territoire national, dans un désert militaire, en s’appuyant sur les forces de sécurité intérieure et civile.

En plus de montrer qu’un EMT-R est capable de déployer un centre opérationnel, cette préparation a permis l’aguerrissement de la réserve de la 4e BAC : « L’armée d’active a besoin de réservistes endurcis pour effectuer ses missions. Il faut les former et les entraîner. Comme l’a souligné le chef d’état-major de l’armée de Terre, la réserve fait partie des priorités. Elle est à un tournant de son histoire, conclut le natif de Brioude. Je souhaite œuvrer, à mon niveau, pour que chacun puisse y trouver sa place. »

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