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Caporal-chef Yasmina, sportive de haut niveau

Des tatamis au treillis

Texte : CNE Eugénie LALLEMENT

Publié le : 10/05/2023.

Yasmina est une ancienne sportive de l’armée des Champions. Blessée, la taekwondoïste a choisi de raccrocher les gants pour revêtir l’uniforme. Une autre manière pour elle de poursuivre son engagement dans l’armée de Terre. Son parcours, jalonné de réussites et d’épreuves de la vie est un exemple d’abnégation. Portrait d’une combattante.

Dans son regard, une détermination brûlante, la promesse d’un mental d’acier. Pourtant, elle dégage calme et humilité. À 31 ans, Yasmina a déjà vécu une vie, celle d’une championne sportive de haut niveau. Son histoire débute à Lyon, où la jeune femme grandit dans une famille de onze enfants. Sa mère l’inscrit au taekwondo à l’âge de six ans « un peu par hasard, se rappelle-t-elle, le club était le plus proche de la maison. J’ai tout de suite adoré ». Elle s’entraîne alors sans relâche, avec une combativité qui l’anime encore aujourd’hui. « J’étais un peu garçon manqué, j’aimais la bagarre ! », sourit-elle. Elle enchaîne les petites compétitions.

À onze ans, elle gagne son premier titre de championne de France. « Cette médaille a été très importante », assure-t-elle. Le début d’une longue série. En 2007, elle est repérée par la sélectionneuse de l’équipe de France de taekwondo et intègre le Creps . À peine arrivée, une blessure au genou la contraint à sept mois d’arrêt. Elle prend le temps d’observer et de réfléchir. « J’étais dans un état d’euphorie, loin du cocon familial. Je ne réalisais pas encore dans quel univers je venais d’atterrir », souligne la sportive. Après sa rééducation, elle enchaîne coupe du monde au Gabon, partenaire d’entraînement aux Jeux olympiques de Pékin et championnat du monde au Danemark : sa carrière est lancée.

« L’armée a été mon meilleur partenaire »

Yasmina découvre l’Institution en 2009 : sa fédération propose son profil au Centre national des sports de la Défense (CNSD) . Elle rejoint les rangs du bataillon de Joinville de l’armée des Champions et signe son premier contrat en 2010 . Une étape-clé. « L’armée a été mon meilleur partenaire. Elle m’a offert une solde et un soutien incomparable pour pratiquer mon sport. Grâce à elle, j’ai pu m’entraîner à 100 %, avec sérénité », exprime-elle, reconnaissante. Dès lors et jusqu’à la fin, elle combattra pour son unité. « J’étais très fière de gagner l’or pour la première fois en 2011, aux Jeux mondiaux militaires de Rio », se souvient-t-elle.

Fin 2012, son genou est dans un état critique. Le verdict tombe : elle doit porter une prothèse et arrêter le haut niveau. Après l’opération, les onze mois d’interruption sont éprouvants. Une fois de plus, elle tire profit de cet arrêt forcé : elle passe son permis et valide ses diplômes. Pour autant, elle n’a pas dit son dernier mot. Contre l’avis du médecin, elle poursuit sa préparation. Dans sa ligne de mire : les JO de Rio 2016, « la plus haute compétition à laquelle un athlète rêve de participer ». Avec son avance au classement, tout est encore possible. Malgré une année 2015 difficile avec la perte de son père, elle se qualifie et termine demi-finaliste. Qu’importe la déception, l’expérience restera gravée.

Plus motivée que jamais

Yasmina retourne au front et enchaîne de belles performances jusqu’en 2019. Elle pense déjà à l’avenir. Aux Jeux mondiaux militaires de Wuhan fin 2019, elle échange avec le commandant François, commandant du Bataillon de Joinville au CNSD. Elle lui parle de reconversion, lui confie son envie d’arrêter le taekwondo et son intérêt grandissant pour l’armée de Terre. Le déclic arrive quelques mois plus tard, au championnat d’Europe en Italie. « Lors de la pesée , je me suis dit : cette fois, c’est mon dernier combat ». La flamme n’y est plus. Elle annonce sa décision à ses entraîneurs. Libérée, elle termine en beauté avec le titre de championne d’Europe.

L’arrêt d’une carrière d’athlète n’est pas simple. Pour Yasmina, la transition s’est faite naturellement. « Dans les meilleurs moments comme dans les plus durs, l’armée m’a toujours soutenue ». Dépassement de soi, fraternité, rigueur, discipline, des valeurs qu’elle partage et qui la motivent à poursuivre son engagement. Elle suit sa formation générale élémentaire sans prétention, en dépit de son palmarès. Son genou l’empêche de rejoindre la filière éducation physique militaire sportive. « Mes chefs m’ont proposé une place au secrétariat de la Direction technique des sports militaires du CNSD ». Un environnement qui lui plaît. Depuis juillet 2021, date de la signature de son contrat, le treillis a remplacé le survêtement. Épanouie et heureuse, elle a vécu sa première remise de galon « avec la même émotion qu’une médaille ».

Le saviez-vous ?

L’armée de Champions compte 200 sportifs de haut niveau de la Défense valides et handisports. Sous statut militaire et civil de la Défense pour les sportifs en situation de handicap, ils représentent les Armées dans les différentes compétitions sportives.

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