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Adjudant-chef Stéphane, commis greffier de 1re classe

Changer de voie

Texte : CNE Eugénie LALLEMENT

Publié le : 13/03/2023 - Mis à jour le : 08/07/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Après avoir servi au 13e régiment du génie, l’adjudant-chef Stéphane a choisi de changer de voie. Le sapeur devient commis greffier de 1re classe. Œuvrant au profit de la justice militaire, il est en poste à Paris depuis l’été 2021. Un métier passionnant pour ce militaire qu’il fait découvrir à TIM.

« Changer de voie était un choix de vie, à la fois pour ma famille et pour moi », livre l’adjudant-chef Stéphane, commis greffier de première classe à la division des affaires pénales militaires (DAPM), à Paris. Après 9 années passées au 13e régiment du génie (13e RG) à Valdahon et deux opérations extérieures marquantes, le sapeur ne regrette pas sa décision.

« J’ai découvert le métier de greffier en tombant par hasard sur une annonce. J’étais alors en pleine réflexion quant à la suite de mon parcours ». Aucun bagage juridique n’étant nécessaire pour postuler, il se lance dans l’épreuve écrite début 2017. Il réussit du premier coup. « C’était un peu la surprise. J’y allais davantage pour me tester et me préparer pour l’année d’après », reconnaît-il.

Et pourtant, il passe toutes les étapes avec succès. Rien d’étonnant pour ce soldat brillant qui a fini major de sa promotion à l’École supérieure d’application du génie à Angers. Il intègre le corps des sous-officiers ʺcommis greffiersʺ le 1er juillet 2018. Une décision respectée par ses pairs et ses chefs. « Avec ce métier, je découvre une autre facette des armées. Le droit nous entoure et nous régit au quotidien », détaille-t-il. Un changement de cap passionnant pour ce père de famille de 33 ans.

« L’expérience opérationnelle m’a aidé »

L’adjudant-chef Stéphane a officié en tribunal judiciaire un an à Paris puis deux ans à Lyon, avant de rejoindre l’administration centrale du service de la justice militaire (SJM), à l’été 2021. « Ce sont les deux affectations possibles d’un sous-officier », commente-t-il. Dans le premier cas, le greffier est le conseiller “armée” du magistrat et traite des affaires pénales militaires : de l’enregistrement des dossiers, à la prise de note des débats, jusqu’à la rédaction du jugement prononcé par le magistrat à l’audience. Il est garant de la procédure et des délais de convocation.

En état-major, il est le conseiller “justice” du commandement. Il met en forme les dénonciations, souvent en lien avec la chancellerie, rédige des avis et les propose à la signature de l’autorité. « À Paris, la section APM est également compétente pour traiter les infractions commises hors du territoire national par les militaires. Mon expérience opérationnelle m’a aidé dans la compréhension de certaines d’entre elles », souligne Stéphane. Les greffiers, le plus souvent issus des spécialités administratives, ont rarement été combattants comme lui. 
 

« Le métier des armes justifie un traitement spécifique. Un magistrat en charge des affaires pénales militaires n’est pas forcément au fait de ce qui se passe dans les armées, même si des stages existent. Mon rôle est de l’éclairer dans ce domaine », poursuit-il. Légitime défense, désertion, ou encore usage de stupéfiants dans les armées, sont autant de sujets couverts par la fonction. Ils ont un impact direct sur les missions.

Évoluer rapidement

Au-delà du critère punitif souvent associé à la fonction, le greffier tient aussi un rôle de prévention et d’information auprès du personnel de l’Institution. « La richesse qui entoure le métier me motive au quotidien. Aujourd’hui, je suis capable d’appréhender un texte, de le réviser et de le traduire en des actions concrètes », explique Stéphane. Un cursus au sein du SJM, c’est l’opportunité d’évoluer rapidement. À titre d’exemple, un sergent qui n’est pas encore dans le vivier pour passer sergent-chef dans son armée, peut passer adjudant de carrière à son arrivée.

Le saviez-vous ?

La désertion est une infraction pénale militaire, punie en temps de paix de trois ans d’emprisonnement.

« J’ai à peine porté mes galons de sergent-chef en arrivant au service », admet-il. Il encourage quiconque souhaite poursuivre une deuxième voie et servir autrement, à tenter ce “grand écart” de carrière. « Être greffier militaire est un travail prenant qui nécessite justesse et objectivité, mais aussi beaucoup d’apprentissage ». Un défi surmontable pour qui en a la volonté. Stéphane aspire désormais à devenir officier. Il repartira alors en juridiction, puis en état-major. De belles années en perspective.

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