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Adjudant Franck, expert montagne

Texte : ADJ Anthony THOMAS-TROPHIME

Publié le : 20/05/2022 - Mis à jour le : 24/09/2022.

L’adjudant Franck, expert montagne au 27e bataillon de chasseurs alpins, mène sa carrière comme il entreprend ses ascensions, avec passion et détermination. Sur les pentes enneigées ou dans les massifs désertiques, il partage ses compétences au profit de la formation des unités alpines françaises mais aussi alliées.

Depuis seize ans, l’adjudant Franck est un expert de la montagne. Il fait partie aujourd’hui du bureau sécurité montagne du 27e bataillon de chasseurs alpins (27e BCA). Moniteur de ski, d’alpinisme et d’escalade pour les unités alpines, il est aussi pour ses chefs, un conseiller technique. Pourtant sa carrière a débuté bien loin des sommets enneigés. À 18 ans, il effectue son service militaire dans la Marine nationale. Mais c’est dans l’armée de Terre qu’il s’engage ensuite. Au moment de choisir son arme d’appartenance, il opte pour les troupes de montagne. « La tenue blanche et la tarte m’ont tout de suite plu », se rappelle l’adjudant en souriant. Il intègre le 13e bataillon de chasseurs alpins comme cuisinier. Dès ses premiers stages en montagne, c’est la révélation. Le cuistot troque sa toque contre une paire de skis. « Je suis tombé amoureux de la discipline et j’en ai fait mon métier », évoque Franck. Intégrer le bureau montagne ne s’improvise pas. L’adjudant a travaillé sans relâche afin d’obtenir les qualifications nécessaires pour devenir expert. En plus d’avoir un excellent niveau physique, celui-ci doit posséder et maintenir les compétences techniques dans chaque domaine (escalade, ski et alpinisme). Pour Franck, le désir de transmettre ses connaissances est essentiel. « Il faut être un bon pédagogue pour donner envie aux plus jeunes de pratiquer et continuer dans le cursus montagne. »

En alerte 24 heures sur 24

Avalanches, crevasses, chutes de pierres, mauvaise météo, dans ce milieu, le danger est omniprésent. « Dès que l’on pose un pied en montagne, nous sommes en alerte 24 heures sur 24. » L’adjudant se souvient d’une situation critique, due à une météo changeante, au cours d’un raid avec son détachement dans le massif de la Vanoise. Alors qu’il met en place un rappel pour basculer dans une autre vallée, des rafales de vent de 110 km/h balaient et emportent sa corde. Franck se retrouve dans une situation délicate. Son détachement est dispersé. Il tresse alors les cordassons récupérés sur ses hommes afin de les faire descendre. La température ressentie frôle les -17°C. Le groupe est rassemblé mais n’est pas encore sorti d’affaire. Une fois le refuge atteint, ils découvrent que celui-ci est complètement enseveli sous la neige et commencent à creuser pour atteindre une ouverture. Ils cassent l’unique fenêtre et se mettent à l’abri. Malgré quelques gelures superficielles pour ses hommes, la réactivité et le sang froid de l’expert ont limité les dégâts. « J’ai vraiment eu peur pendant cette sortie », confie l’adjudant.

Des voies jamais explorées

Hors des frontières, il conduit aussi des formations au profit d’unités alliées, dans des milieux montagneux au climat chaud. D’abord au Liban, puis en Jordanie et enfin aux Émirats arabes unis, où il a assuré le volet sécurité de l’exercice Diahb Al Jabal à l’automne 2021. Avec ses équipiers, ils ont ainsi sécurisé les déplacements de soldats émiriens et français sur des parcours incluant des franchissements de passage, dans ces massifs arides. Cette manœuvre demande de la préparation et une importante logistique avec, au préalable, le repérage des lieux et l’installation d’équipements spécifiques, comme la mise en place de relais (ancrages) ou l’installation de rappels et de tyroliennes. Le rythme, intense, laisse peu de temps de récupération. Cela n’empêche pas l’adjudant et ses équipiers de déceler la moindre erreur de manipulation. « En plus d’assurer la formation des Émiriens, nous devons reconnaître chaque parcours où sont engagées les unités. Lors des déplacements de nuit, le manque de visibilité expose encore davantage aux accidents », souligne-t-il. Mordu de challenge sportif, il profite d’une journée de repos pour ouvrir une grande voie de 250 mètres, en terrain d’aventure, avec son compagnon de cordée. Ils ont équipé les relais et établi toute la topographie du parcours.

« S’engager dans des voies jamais explorées, cela a un côté mythique. Dans ces ascensions, les difficultés nous surprennent et nous obligent à nous réorganiser. Il faut trouver la bonne ligne pour atteindre le sommet. » Champion de France de raquette à neige en 2007, l’adjudant vise aujourd’hui un tout autre sommet : le concours des majors.

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