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Adjudant-chef Alexandre, cartographe au 28e groupe géographique

Texte : LTN Stéphanie RIGOT

Publié le : 20/05/2022 - Mis à jour le : 24/09/2022.

Cartographe au 28e groupe géographique d’Haguenau depuis 2005, l’adjudant-chef Alexandre est passionné de géographie militaire. Les missions à l’étranger, les dernières évolutions technologiques, ou encore l’importance des cartes, ce soldat revient sur son expérience.

En géographie militaire, il y a les topographes, qui collectent des données sur le terrain, et les cartographes, qui les traitent et les mettent en forme. L’adjudant-chef Alexandre, du 28e groupe géographique (28e GG) est l’un d’eux. « Lors d’une mission en Afrique, mon travail était de mettre à jour une carte répertoriant la localisation de tous les éléments caractéristiques de la ville : zones de poser des hélicoptères, bâtiments administratifs et publics, installations militaires, etc. Je devais proposer aux chefs un produit cartographique complet, facilitant l’intervention en cas d’évacuation des ressortissants. »
Issu de la spécialité d’artillerie ˝feux dans la profondeur˝, ce Clermontois de 37 ans a effectué une dizaine de missions à l’étranger. En opération extérieure, le cartographe voit du pays à travers les cartes. Leur étude offre de précieux renseignements. « Analyser la praticabilité des différents axes permet d’orienter les soldats vers les meilleurs itinéraires à emprunter », illustre Alexandre.

Fini les courbes de niveau

En seize ans de carrière, le cartographe a suivi et vécu les nombreuses évolutions de sa spécialité historiquement liée à l’artillerie. Également sous-officier tradition du régiment, l’adjudant-chef maîtrise, comme personne, l’histoire de la géographie et ses méthodes de travail d’hier à aujourd’hui. Il rappelle qu’autrefois, les coordonnées étaient calculées en observant les astres. L’aurore, couleur de la géographie militaire, fait d’ailleurs référence à ce moment de la journée le plus propice aux observations astronomiques. Si ces anciennes méthodes, comme l’usage de la carte papier ou le positionnement avec le soleil, ont tendance à être délaissées, elles continueront d’être transmises. À présent, les méthodes d’acquisition et de traitement de données se sont transformées. Fini les courbes de niveaux dessinées à la main, tout est désormais basé sur des outils numériques, la gestion de bases de données et la modélisation.

La chaîne géographique projetable

Des changements majeurs ont été opérés entre 2010 et 2020 avec l’arrivée de la chaîne géographique projetable. Cet ensemble de moyens, qui contribue à la collecte et l’analyse de données ainsi que la réalisation de produits cartographiques, a profondément changé le travail du géographe. « Les nouvelles technologies facilitent nos travaux. Mais même si nous disposons d’une imagerie satellitaire toujours plus précise, les géographes sur le terrain demeurent indispensables pour collecter de l’information comme la toponymie d’un lieu ou la nature d’un bâtiment », souligne l’adjudant-chef. Fidèle à sa fonction actuelle de sous-officier expérimentateur de systèmes d’armes au sein du bureau opérations-instruction du 28e GG, ce spécialiste évoque le binôme constitué du Rapace 3D (drone géographique de type aile volante) et du système léger topographique. Ce capteur terrestre équipé d’un laser de télédétection, d’une centrale inertielle et d’un système GPS, fixé sur un véhicule, acquiert son environnement en trois dimensions. Il peut toutefois faire face à des zones de masques (végétation, bâtiments), ce qui occasionne des ˝trous˝ dans l’acquisition de données.

Le drone capture alors les informations plus globales et manquantes de la zone. « Les produits 3D que nous livrons deviennent de véritables jumeaux numériques. Ils permettent de reproduire très fidèlement l’environnement dans lequel les soldats évoluent », précise Alexandre. Alors, dans l’hypothèse d’un engagement majeur, les géographes se préparent : « La réalisation des cartes et la modélisation 3D offre à la force la capacité de s’entraîner au plus près des réalités du terrain ». Le cartographe en est persuadé : la géographie est un élément essentiel en appui du lancement d’une opération.

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