Partager l'article

« Déterminés, pour une armée de Terre de combat »

Texte : Général de corps d’armée Bertrand TOUJOUSE

Publié le : 16/12/2022.

 Il y a un an, l’édito de Terre information magazine s’ouvrait sur ces mots : Être prêts. La rétrospective annuelle proposée dans ce numéro conforte cette certitude : l’armée de Terre ne s’est jamais départie de cette exigence ! Nous avons changé d’époque au cours des derniers mois. Il y a un avant et un après le 24 février 2022. La guerre est revenue en Europe. Cette réalité est déjà perceptible : son impact est évident sur notre économie. Nous, militaires, elle nous oblige vis-à-vis de nos concitoyens, mais aussi de nos alliés et partenaires qui se tiennent sur la ligne de front.

Dans ce contexte plus que jamais marqué par l’incertitude, le Cemat nous a confié une ambition claire : pivoter vers la haute intensité et disposer d’une armée de Terre durcie, apte à se déployer dans tous les conflits, jusqu’à un affrontement majeur, dès ce soir s’il le faut. Risquons-nous une guerre majeure, impliquant tout le pays, où notre armée serait déployée en pointe d’une ʺnation en armeʺ, telle que le conçoit l’hypothèse d’engagement majeur (la fameuse HEM) ? S’agira-t-il d’un conflit où la France ne sera pas en guerre, mais ses forces seront mobilisées au combat, en coalition, dans un conflit de haute intensité ?

Nul ne peut le prédire. Mais nous savons qui entend nous le disputer : nous avons désormais un adversaire clairement identifié. Plus dangereux que ceux que nous avons combattus ces trente dernières années, c’est un adversaire à parité, qui combine l’ensemble des effets, conventionnels ou non, pour s’opposer à nous. La menace est donc hybride, parfois directe, parfois indirecte, le plus souvent les deux en même temps. Quoi qu’il advienne, nous devrons être au rendez-vous, comme ce fut le cas cette année.

La preuve : quatre jours à peine après le début de l’invasion de l’Ukraine, les premiers éléments d’Aigle étaient déployés en Roumanie, relevés par un bataillon blindé à l’automne ! Peu de pays peuvent se vanter d’une telle réactivité. Elle est précieuse et nous devons la préserver ensemble, car les défis seront toujours nombreux en 2023.

Il n’y aura pas que l’Est de l’Europe : nous resterons présents sur les théâtres de gestion de crise, nous poursuivrons une réarticulation inédite en Afrique, nous appuierons nos alliés par un partenariat militaire opérationnel renouvelé.

L’exercice Hemex Orion fixera un nouveau seuil d’exigence et signalera à tous, partenaires comme compétiteurs ou adversaires, ce dont les forces terrestres sont capables en haute intensité : entrée en premier, engagement de l’échelon national d’urgence, puis celui d’une division complète sur fond de menaces hybrides, le tout en assurant la continuité de la protection du TN. Le cap est donc fixé pour 2023. Les ambitions sont fortes, les exigences élevées. Mais comme en 2022, nous serons au rendez-vous. Car nous sommes une armée de Terre de combat.

À lire aussi

Fabien Galthié a passé une semaine avec le XV de France en immersion chez les légionnaires.

L'armée de Terre vue par...

Aujourd’hui civil, Julien a été projeté trois fois en Afghanistan. Une expérience marquante.

Témoignages

Au régiment du service militaire adapté de Guyane, l'adjudant Mikaël dépeint une mission pleine de sens.

Portraits