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Stéphanie, épouse de militaire

Texte : Nathalie BOYER-JEANSELME

Publié le : 19/05/2022 - Mis à jour le : 24/09/2022.

Stéphanie est mariée depuis vingt ans à un officier de l’armée de Terre. Médecin, mais aussi mère de cinq enfants, elle s’est adaptée à la vie militaire tout en menant sa propre barque.

« Ni moi, ni mon mari ne sommes issus d’une famille de militaires. » Pourtant, aussi loin que se souvienne Stéphanie, son époux a toujours voulu intégrer l’armée de Terre. Jeune interne en médecine au début de son mariage, Stéphanie l’admet volontiers : « Tous mes choix professionnels ont été faits en fonction de mon conjoint ». La vie de militaire est ponctuée de départs, parfois longs -les Opex (quatre ou six mois)- mais aussi de multiples absences plus courtes, missions ou entraînements loin de la maison.

Stéphanie n’a pas sacrifié sa vie professionnelle mais il a fallu s’adapter. « Au début de ma carrière de médecin, j’effectuais des remplacements. J’ai toujours accepté les départs même si les missions de six mois sont plus difficiles car elles empiètent presque toujours sur les fêtes de Noël ou les vacances d’été. » Stéphanie a dû être autonome pour toute la gestion administrative de la maisonnée. Mais elle a pu aussi compter sur le soutien régimentaire.

« Dans les petites villes, il existe une vraie cohésion régimentaire. Entre épouses, nous savions qui était parti, qui avait besoin d’aide ; le régiment organisait sans cesse des cafés, des sorties. En travaillant, je ne pouvais participer à tout, mais le soutien moral était réconfortant. » Les retours d’Opex constituent toujours un moment délicat pour la vie familiale. « Il est difficile de reprendre le train de la vie de famille en marche, après avoir vécu en groupe, à l’autre bout du monde, des moments émotionnels, forts. » Elle souligne d’ailleurs l’importance du sas de fin de mission quel qu’ait été le vécu de l’Opex.

« J’ai pris conscience du danger »

Stéphanie admire l’engagement de son époux : « Au début, j’étais peu stressée par les risques encourus sur un théâtre d’opérations. Mais un jour, au Liban, un véhicule de l’ONU a sauté sur un IED. J’ai pris conscience du réel danger ; mon mari aurait pu être dans ce véhicule ! » Une prise de conscience que Stéphanie constate au niveau national, avec l’évolution, en vingt ans, de l’image médiatique de l’armée de Terre.

L’hommage rendu aux morts, l’existence même d’un monument pour les morts en Opex à Paris, mais aussi le soutien aux blessés, incarné chaque année lors de la Journée nationale des blessés de l'armée de Terre, constituent des signes forts. « C’est important pour les familles que les militaires soient reconnus par la Nation. » Les enfants, qui pendant de nombreuses années ont vu leur père par intermittence, réalisent en grandissant son engagement au service de la France. Ils ont été heureux de voir les attentions transmises par ses pairs lors d’un changement d’affectation.

Tout ce qui relie le monde civil au monde militaire compte. « J’ai été surprise et touchée de voir beaucoup de civils à un concert caritatif organisé par des instances militaires. » Stéphanie a quelques beaux souvenirs de l’étranger : « Alors que mon mari était en mission au Sénégal, je l’ai rejoint quelques jours. Nous avons assisté à une messe de minuit avec une crèche vivante créée par les soldats du régiment. Civils et militaires étaient mélangés. C’était un moment magique ». 

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