Patricia Mirallès, déléguée auprès du ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants
Texte : La rédaction
Publié le : 07/03/2025 - Mis à jour le : 10/03/2025.
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Patricia Mirallès a accompagné les blessés français aux Invictus Games à Vancouver et Wisthler. L'édition 2025 s'est déroulée du 8 au 16 février 2025 au Canada. Fondés en 2014 par le prince Harry, ces rencontres sportives sont destinées aux blessés de guerre de tous les pays. Cette année, 19 blessés militaires ont défendu les couleurs françaises. Témoignage.
Du 8 au 16 février se sont tenus les Invictus Games. Quel est l'apport de cet événement depuis sa création en 2014 ?
Depuis leur création, les Invictus Games ont profondément changé le regard porté sur la blessure de guerre et le parcours de reconstruction des militaires blessés. Cet événement unique permet de mettre en lumière leur force, leur courage et leur incroyable résilience.
Comme les Jeux Paralympiques de 2024 qui nous ont tous marqués, ces Jeux sont une véritable source d’inspiration. Ils rappellent au monde entier qu’au-delà des blessures, il y a la vie, l’envie d’aller de l’avant et de se reconstruire.
C’est aussi un moment de communion et de reconnaissance, où les nations mettent à l’honneur ceux qui ont sacrifié une part d’eux-mêmes pour la défense de leurs valeurs. La France est engagée dans cette dynamique, en accompagnant ses militaires blessés et en leur rendant hommage.
Pouvez-vous revenir sur la sélection et la préparation des athlètes ?
Notre délégation française est composée de 19 athlètes, issus de toutes les forces armées. La sélection ne repose pas uniquement sur la performance sportive mais respecte le code de conduite décrit par la fondation des Invictus Games : bénéfices pour la reconstruction, comportement et attitude irréprochable, excellent état d’esprit et la performance. C’est avant tout une aventure humaine et collective.
La préparation a été intense et encadrée par des professionnels, des entraîneurs et soignants qui ont accompagné les athlètes dans leur progression. Ces derniers ont bénéficié de temps dédié à leur entraînement et de stages au Centre National des Sports de la Défense (CNSD) à Fontainebleau. Un accompagnement psychologique a été également mis en place pour aider chaque athlète à se préparer.
Rencontre avec soi-même, les Invictus Games sont aussi une rencontre avec le grand public. Ce type de manifestation est-il à encourager ?
Les Invictus Games sont aussi une formidable célébration collective. L’engouement populaire autour de l’édition 2025 en témoigne. La cérémonie d’ouverture à Vancouver a rassemblé un public venu de tous horizons, bien au-delà de la communauté militaire, dans un stade plein à craquer.
Des artistes internationaux se sont mobilisés pour offrir un spectacle à la hauteur de l’événement majeur. Cet événement prolonge l’enthousiasme des Jeux Paralympiques, ce moment fédérateur où se mêlent émotion, reconnaissance et admiration.
Vous étiez aux côtés des blessés, que souhaitez-vous leur dire ? Plus largement, que souhaitez-vous dire aux militaires dont l’engagement a marqué la chair et l’esprit ?
À ces athlètes et à tous ceux qui portent les traces de leur engagement, je veux exprimer mon admiration et ma reconnaissance. Leur parcours de reconstruction est une leçon de courage et de force. Chaque victoire dans les épreuves sportives, chaque effort fourni est une démonstration éclatante de leur détermination à avancer.
Leur engagement est une source de fierté nationale. Ils continuent de servir la France avec honneur et abnégation, et la Nation a un devoir envers eux. Ce devoir, c’est de les accompagner et de les soutenir.
Le métier des armes se caractérise par sa dangerosité, pensez-vous que cela constitue un frein à rejoindre les rangs ?
Le métier des armes est exigeant, il implique des risques qui sont connus et consentis par les soldats. La blessure et la mort ne sont en effet jamais absentes de l’horizon militaire : c’est ce qui explique que le statut militaire est si singulier. C’est aussi pour cela qu’il exige la considération et la reconnaissance de la Nation toute entière. S’engager dans l’armée, ce n’est pas seulement porter les armes.
C’est aussi rejoindre une communauté soudée et accéder à un large éventail de métiers. Comme le disait le général de Gaulle, il y a « une armée de métier », mais aussi une armée faite de nombreux métiers : rien que dans l’armée de Terre, plus de 400 spécialités existent, allant de l’agent de restauration au brancardier, en passant par le géographe ou le maréchal-ferrant. C’est cette diversité de parcours et cette force collective qui font de l’engagement militaire une vocation forte.
Dans une période de tension, la cohésion nationale est-elle plus que jamais nécessaire ?
Dans un monde marqué par les crises et les tensions, la cohésion nationale est notre plus grande force. Notre résilience dépend de l’engagement de chacun et de la conviction qu’en cas de crise chacun s’impliquera à son niveau au service du collectif et de notre destin commun.
Nous fêterons cette année le centenaire du Bleuet de France : c’est une occasion unique pour consolider le sentiment d’appartenance à la communauté nationale en mettant en valeur la solidarité au profit de ceux qui ont été touchés par l’épreuve en servant le pays et des idéaux.
Symbole de cette solidarité, le Bleuet de France a permis de co-financer le déplacement des familles des athlètes français aux Invictus Games au Canada, leur offrant ainsi un soutien précieux dans cette épreuve. Le centenaire marque un nouveau souffle pour cette cause essentielle : honorer les militaires blessés ne peut se faire sans eux.
C’est pourquoi leur mobilisation autour de la collecte du Bleuet est tout aussi essentielle que celle du grand public. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons être unis autour de ceux qui nous protègent, autour de ceux qui ont payé le prix de leur engagement.