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L'escadron de chars en Indochine

Texte : CNE Antoine-Louis de PREMONVILLE

Publié le : 19/05/2022 - Mis à jour le : 27/06/2022.

Indochine, 1953. La bataille de Na San est vécue comme une grande victoire défensive française. À la suite de ce succès du général Salan, une nouvelle base aéroterrestre sort de terre dans la plaine des Jarres pour combattre l’ennemi. Afin de compenser une infériorité numérique, les chars français sont déployés, entraînant un défi logistique.

Convoyer en sécurité l’ensemble du matériel sur de mauvaises routes propices à des embuscades meurtrières exige des moyens considérables. Par conséquent, une étude sur l’acheminement par voie aérienne est réalisée. Elle aboutit aux opérations ˝Rondelle˝. Charger un char dans un avion non prévu pour cela, tel est le défi. Trop volumineux, les engins doivent être démontés, colisés et numérotés pour en faciliter le remontage. Début septembre 1953, les moyens nécessaires à la reconstruction des chars sont mis en place sur la plaine des Jarres.

Les norias de Bristol et de Dakota amènent ainsi un GMC aménagé, un half-track flèche, deux portiques de levage ainsi que tout l’outillage requis. À la mi-septembre 1953, le dispositif est prêt pour accueillir les premières caisses. Ne reste plus qu’à les acheminer. Dans l’impossibilité d’utiliser le moindre engin de levage, les manutentionnaires disposent d’un débattement de seulement 5 centimètres de chaque côté du fuselage pour charger leur fardeau. De courageux pilotes acceptent ainsi des charges que leurs machines ne peuvent emporter, sauf à réduire le carburant au strict nécessaire, ou à faire démonter des pièces ˝superflues˝ de leurs appareils.

180 colis et sous-ensembles pour chacun des chars

Les opérations de remontage se déroulent sans ˝anicroche˝, s’achevant début novembre 1953. Preuve est ainsi faite de la faisabilité de la manœuvre et que des objectifs plus ambitieux sont à portée des moyens français. L’opération sera réitérée pour constituer un escadron de chars M.24, plus modernes et mieux armés, à Diên Biên Phu. S’inspirant des retours d’expérience de Rondelle I, le service du matériel met en pièces et conditionne 180 colis et sous-ensembles pour chacun des chars.

Leur acheminement comporte deux liaisons par Bristol – une pour le châssis, une autre pour la tourelle et le moteur – et pas moins de six rotations de C-47 Dakota pour le reste des composants.Installée entre les positions Claudine et Huguette, la zone dévolue à la maintenance est intégrée dans la défense du camp retranché. La chaîne d’assemblage de fortune en arrière du tarmac, balayée par la poussière, n’a pour seul moyen de levage qu’un palan. Moins d’un mois après la première livraison, le dernier des 10 chars est remonté, tandis que les mécaniciens, à l’écoute des demandes particulières des cavaliers, procèdent à des adaptations selon leurs préférences.

Les norias de Bristol et de Dakota amènent ainsi un GMC aménagé, un half-track flèche, deux portiques de levage ainsi que tout l’outillage requis. À la mi-septembre 1953, le dispositif est prêt pour accueillir les premières caisses. Ne reste plus qu’à les acheminer. Dans l’impossibilité d’utiliser le moindre engin de levage, les manutentionnaires disposent d’un débattement de seulement 5 centimètres de chaque côté du fuselage pour charger leur fardeau. De courageux pilotes acceptent ainsi des charges que leurs machines ne peuvent emporter, sauf à réduire le carburant au strict nécessaire, ou à faire démonter des pièces ˝superflues˝ de leurs appareils.

Jusqu’au dernier jour

L’escadron de chars est employé quotidiennement, de jour comme de nuit, pour appuyer l’ensemble des assauts et contre-attaques tout en participant à la défense du camp. En raison du rôle crucial des chars et de l’impossibilité d’acheminer des engins supplémentaires d’une part et suite au retrait de la chaîne de montage d’autre part, maintenir la disponibilité d’un parc sur-sollicité constitue la priorité des maintenanciers demeurés dans la “cuvette”. Le rythme est harassant, les approvisionnements ne peuvent être livrés que par les airs car la piste est impraticable.

Cependant le détachement de maintenance parvient à maintenir une disponibilité technique opérationnelle plus qu’honorable. Malgré les pertes humaines, les dégâts subis, les destructions de matériels, les munitions et le carburant limités, l’escadron de chars de Diên Biên Phu lutte jusqu’au dernier jour. Sabotés pour ne pas tomber entre les mains de l’ennemi, les chars devenus carcasses sont toujours visibles sur ce champ de bataille. Ce musée à ciel ouvert témoigne de la résistance acharnée des cavaliers et des efforts opiniâtres de l’ensemble des hommes chargés de les soutenir.

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