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L'entretien du matériel militaire de 1670 à nos jours

Texte : CDT Romain CHORON, CDEC - Chaire de tactique générale et d’histoire militaire

Publié le : 09/02/2023 - Mis à jour le : 10/02/2023.

Depuis la création d’unités militaires permanentes en France au XVe siècle, le soldat possède une arme, un uniforme, et parfois une monture. Aujourd’hui comme hier, l’entretien de son équipement reste synonyme d’efficacité opérationnelle, sur le plan individuel comme collectif.

À partir de 1670, Louvois, le ministre du roi Louis XIV, impose le port de l’uniforme dans les unités militaires. Une tenue dont l’entretien incombe à celui qui la porte. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’équipement d’un soldat consiste principalement en une tenue et un armement. L’uniforme, comme l’arme, fait l’objet d’une attention toute particulière du commandement, dont les contrôles réguliers s’assurent du bon entretien par les subordonnés.

En 1870, lors de la déclaration de guerre de la France à la Prusse, le maréchal Edmond Leboeuf, ministre de la Guerre de l’empereur Napoléon III, prend le risque de résumer le degré de préparation de l’armée française par une phrase restée célèbre : « Nous sommes prêts et archi-prêts. La guerre dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats ». La suite des événements montre que l’entretien régulier est une condition nécessaire, mais pas suffisante, pour assurer la victoire.

Après la chute du Second Empire, la Troisième République met en place en 1880 des mouchoirs d’instruction (dix modèles) permettant à des soldats engagés, majoritairement analphabètes, de visualiser la manière d’utiliser et d’entretenir les principaux matériels en dotation : le fusil Chassepot, le revolver 1873, la carabine de cavalerie, mais aussi le paquetage vestimentaire (mouchoirs n°4 bis : instruction pour le paquetage, et n°8 : placement des effets du paquetage). Par la suite des notices d’entretien sont largement diffusées.

La création de centre d'instruction pour 18 000 recrues

Au XXe siècle, avec le début de la mécanisation et l’apparition sur le champ de bataille de nouvelles armes plus performantes, l’entretien technique devient un nouvel impératif. En effet, la « machine » et son moteur nécessitent d’être maintenus en bon état de fonctionnement, sans toutefois se substituer aux qualités du soldat. La formation à l’entretien du matériel par l’utilisateur doit être incluse dans le programme d’instruction, notamment pour les soldats appelés.

C’est ainsi qu’en 1956, l’arme blindée cavalerie décide la mise en place de 18 centres d’instruction pour les 18 000 recrues incorporées. Elles y suivent une instruction de base (selon une méthode dite méthode rationnelle pour la formation commune de base) incluant l’entretien du véhicule. Cela permet aux régiments blindés de se concentrer sur l’instruction collective et la formation opérationnelle.

Des structures spécialisées vont progressivement être mises en place, en fonction de la difficulté de l’opération d’entretien, voire de réparation. Ainsi, le mémento relatif à la Jeep 4x4 diffusé en 1950 par l’École d’application de l’arme blindée cavalerie intitulé « L’entretien est un acte du combat » porte en sous-titre : « Ce livret est à l’usage de l’équipage et des dépanneurs d’escadron leur rappelant les servitudes dues à l’entretien méthodique du véhicule ».

La maintenance se structure

Avec l’évolution technologique des matériels, l’enjeu est alors de déterminer ce qui relève de l’entretien à effectuer au niveau de l’utilisateur, et ce qui relève d’un niveau plus technique, assuré par des mécaniciens spécialisés.

À partir de 1976, après la création de l’arme du matériel, des niveaux d’intervention sont définis en fonction du degré de technicité nécessaire pour intervenir sur un matériel. Ainsi, le premier niveau technique d’intervention (NTI1) regroupe les opérations normales d’entretien relevant de l’utilisateur de l’équipement ou du système d’armes, ainsi que les interventions techniques de très courte durée mettant en œuvre des outillages légers, rustiques et projetables.

Si la modernisation des équipements militaires fait du soldat actuel un combattant polyvalent, l’entretien régulier et minutieux du matériel individuel et collectif demeure le moyen le plus efficace de préserver, en tout temps et en tous lieux, un outil de combat performant. En outre, la mise en service de matériel toujours plus sophistiqué constitue un défi permanent pour former les utilisateurs aux actes élémentaires d’entretien.

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