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Le débarquement de Provence, 15 août 1944

Texte : Commandant Romain CHORON – Chaire de tactique générale et d’histoire militaire

Publié le : 13/09/2023. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le 15 août 1944, sur 18 plages échelonnées le long des côtes provençales, entre Toulon et Cannes, les Alliés déclenchent l’opération Dragoon, appelé aussi Anvil. L’ouverture de ce second front sur le territoire français doit fixer les troupes allemandes dans cette région éloignée de la Normandie, où le débarquement du 6 juin 1944 bouscule déjà les unités ennemies.

Composé de la 7e armée américaine, commandée par le général Patch, le corps expéditionnaire allié corps intègre "l’armée Bʺ (nom donné aux unités assignées à la libération du territoire français) du général de Lattre de Tassigny. Les Français sont regroupés au sein de 5 divisions d’infanterie, 2 divisions blindées (DB), 2 groupements de Tabors (du volume de 2 régiments) et des éléments de réserve d’armée. À la fin des opérations de débarquement s’étalant sur plusieurs jours, l’effectif français atteint environ 250 000 hommes.

 

Les Alliés débarquent grâce à 600 bateaux de transport et 1 270 péniches, sous la protection de 250 navires de guerre (dont 14 français) constituant la "Naval Western Task Force" appuyée par 2 000 avions de la "Mediterranean Allied Air Force". La stratégie alliée est ainsi fixée : les troupes américaines attaqueront par la Haute-Provence en direction de l'Isère et de la vallée du Rhône. Les Français commenceront par s’emparer des ports de Toulon et de Marseille.

 

Une défense ferme

Dans la nuit du 14 au 15 août, le débarquement est précédé par le largage de la 1re division aéroportée du général Frederick dans l’arrière-pays provençal, notamment le long de la vallée de l’Argens, pour désorganiser les lignes arrières de la défense allemande. Face à eux, les Allemands disposent initialement de 8 divisions commandées par le général Wiese dont le quartier général est à Avignon. Mais à compter du 17 août, la XIXe armée allemande se replie vers le nord. Seules les divisions stationnées dans les 2 grands ports (Toulon et Marseille) se préparent à une défense ferme.

Son PC installé à Cogolin, le général de Lattre constitue deux groupements dont l’objectif est de s’emparer des deux ports. Il applique la tactique de fixer l’ennemi, le contourner puis le réduire. Le groupement commandé par le général de Monsabert regroupe des unités de la 3e division d'infanterie algérienne, les groupements de tabors marocains, le 1er combat command de la 1re DB. Le second groupement du général de Larminat est constitué au départ d’unités de la 1re division de marche d'infanterie et de la 9e division d'infanterie coloniale.

La 242e division du général Basseler renforce les unités de la Marine et de l’armée de l’Air retranchées à Toulon. Montsabert doit déborder par le Nord tout en assurant la couverture à l’Ouest en vue de participer à la prise de la ville à revers en liaison avec le second groupement. Dès le 20 août, la coordination de l’action des deux groupements et les succès initiaux permettent de mettre en place un front de 80 km menaçant à la fois les défenses de Marseille et de Toulon.

2 000 blessés et tués

L’action se divise en trois phases : l’investissement de Toulon les 20 et 21 août ; le démantèlement de positions défensives les 22 et 23 août ; la réduction des résistances isolées du 24 au 27 août. Pour la France, le bilan s’élève à 2 700 tués et blessés, dont 100 officiers. Les Allemands comptent environ 1 000 tués et 17 000 prisonniers. La 244e division du général Schaefer est surprise par l’insurrection accompagnée d’une grève générale lancée par les Forces Françaises de l’Intérieur commandées par H. Simon, ainsi que par la rapidité de la progression des unités régulières.

La conquête de la ville s’effectue en trois phases très similaires à celles de la prise de Toulon. Les combats durent du 21 au 28 août 1944. Le bilan est d’environ 2 000 tués et blessés dans chaque camp. La prise des deux ports permet aux alliés de débarquer environ 14 divisions, ainsi que 18 000 tonnes de fret quotidiennement, un tonnage supérieur à celui des ports de Normandie.

Cette capacité logistique facilite la jonction entre la 7e armée du général Patch et celle de Patton, le 11 septembre 1944, à Dijon. Le 15 septembre 1944, l’armée B, devenue la 1re armée française (à deux corps d’armée), et la 7e armée américaine forment le 6e groupe d’armées sous les ordres du général Devers, agissant sur le flanc sud des autres armées alliées en progressant en Alsace-Lorraine, puis en Allemagne, jusqu’à la victoire.

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