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L'armée se modernise pendant la Première Guerre mondiale

Texte : LTN (r) Jean TARTARE de la chaire de tactique générale et d’histoire militaire

Publié le : 19/05/2022 - Mis à jour le : 21/09/2022.

En 1914, lorsque le premier conflit mondial éclate, les armées françaises reçoivent de plein fouet l’attaque allemande. Les pertes avoisinent les 80 000 morts entre le 13 et le 30 août 1914. Peu à peu les innovations techniques modernisent l’armement, le champ de bataille se motorise avec l’apparition du char de combat en 1916.

Entrée en guerre en août 1914, l’armée française doit faire face à une modernité grandissante. Équipé d’armements modernes, l’ennemi avance inexorablement en direction de Paris. Face aux armements de pointe, les soldats français opposent leur courage sans faille. En septembre, cette bravoure évite l’encerclement et l’anéantissement des armées alliées. Tentant de manœuvrer l’adversaire, les belligérants atteignent la mer. C’est alors que la situation se fige. La puissance inédite des armes et l’impact de celles-ci sur le champ de bataille n’ont alors pour seul remède que la guerre de position.

De la Suisse à la mer du Nord, les soldats redécouvrent la technique du siège des villes (la poliorcétique). Les positions comprennent plusieurs lignes de défense, des tranchées, des sapes, des obstacles, des boyaux de communication, des nids de mitrailleuses, des observatoires, etc. Le front, ainsi constitué, stoppe toute manœuvre. Pour les états-majors, il est nécessaire de réaliser une percée, qui par son exploitation décisive doit provoquer la dislocation du front ennemi.

Premières auto-mitrailleuses

Dans cet espoir, l’armée française maintient initialement une importante cavalerie à cheval tout en se dotant des premières automitrailleuses et autocanons de série. L’infanterie et l’artillerie évoluent faisant apparaître de nouvelles compétences, notamment en matière de combat tactique (coup de main, feux roulants, liaisons radio, travaux de sapes et de mines…). Engins explosifs, grenades, piégeages, fusils de précision, plaques de blindage… Peu à peu les innovations techniques et scientifiques se multiplient. Le soldat devient alors “bleu horizon” et porte le célèbre casque Adrian.

Son armement se modernise et s’adapte : fusil-mitrailleur Chauchat, lance-grenades Vivien-Bessières, mortiers Stockes, canon de 37 mm à tir rapide, lance-flammes… La section et le groupe de combat se structurent. Les appuis ne sont pas en reste, l’artillerie se développe également. Peu à peu, des calibres impressionnants côtoient les fameux “75” dans l’ordre de bataille. L’emploi de l’artillerie lourde à tracteur et sur voie ferrée devient synonyme d’offensive. Les pièces sont alors précédées de vols de reconnaissance, eux-mêmes protégés par des escadrilles de chasse (inexistantes au début du conflit).

Apparition du char de combat

Pour y parvenir, la société française se transforme. Les usines d’armement, placées sous l’égide du ministère des fabrications de guerre, soutenues par l’état-major, innovent à la fois dans les méthodes de fabrication (chaînes de montage) tout en tendant à rationaliser et rendre interchangeables leurs productions (on passe de 12 000 à 260 000 obus fabriqués par jour entre 1914 et 1918).

De l’arrière à l’avant, une formidable machinerie de camions, de transports ferrés et maritimes se met en place. La motorisation du champ de bataille bénéficie des premières années de guerre pour se développer, alors qu’une logistique colossale est mise en place progressivement (hôpitaux, carburant, boulangeries, usines frigorifiques…).

Puissance et mobilité

L’intégration du char de combat dans le champ de bataille en 1916 puis en 1917 se heurte à de lourdes pertes (La Somme). Mais, l’avènement du Renault FT, engagé en très grand nombre à l’été 1918, appuyé par l’artillerie et l’aviation, accompagné par les fantassins et soutenu par une formidable logistique (88 000 véhicules en 1918) redonne un souffle manœuvrier aux armées françaises.

Puissance et mobilité (plus de 1 500 chars et près de 4 000 avions) permettent d’asséner des coups répétés contre l’adversaire après l’échec des offensives allemandes de juillet 1918. Adaptation et innovation dans tous les domaines, puissance industrielle, mobilité, combat interarmes, force morale, entraînement constituent les principaux facteurs de succès révélés durant la guerre.

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