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L'AMX 30, un char de bataille

Texte : CNE Jean-Baptiste PETREQUIN, chargé de mission à la Délégation pour le patrimoine de l’armée de Terre

Publié le : 12/10/2022.

Dès l’après-guerre, la majorité du corps blindé de l’Otan en Europe se compose de chars M47 Patton d’origine américaine. Pourtant l’évolution des technologies du Pacte de Varsovie et la volonté européenne de se doter d’un engin en propre conduit les gouvernements français et allemand, le 27 octobre 1956, à s’entendre sur le développement d’un char de bataille européen.

Après la décision franco-allemande de construire un char européen en 1956, le projet est lancé. Malgré un différend sur la largeur du char, le cahier des charges est émis dès juillet 1957. La même année, l’arrivée de l’Italie dans le projet bouscule la programmation et les données techniques, ce qui conduit à l’établissement des caractéristiques définitives du futur blindé en octobre 1961. En France, les prototypes sont fournis par les Ateliers d’Issy-les-Moulineaux (AMX). L'Allemagne choisit quant à elle d’une part un groupe composé de Porsche, Arnold Jung Lokomotivfabrik, Luther & Jordan et d’autre part, l’ingerieurbüro Warneke, Hanomag et Henschel.

 

Des essais comparatifs sont menés au début des années 1960 mais les Allemands se retirent du projet en juillet 1963, suite à une décision de leur commission de défense fédérale : le ʺprojet Aʺ porté par Porsche deviendra le Léopard 1. Les Français poursuivent le développement de ce qui s’appelle désormais l’AMX 30 (en référence au tonnage de l’engin).

 

L'AMX 30 sort des chaînes

La solution vient de l’adoption d’un groupe moteur propulseur Hispano-Suiza. En novembre 1965, l’AMX 30 A sort des chaînes de montage. Il est rapidement remplacé par une version modifiée destinée à être le cheval de bataille de l’arme blindée française : l’AMX 30 B, dès juin 1966. Les premiers exemplaires arrivent au 501e régiment de chars de combat en août de la même année.
 

Hormis la version A qui est à considérer comme une version de présérie, l’armée française est dotée de l’AMX 30 B, puis du B2 à partir de 1982, qui se différencie de la précédente par un télémètre laser, une conduite de tir automatisée, une motorisation plus puissante et des suspensions améliorées. Son ultime version voit l’adoption d’un blindage réactif composée de 112 briques réactives sur la version appelée Brennus. À noter aussi que la Forad (force adverse) dispose d’AMX 30 repeints et modifiés pour leur conférer un aspect plus ʺsoviétiqueʺ.

Destiné à combattre durant la Guerre froide, l'AMX 30 connaît son baptême du feu lors de la Guerre du Golfe en 1990. Cet engagement démontre la nécessité de disposer d’un engin blindé de déminage. Une conversion ad hoc de chars téléguidés sur lesquels sont montés des rouleaux de déminage d’origine est-allemande (KMT) est réalisée. L'AMX 30 EBD (engin blindé de déminage) est affecté au 6e régiment étranger de génie et l'un de ces exemplaires est aujourd’hui conservé au musée des Blindés et de la cavalerie à Saumur.

Déclinaisons à l'export

Le char de bataille de l’armée française se décline aussi à l’export avec notamment des versions destinées au Venezuela (AMX 30 V) et à l’Arabie Saoudite (AMX 30 S) pour Sahara qui est une variante tropicalisée de la version B française). La licence est vendue à l’Espagne et l’arsenal de Santa Barbara produira l’AMX 30 E en trois versions différentes. La France essaie d’améliorer son modèle existant pour l’export avec l’AMX 30 C2, l’AMX 32 puis l’AMX 40 : aucune de ces variantes ne dépassera le stade du prototype ou de la présérie.
 

Enfin, dans le but de simplifier la chaîne logistique, son châssis sert de base à d’autres engins : citons l’AMX 30 D (pour dépannage) et le Pluton1, toujours dans l’artillerie, le Roland (artillerie sol-air moyenne portée) et le 155 AU F1 (automoteur de 155 mm modèle F1). Enfin le génie dispose quant à lui de l’engin blindé du génie, l’AMX 30 DT (déminage magnétique) et la version DSPMAC disposant d’un système pyrotechnique de destruction des mines anti-char.
 

L’AMX 30, blindé né d’une volonté contrariée d’un char de bataille franco-allemand, a poursuivi une carrière opérationnelle complète au sein de l’armée de Terre. Il a servi de base pour toute une série d’engins qui restent encore aujourd’hui en service en dépit du retrait du char de bataille au profit du Leclerc.

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