Fidèles aux Jeux

Il apparaît que l’une des raisons de la défaite de la guerre de 1870 est la mauvaise préparation physique de l’ensemble des troupes françaises. Poussée par un esprit de revanche, l’armée se doit de disposer de soldats capables d’endurer des efforts prolongés. Afin de répondre à cette volonté, plusieurs courants d’éducation physique naissent comme la méthode scientifique de Georges Demenÿ, naturelle de Georges Hébert ou hygiénique de Philippe Tissier. 

En 1880, le sport est considéré en France comme un simple divertissement. S’appuyant sur le besoin de la Nation de disposer de soldats forts, un mouvement humaniste émerge pour développer cette activité. Son chef de file est le baron Pierre de Coubertin. Dans le but de prévenir le conflit latent, il impulse la création des Jeux olympiques modernes avec l’objectif majeur d’en faire un vecteur de paix universelle. Disputés à Athènes en 1896, les premiers Jeux suscitent un intérêt très modéré. Au rythme quadriennal des olympiades, ils se succèdent sans soulever d’enthousiasme particulier.
 

L’éclosion d’un riche vivier d’athlètes

 À la suite de la réussite sportive et populaire des Jeux Interalliés de 1919, les VIIe Jeux olympiques sont organisés dès 1920. Afin de profiter de cette vitrine médiatique, la France décide de les préparer sérieusement pour montrer au monde que la jeunesse du pays reste une force dissuasive. La pratique sportive qui s’est développée sur le front durant le conflit a permis l’éclosion d’un riche vivier d’athlètes.

Pour s’entraîner, ces derniers disposent du stade Pershing dans le bois de Vincennes, du vélodrome de la Cipale à Paris, de la Marne pour les épreuves nautiques et de l’École normale militaire de gymnastique de Joinville pour l’hébergement. On vient de poser les bases de l’Institut national des sports, de l’expertise et de la performance (INSEP). Aux Jeux d’Anvers, la France remporte 43 médailles dont 9 en or. 

Dans cette dynamique, de nombreuses fédérations sportives sont créées en France. Les Jeux grandissent. En 1956 à Melbourne, les résultats de nos athlètes ne correspondent pas aux attentes. Les champions, engagés dans les combats de la guerre d’Algérie, ne peuvent pas s’entraîner correctement. 

Le rayonnement de la France

Afin de répondre à ce problème, le bataillon de Joinville est créé en 1956. Mais les sportifs Joinvillais restent engagés dans les diverses zones de combat. En 1960 à Rome, puis en 1964 à Tokyo, les performances aux Jeux restent catastrophiques. Devant le tollé déclenché, le général de Gaulle réagit. Le 7 octobre 1965, il visite l’INSEP où il salue Alain Mimoun: « Monsieur Mimoun, nous avons un point commun, nous durons ». 

Dès lors, les soldats du bataillon de Joinville ne seront plus envoyés dans les zones sensibles. Leur mission sera de préparer les grandes échéances sportives mondiales. Le résultat est immédiat : aux Jeux de 1968 à Mexico, nos champions rapportent 15 médailles dont 7 en or. Avec la suspension du service national militaire obligatoire, le bataillon de Joinville disparaît en juin 2002 avant de renaître en 2014, au Centre national des sports de la défense (CNSD). 

Situé à Fontainebleau, il est un lieu de référence du sport militaire au sein duquel les sportifs et para sportifs constituent l’armée de Champions. Leurs remarquables résultats participent au rayonnement de la France et démontrent que le sport est devenu une composante essentielle dans la formation des militaires. Le monde militaire a constamment influencé les Jeux olympiques. Base de leur création, il les a pérennisés et en assure aujourd’hui le haut niveau de performance.