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En 1940, continuer le combat avec les Forces françaises libres

Texte : CDT Romain CHORON, officier historien à la Chaire de tactique générale et d’histoire militaire

Publié le : 16/12/2022 - Mis à jour le : 04/01/2023.

L’engagement militaire est un acte par lequel chaque soldat promet d’accomplir sa mission. Les militaires signent volontairement pour servir la France : en revêtant l’uniforme, ils donnent un sens à leur métier et à leur existence. Discipline, persévérance, abnégation… Ce choix professionnel est avant tout un choix de vie. Les Forces françaises libres sont l’exemple de cet état d’esprit qui anime toujours le soldat.

Au-delà des évolutions des formes de la guerre (symétriques, lors de la Seconde Guerre mondiale, asymétriques lors des guerres de décolonisation et des opérations extérieures récentes), l’engagement de femmes et d’hommes au profit de la nation donne un sens à l’emploi de la force armée défini alors comme : « La spécificité militaire, [...] demeure la clef de voûte de l’institution, et façonne, pour une large part, l’âme du soldat » (armée de Terre, L’alliance du sens et de la force, Paris, 2018). Cette spécificité « doit être vécue comme étant étroitement liée à l’honneur de servir la nation, impliquant des devoirs, des sujétions ».

L’exemple des Forces françaises libres (FFL), dont le général de Gaulle est reconnu comme le chef par les Britanniques en juin 1940, illustre le sens de cet engagement. Dès 1940, un nombre certain de Français refusent la défaite. Ils intègrent des réseaux de résistance au sein de la population civile, l’armée d’armistice (notamment avec l’Organisation de résistance de l’armée du général Delestraint), ou rejoignent les forces de la France Libre du général de Gaulle (1880-1970). Ce dernier incarne le sens qu’il veut donner à leur action : libérer la France. Un but simple en apparence, permettant de fédérer les bonnes volontés, comme celle de Leclerc (1907-1947).

Après l’armistice de juin 1940, ce dernier constitue un premier noyau de fidèles en Afrique. En août de la même année, avec le gouverneur du Tchad, Félix Éboué, ils obtiennent le ralliement de l’Afrique équatoriale française. La “colonne Leclerc” naît avec un effectif de 100 métropolitains et de 300 Africains. Grâce à un commandement de proximité dont le style sera qualifié plus tard « d’esprit Leclerc », la cohésion soude des hommes dont les opérations sont régulièrement couronnées de succès : par exemple, en mars 1941, la prise de l’oasis de Koufra (Sud libyen) grâce à une ruse, est l’occasion de maintenir la détermination de la troupe par un serment de ne déposer les armes que « lorsque les belles couleurs françaises flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ».

Le saviez-vous ?

Leclerc est un nom d’emprunt destiné à protéger la famille du général demeurée en zone occupée. Son vrai nom est Philippe de Hauteclocque.

Le devoir accompli

Ils sont commandés par des chefs au caractère bien trempé (comme le saint-cyrien Louis Dio, 1908-1994, ou le polytechnicien Jacques de Guillebon 1909-1985), qui constitueront la colonne vertébrale de la 2e division blindée lors de sa création en 1943. Les combats de haute intensité menés par les FFL nécessitent un soutien adapté. Pour cela, des volontaires arrivent des différents continents où se trouvent des Français.

Des États-Unis d’Amérique par exemple, avec Florence Conrad (1886-1966) fondatrice d’une unité d’infirmières travaillant au profit de la 2e DB à partir de septembre 1943, connues sous l’appellation “les Rochambelles”, en hommage au comte de Rochambeau, héros français de la guerre d’indépendance des États-Unis d’Amérique.D’autres viennent depuis la Nouvelle Calédonie, territoire rallié à la France libre dès septembre 1940, comme Raymonde Jore-Teyssier (1917-1977) et Raymonde Rolly (1917-1988). Après un passage par Londres, elles rejoignent en 1943 les FFL d’Afrique et occupent différents postes de soutien.

Après la libération de Paris en août 1944, puis de Strasbourg en novembre 1944, les combattants des FFL ont la satisfaction du devoir accompli, grâce à leur courage, mais aussi leurs sacrifices, décrits en termes crus par Antoine de Saint-Exupéry : « La guerre, […] c’est à certaines heures, pour le combattant, l’acceptation pure et simple de la mort ». Cet engagement correspond bien à la décision d’unir son destin à celui d’une collectivité pour une cause dont le sens dépasse l’horizon de sa propre existence : servir.

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La concertation permet de transmettre au commandement les préoccupations des terriens et de formuler des propositions.

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Ce lien privilégié et officiel, permet à la Nation d’exprimer sa reconnaissance aux militaires engagés.

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