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De Koufra à Strasbourg, promesse tenue

Texte : LCL Jean BOURCART

Publié le : 13/11/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Le 23 novembre 1944, le drapeau tricolore est hissé en haut de la flèche de la cathédrale de Strasbourg. Prononcés dès le lendemain de la libération de la capitale alsacienne, les premiers mots du général Leclerc sont ceux d’une promesse tenue : celle faite trois ans plus tôt au Tchad, à Koufra.

À l’automne 1940, 22 ans après avoir été réintégrée dans la France après la Première Guerre mondiale, l’Alsace est annexée de facto à l’Allemagne hitlérienne au mépris du droit international et de la convention de l’armistice du 22 juin 1940. Rejoignant le territoire du IIIe Reich sous la contrainte, Strasbourg inaugure alors 4 années d’une douloureuse annexion dans laquelle le gauleiter Robert Wagner, haut fonctionnaire nazi, devient l’acteur principal de la germanisation obligatoire, de l’incorporation de force dans l’armée allemande et de la répression contre tous les récalcitrants ou ʺennemisʺ du Reich.

Toutefois, à l’image de leur cathédrale, fierté d’une ville libre mais aussi symbole religieux, les Strasbourgeois attendent avec espoir le jour de leur retour dans la mère patrie. Après la campagne de 1940, Philippe de Hauteclocque, saint-cyrien et officier de cavalerie, rejoint le général de Gaulle à Londres. Ce dernier le charge de préparer le ralliement de l’Afrique équatoriale française. Hauteclocque devient alors ʺLeclercʺ et obtient que le Cameroun, le Tchad, le Congo et l’Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine) se rangent sous la bannière de la France Libre.

 Le 1er mars 1941, grâce à sa tactique audacieuse, il s’empare de l’oasis de Koufra tenue par les troupes italiennes. Le lendemain, au pied du drapeau français, il proclame devant ses troupes victorieuses le ʺserment de Koufraʺ : « Jurez de ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». 

"Les gars de Leclerc"

En août 1943, la ʺcolonne du Tchadʺ prend alors les structures de la ʺdivision Leclercʺ sur le modèle des divisions blindées américaines. Transportée en Angleterre, elle est débarquée en Normandie, le 1er août 1944. Articulée en groupements tactiques, la désormais ʺ2e DBʺ comprend environ 15 000 hommes, entraînés et disciplinés autour d’un chef charismatique. Le 24 août, ses unités de tête entrent dans Paris. Le lendemain, la libération de la capitale avec l’aide de la Résistance et l’appui des Américains est pour la 2e DB et son chef une première apothéose. 

L’objectif des ʺgars de Leclercʺ est désormais de foncer vers Strasbourg. Début septembre 1944, la 2e DB entame sa progression vers la Lorraine au sein du 15e corps d’armée américain du général Haislip. Fin octobre, elle oriente son action dans la région de Baccarat où elle se heurte aux blindés de la 21e Panzer Division. Au cours des journées suivantes, Leclerc conçoit la percée des Vosges alors même que le front se stabilise. Le 13 novembre, l’offensive alliée en direction du massif montagneux est enfin lancée.

Avec l’accord de son chef et l'assurance de trouver des résistants des Forces françaises de l’intérieur organisés, Leclerc engage tous ses moyens. Ses ʺgarsʺ prennent alors Saverne puis ouvrent la route de Strasbourg. 

Entrée des troupes françaises

Le 23 novembre au matin, 5 sous-groupements tactiques (SGT) se dirigent vers la capitale alsacienne. Un quatrième groupement tactique couvre la manœuvre face au sud. La poussée principale est faite par les SGT des lieutenants-colonels Rouvillois et Massu aux ordres du colonel Langlade et par tout le groupement tactique du colonel de Guillebon. Intense mais de courte durée, la défense allemande plie et le message annonçant la prise de Strasbourg par les Français est diffusé à 10h30 : « Tissu est dans iode ».

 Dans l’après-midi, un drapeau tricolore, cousu à la hâte par une Strasbourgeoise avec un morceau de drap blanc teint au bleu de méthylène et un morceau rouge d’emblème nazi, est confié au spahi Maurice Lebrun, du 1er RMSM, pour être hissé au sommet de la flèche de la cathédrale. Le ʺsermentʺ est tenu. 

Le 23 novembre 1944, Strasbourg retrouve sa liberté et se souvient de l’entrée des troupes françaises dans ses murs, le 22 novembre 1918. Mais la menace allemande perdure plusieurs semaines. Le 27 novembre, la 2e DB est relevée par une division d’infanterie américaine et relance son action afin de neutraliser définitivement les forces ennemies et de franchir le Rhin.

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