Cécile, blessée en Afghanistan, résiliente grâce au sport

La capacité à surmonter un choc traumatique, à rebondir et à se reconstruire est indispensable pour continuer de vivre. Le rôle du sport tient toute sa place dans ce processus. Le parcours de Cécile en témoigne. Auxiliaire sanitaire au 7e bataillon de chasseurs alpins, la jeune caporal part en opération extérieure en Afghanistan en novembre 2010. Au sein de sa nouvelle unité, elle est pilote de VAB. Le 2 février 2011, au cours d’une mission de reconnaissance, son engin saute sur une mine artisanale.

Victime de plusieurs blessures, d’une fracture de l’avant-bras droit et d’un traumatisme crânien, elle est rapatriée en France. Après six mois de rééducation, la grande blessée est mutée au camp des Garrigues près de Nîmes. Malgré un rétablissement physique partiel, elle reste psychiquement très fragile, ce qui nécessite un suivi psychologique. Elle est prise en charge par la Cellule d’aide aux blessés de l’armée de Terre (Cabat). Cécile renaît grâce à des stages d’entraînement physique et des compétitions sportives.

Compétition internationale

Une participation aux “rencontres militaires blessures et sport” à Bourges et un entraînement nautique à Bidart dans les Pyrénées- Atlantiques, lui permettent de récupérer. Ces deux stages sont réservés aux militaires blessés en Opex et sont supervisés par le Centre national des sports et de la défense (CNSD) à Fontainebleau. Motivée, elle décide de participer à deux compétitions internationales créées pour les soldats blessés qu’ils soient physiques ou psychiques : les Marine Corps Trials et les Invictus Games. Ces derniers comportent une dizaine de sports : athlétisme, natation, cyclisme, tir à l’arc, haltérophilie, basket en fauteuil, volley assis...

Ils rassemblent des vétérans d’une vingtaine de nations. L’initiative de cet événement sportif international revient au petit-fils de la reine d’Angleterre, Harry, qui a combattu en Afghanistan comme pilote d’hélicoptère. Pendant son séjour afghan, il a été particulièrement touché par la souffrance et le courage des grands blessés. Cécile remporte ainsi deux médailles d’or (100 mètres et relais natation) et une médaille de bronze (natation en individuel) aux États-Unis en mars 2014. Quelques mois plus tard, elle obtient une médaille d’argent (100 mètres) à Londres en septembre 2014.

Ascension du Kilimandjaro

Devant la réussite du parcours sportif de Cécile, la Cabat lui propose un nouveau défi de près de 6 000 mètres : l’ascension du Kilimandjaro, le plus haut sommet d’Afrique. Cinq élèves saint-cyriennes rejoignent ce projet ambitieux. Entre le 3 et le 9 avril 2016, les jeunes femmes de la promotion « chef d’escadron de Neuchèze » effectuent la montée avec Cécile, une photographe et des guides tanzaniens. Le projet est financé par des structures militaires, des dons de particuliers et d’entreprises privées.

Pour préparer l’ascension, les alpinistes en herbe réalisent des sessions d’entraînement à plus de 3 000 mètres d’altitude notamment à partir de la station d’Orelle-Val Thorens, en Savoie. Par cet exemple poignant, la Cabat a su apporter à cette grande blessée une extraordinaire plus-value pour l’accompagner dans son cheminement de rétablissement physique et surtout moral. Dans cette entreprise d’altruisme, le sport est l’ingrédient majeur qui suscite la résilience et la restauration de la confiance en soi, il permet à un individu touché par un traumatisme de sortir de la dépression et de pouvoir redonner un sens à sa vie.