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Mieux gérer le stress grâce aux neurosciences

Texte : CNE Eugénie LALLEMENT

Publié le : 10/07/2023.

La capacité d’un soldat à réagir de manière efficace et rationnelle dans des situations sous tension, influe sur la réussite d’une mission. Pourtant, le comportement humain reste imprévisible. Avec l’usage des nouvelles technologies, le militaire en opération est davantage confronté à des environnements complexes et changeants. Les neurosciences apportent, entre autres, des outils pour mieux se connaître et ainsi améliorer nos apprentissages et la gestion de nos émotions et notre aptitude à décider.

Face à des événements traumatiques, chaque soldat réagit différemment. Même préparé, il ne peut pas prévoir sa propre réaction. Les facteurs psychologiques, physiologiques et environnementaux, mais aussi l’histoire personnelle, la culture et la formation militaire, influencent la réponse au stress. Certains agissent avec sang-froid, tandis que d'autres sont submergés par l'anxiété voire paralysés. Cette variabilité rend difficile la prédiction du comportement individuel dans des scénarios réels.

Peut-on par l’entraînement, élever le niveau de résilience à la peur avant une situation de combat ? Co-organisée par le Centre de recherche de Saint-Cyr Coëtquidan (CReC) et l'Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA), une journée d'études intitulée "Neurosciences et monde militaire", s’est tenue à l'École militaire à Paris, le 31 mai. Dans la continuité des coopérations de recherche menées sur le soldat augmenté, le but de ce colloque était de faire le lien entre les découvertes actuelles et les spécificités du métier.

« Mieux se connaître et trouver des réponses »

« Le stress, la fatigue physique et mentale et la surcharge cognitive liée à la surinformation, sont un danger pour la réussite des opérations et pour le combattant lui-même », selon Gérard de Boisboissel, ingénieur de recherche au CreC Saint-Cyr. Des outils existent. L’optimisation des ressources des forces armées (ORFA, ex-TOP), basée sur la respiration, la relaxation et l’imagerie mentale, ou encore la méditation de pleine conscience et la cohérence cardiaque « permettent de mieux se connaître et de trouver des réponses personnalisées lors d'exposition à des situations complexes », soutient-il.

Ces techniques gagneraient à être intégrées davantage dans la formation pour renforcer la résilience mentale des militaires. Par ailleurs, une autre réponse, plus ancienne, reste d’actualité : le drill. Grâce à la répétition à l’entraînement, le cerveau enregistre des automatismes que l’individu parvient plus facilement à activer en cas d’évènement soudain. Plusieurs exemples mentionnés au cours du colloque ont rappelé que l’application de la procédure, conformément à celle apprise à l’entraînement, donnait de meilleures chances de réussite.

« Le corps apprend mieux lorsque les sens sont touchés »

Parmi les pistes exploratoires sur lesquelles réfléchissent l’IRBA et le CReC Saint-Cyr, celle de la formation par la simulation, pourrait faire son chemin. Excepté les simulateurs de vol de l’école de l’aviation légère de l’armée de Terre, le simulateur d’observation des feux interarmées de l’artillerie ou encore les avancées en matière de réalité virtuelle et augmentée, l’armée de Terre ne dispose que de peu d’outils permettant de plonger le soldat dans des scénarios de combat réalistes. « Un vrai axe de réponse », d’après Gérard de Boisboissel.

Sortir le militaire de sa zone de confort, à travers la simulation de situations complexes, difficiles à mettre en oeuvre sur le terrain, l’aiderait à développer des stratégies de prise de décisions rapides et fiables. Un exercice particulièrement intéressant pour les chefs. Pour plus d’efficacité, le dispositif pourrait inclure la prise en compte des sens, car « le corps apprend mieux lorsque les sens sont touchés », ajoute-t-il.

Si ces fonctionnalités n’ont pas encore été développées, les neurosciences apportent déjà certaines solutions. Exemple : l’entraînement par inoculation de stress, une procédure cognitive-comportementale, conçue pour générer de façon contrôlée des habiletés d’adaptation face à cet état mental. Une technique déjà utilisée dans le traitement des syndromes post-traumatiques.

Le saviez-vous ?

Les neurosciences consistent à comprendre et à expliquer le fonctionnement du cerveau humain.

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