Partager l'article

Le recueil de témoignage d’un ancien combattant

Texte : Benjamin TILY

Publié le : 13/11/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Plus de 4 000 enregistrements de militaires et anciens combattants des armées sont conservés au Service historique de la Défense. Ces témoignages, dont certains remontent à la Grande Guerre, sont précieux. Terremag s'est rendu au domicile du major Pierre Flamen, qui a participé à la guerre d’Indochine. Il s’apprête à livrer ses souvenirs.

Au treizième étage d’un immeuble de la banlieue parisienne, Pierre Flamen, ancien combattant d'Indochine de 95 ans, m’accueille pour un entretien particulier. À peine ai-je franchi le seuil de sa porte que des statuettes et de la vaisselle de style oriental me sautent aux yeux et me font faire un bond de quelques décennies en arrière. Je me suis rendu à son domicile pour participer à un entretien de la division des témoignages oraux (DTO). 

Composée de quatre personnes, elle est spécialisée dans la préparation, la conduite et le traitement des récits militaires. La division, qui fête cette année ses cinquante ans, fait partie du Service historique de la Défense (SHD) à Vincennes, dédié à la conservation des archives du ministère des Armées. J’accompagne le capitaine Jessica, qui a déjà conduit des dizaines d’entretiens.

Elle s’installe à la table du salon, équipe le major Flamen d’un micro, tandis que le technicien audiovisuel de la division ajuste sa caméra. Au bout de la table, l’ancien parachutiste positionne un plan de la ville de Diên Biên Phu. Tout est prêt pour se plonger dans son histoire. La caméra est en marche.

« D’une voix apaisée »

« Témoignage oral du major Pierre Flamen », introduit le capitaine. Je pose mes premières questions et le major y répond d’une voix apaisée. La fluidité et l'enchaînement des thèmes sont facilités par l’outil de travail principal de la capitaine Jessica : sa grille d’enquête. « Nous récupérons les états de service de chaque participant, et nous veillons à établir une grille de questions personnalisée », souligne-t-elle. Pierre 

Flamen nous apporte un classeur de souvenirs. Il nous montre une photocopie d’un portrait de Hô Chi Minh trouvé en Indochine et des cartes de ses sauts en parachute. Deux heures plus tard, le capitaine met fin à l’enregistrement. Après quelques échanges informels, le vétéran nous raccompagne jusqu'à l'ascenseur. « Bon vent », nous dit-il, tout en effectuant le salut militaire d’un geste solennel. 

En descendant, le capitaine Jessica m’explique que chacun, quel que soit le grade, l’âge ou le parcours, peut solliciter la DTO. « Malgré la subjectivité des propos, raconter l’histoire à la première personne est un gage d’âme supplémentaire », conclut-elle.

À lire aussi

La concertation permet de transmettre au commandement les préoccupations des terriens et de formuler des propositions.

Zoom sur

Le service national, instauré en 1798, a connu une succession d’évolutions jusqu'à sa suspension en 1996.

Histoire