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La campagne des campos des Hielo

Texte : Clémentine HOTTEKIET-BEAUCOURT

Publié le : 19/02/2024 - Mis à jour le : 06/03/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 6 minutes

Cinq experts du Groupe militaire de haute montagne ont pris d’assaut ʺles campos des Hieloʺ. Un monstre de glace étalé sur 600 km. Il a fallu 45 jours aux militaires pour traverser deux grandes calottes glacières, séparant le Chili de la Patagonie.

Glacier du Hielo Sur, au sud du Chili, octobre 2022. Le vent se lève, entraînant dans son souffle les voiles de kitesurf de 5 soldats qui glissent dans l’immensité blanche de la plus grande calotte glacière continentale. Le brouillard de la montagne réduit le champ de vision à une trentaine de mètres seulement. 

Concentrés, tous doivent évaluer au mètre près la distance qui les sépare de l’équipier devant eux, tout en s’assurant que le suivant soit dans la trajectoire. Dans ce blizzard, à 90 km/heure, un seul écart serait fatal. Pour le Groupe militaire de haute montagne (GMHM), la coordination est impérative.

 « Nous nous sommes entraînés plus de deux ans pour être en phase le moment venu. Jamais nous n’étions partis ensemble sur un projet si difficile. » raconte le capitaine Didier, chef d’équipe. Soulagés par le kite, chacun tire deux pulkas (traîneaux) de 100 kg contenant le matériel et la nourriture.

Pour gravir les sommets, des aller-retours à pied sont nécessaires : chaque trajet est réalisé 7 fois afin de transporter tous les effets. 45 jours après le début de l’aventure, ils rallient enfin le glacier Grey. Une expédition menée en kitesurf, crampons, skis, et pour la première fois en kayak« Une nouvelle compétence développée en participant à des stages pour comprendre les courants marins. »

« Une prudence audacieuse »

Malgré la préparation, le risque zéro n’existe pas : séracs, avalanches, crevasses, etc. « La chance fait partie de l’équation. » Tous se souviennent de la descente en rappel de 500 m du Bastion, le point le plus dangereux de la traversée, exécutée dans un brouillard raidissant et fragilisant les cordes. « Aucun sommet ne vaut la vie d’un homme. Pourtant parfois pour réussir, il faut accepter de s’engager. Au Groupe, on parle de prudence audacieuse. Réduire le risque au maximum, en mettant en œuvre tous les moyens dont nous disposons pour aller indemne au bout de la mission », expose le lieutenant-colonel Jacques-Olivier, chef du GMHM.

Avec la fonte des glaces, de nouveaux défis géopolitiques autour des pôles Arctique et Antarctique émergent. « L’armée de Terre française est l’une des seules armées européennes à disposer d’une brigade autonome en montagne. Les zones montagneuses représentent plus d’un tiers de la planète. Les maîtriser, c’est s’y assurer une souveraineté opérationnelle. Il en est de même pour les zones polaires. »

Le saviez-vous ?

Le GMHM est la seule unité de l’armée à pratiquer le paralpinisme, le saut depuis une falaise, équipé de voiles de parachute pour descendre d’une montagne après l’avoir gravie.

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