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Quand les robots s’invitent sous terre

Texte : Benjamin TILY

Publié le : 03/06/2024 - Mis à jour le : 07/07/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Au CENZUB-94e RI, la section exploration robotique expérimente sur le plan tactique, les drones et les robots que l’armée de Terre envisage d’acquérir. Pour illustrer leur apport dans le combat souterrain, elle s’appuie sur le complexe d’entraînement au combat en espace clos, livré en 2021.

Deux petits halos lumineux semblables à des yeux, éclairent les tunnels sombres du complexe d’entraînement au combat en espace clos (Cecec) et s’engouffrent silencieusement pour scanner les lieux. Ils proviennent d’un robot SRMO, contrôlé à distance par un téléopérateur de la section exploratoire robotique (SER), au cours d’un entraînement au centre d’entraînement aux actions en zone urbaine - 94e régiment d’infanterie (CENZUB-94e RI), à Sissonne.

La SER (encadré) fournit des retours d’expérience tactique sur l’utilisation des drones et des robots qui lui sont confiés, permettant ainsi d’améliorer l’emploi et les performances des générations futures de ces matériels. Déployés aux abords et à l’intérieur du complexe constitué de 400 mètres de tunnels enterrés sur deux niveaux, les engins sont testés sur leur apport dans le combat souterrain.

« Analyser les dangers potentiels »

Dans le scénario du jour, une menace pèse sur le bunker de deux étages. Le lieutenant Mamadou, chef de la SER, envoie un drone Parrot Anafi USA reconnaître la zone. « Ennemi détecté ! ». Aussitôt, un robot armé d’une mitrailleuse 12,7 mm s’engage pour couvrir la section. À l’intérieur, les repères spatio-temporels s’estompent, les soldats déploient le SMRO avant de rejoindre l’obscurité. « Tel un rouleau compresseur, le robot entre en premier, analyse les dangers potentiels et fournit les informations nécessaires à notre progression », décrit le lieutenant Mamadou.

Pour le commandant Alexis, responsable des rotations Azur (exercice de combat en zone urbaine) : « Les villes sont en expansion et abriteront presque 70 % de la population mondiale d’ici à 2050. Des infrastructures souterraines existent dans toute zone urbaine développée, qu’il s’agisse de parkings, de stations de métro ou encore de caves. La création d’un complexe enfoui, étroit et sombre à Sissonne, répond à l’objectif du centre de simuler la diversité des environnements urbains rencontrés en opération et d’intégrer de nouveaux scénarios à nos entraînements ». 

Les retours d’expérience permettent au centre de participer à la rédaction d’une doctrine du “combat souterrain” en collaboration avec les Écoles du génie et de l’infanterie : déploiement des communications et de l’électricité, évacuation des blessés ou encore collecte de renseignements, y sont abordés.

 

Le saviez-vous ?

Le centre d'entraînement aux actions en zone urbaine - 94e régiment d'infanterie a fêté son 20e anniversaire en mai 2024.

« Les bénéfices sont nombreux »

De la même manière que les drones sont utilisés pour la reconnaissance dans le combat de tranchées, les robots sont tout indiqués pour effectuer des missions de reconnaissance en combat souterrain. La SER explore leur potentiel pour les armées et participe aussi aux rotations d’entraînement effectuées au CENZUB-94e RI, que ce soit en apportant un soutien ou en simulant des actions ennemies. Elle joue un rôle à la fois technique et tactique. Pour piloter les engins, des opérateurs sont spécialement formés, car la prise de décision finale par l’humain est capitale. Bien que les robots d’attaque de Star Wars ne soient pas d’actualité, certains sont équipés de systèmes de tir manuel ou peuvent décharger les soldats de leurs équipements, grâce à la force mécanique.

 « Les bénéfices sont nombreux. Selon le contexte, nous pouvons utiliser la robotique pour soulager les combattants, éviter de les mettre en péril ou les aider à développer de nouvelles compétences », détaille le chef de la SER. Nous entrevoyons un champ des possibles important et intéressant pour l’armée de Terre, d’où l’importance de ces expérimentations conduites par la SER. » Ces machines ont l’avantage de ne pas être affectées par la claustrophobie, ou les risques nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC). La limite de leur utilisation réside finalement dans celle fixée par l’imagination.

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