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Mission Lynx : une présence renforcée

Texte : SLT Romain GUESNON

Publié le : 15/06/2022 - Mis à jour le : 21/09/2022.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les armées françaises ont renforcé leur présence sur le flanc est de l’Europe. Deux cent cinquante soldats français du 7e bataillon de chasseurs alpins ont été engagés en urgence dans la mission Lynx aux côtés de leurs alliés, en Estonie. Ils renforcent les éléments blindés des Danois et des Britanniques.

Estonie, base de Tapa. Le 17 mars dernier, deux cents militaires du 7e bataillon de chasseurs alpins (7e BCA) de Varces sont engagés en urgence dans la mission Lynx : ils renforcent le dispositif terrestre au sein de l’enhanced Forward Presence (eFP). « Nous sommes aux côtés de nos alliés », a déclaré le chef d’état-major des armées, le général d’armée Thierry Burkhart, lors de son déplacement à Tapa le 5 mai dernier.

Cette mission intervient alors même que le mandat français à l’eFP devait prendre fin au mois de mars : le groupement en place à l’époque devait être relevé par des Danois. Les soldats ont dû partir au quart de tour : ce déplacement a été déclenché sur très court préavis. La désignation du bataillon ne s’est pas faite au hasard : cette unité légère d’infanterie, capable de tenir des positions dans des conditions climatiques extrêmes, complète les moyens lourds danois et britanniques.

« Plus forts ensemble »

Le terrain en Estonie est exigeant. Vastes plaines, grandes forêts et zones marécageuses… En cette fin de mars, la neige est bien présente et les températures peuvent descendre jusqu’à moins 15 degrés la nuit. L’humidité et le vent se font ressentir. Tenir sur le terrain exige une grande rusticité. Dans ces conditions, la mobilité du matériel blindé atteint vite ses limites et l’infanterie légère y trouve toute son utilité. Elle peut évoluer à pied dans des zones difficiles.

« Là où les chars ne peuvent pas passer, les troupes de montagne sont opérationnelles, déclare le colonel Éric, commandant l’élément français en Estonie. Nous sommes plus forts ensemble : les contraintes d’une composante sont atténuées par l’apport d’une autre, c’est la force de l’interallié ! » Les forces françaises complètent les composantes des unités britanniques et danoises de la présence avancée renforcée. Pour consolider les procédures tactiques interalliées, les soldats français s’intègrent à la programmation opérationnelle du battlegroup britannique.

Un entraînement adapté

Les alliés participent à l’ensemble des manœuvres de l’eFP comme l’exercice Bold Dragon conduit en avril dernier au Central Training Area. À partir d’un scénario réaliste et de haute intensité, les chasseurs alpins ont été engagés dans toutes les phases offensives, comme défensives aux côtés des Estoniens, des Danois et des Britanniques. Le capitaine Guillaume, commandant le sous-groupement, explique : « Lors de ces manœuvres, nous apprenons à communiquer, à travailler et à nous déplacer ensemble pour comprendre les partenaires avec qui nous travaillons. »

La mission Lynx permet aux chasseurs alpins d’entretenir leurs savoir-faire de combattants d’infanterie grâce aux divers exercices interalliés et aux manœuvres de tir qui ont lieu sur le territoire estonien. Les soldats français bénéficient des infrastructures de l’armée estonienne pour s’entraîner au tir à l’arme légère collective et au tir de missiles. Des missiles Eryx et MMP sont tirés par les chasseurs alpins sur les champs de tir estoniens. Les fantassins s’entraînent également au combat en zone urbaine et au combat en milieu clos. La présence française en Estonie permet à la fois de renforcer le dispositif militaire de l’Otan et d’assurer une préparation opérationnelle durcie et réaliste des chasseurs alpins.

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