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Lutte anti-drones : au gré des évolutions

Texte : ADC Anthony THOMAS-TROPHIME

Publié le : 23/06/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 7 minutes

Spécialisé dans la lutte antiaérienne toutes armes, le 17e groupement d’artillerie a élargi son champ d’action et forme désormais les unités des forces terrestres à la lutte anti-drones. Pour éviter de détruire des capacités trop onéreuses, il fabrique ses propres drones cibles, régénérables en impression 3D et super low cost.

14 février. 8 h 15. Les premières lueurs du jour réchauffent les militaires sur le pas de tir de Naouas du 17e groupement d’artillerie (17e GA) de Biscarrosse. Parmi eux, les participants du stage de lutte anti-drones (LAD) scrutent le ciel à l’affût du moindre mouvement. À une cinquantaine de mètres de leur position, un nano-drone se rapproche. Inaudible dans le ressac des vagues, son déplacement rapide trahit sa présence face aux guetteurs aériens aguerris.

« Défilement vers la gauche ! », annonce l’un d’eux. Équipé du fusil brouilleur Nerod F5, il ajuste sa visée, enlève la sûreté et d’une simple pression sur la détente immobilise le quadricoptère. « Je l’ai ! » À ses côtés, l’adjudant-chef Olivier, en liaison avec le pilote, lui confirme la perte de signal infligée.

Depuis 2017, en plus des formations habituelles de lutte anti-aérienne toutes armes (Latta), le centre dispense 2 formations consacrées à la LAD. La première est dédiée aux combattants débarqués qui utilisent le fusil brouilleur Nerod. Les autres concernent les batteries sol-air équipées du système de défense d’emprise anti-drones Milad et du VAB Arlad (Adaptation réactive pour la lutte anti-drones).

Une cible réparable à bas coût

Le lendemain matin sur Naouas, des stagiaires de la formation de Latta se préparent pour une séance de tirs au canon de 20 mm. À leurs côtés, un véhicule de l’avant blindé Arlad, ouvre déjà le feu sur sa cible. Développé par la Section technique de l’armée de Terre (STAT) en 2021, ce système d’armes détecte, identifie et classifie les menaces sur 360° avec son radar monté sur un mât télescopique : véhicules, individus, menaces.

L’adjudant Kévin, instructeur LAD, reprend ensuite le pointage de l’arme à l’aide du joystick et poursuit la cible avant d’ouvrir le feu. « Pour plus de précision face à des drones de petites dimensions, l’Arlad sera aussi équipé d’un lance-grenades avec des munitions Airburst qui explosent à proximité de leur cible », précise-t-il. En 2021, l’adjudant Kévin était dans l’équipe de la STAT chargée de réaliser les essais du prototype durant l’opération Barkhane au Sahel. « À terme, les unités seront dotées des versions finalisées, montées par Arquus industrie ».

Sous les salves de tirs, le SQ20 effectue son dernier tour d’hippodrome dans les airs avant d’atterrir pour se ravitailler en carburant. Aux commandes, l’adjudant-chef Thomas, chef d’atelier “cibles”, parvient à le poser sous les fortes bourrasques de vent. 

De la confection jusqu’au pilotage

Unique en France, cet atelier du 17e GA fabrique depuis 2021 un drone cible à bas coût et réparable : le SL 450 NG 3. Plusieurs imprimantes 3D usinent le châssis. Les moteurs, les hélices et la caméra sont assemblés puis le drone est programmé. 

De la confection jusqu’au pilotage, il forme les techniciens. L’adjudant-chef imagine déjà l’évolution de son service. « Avec le projet de fabrique autonome mobile 3D, nous serons capables de produire des drones à proximité du champ de bataille. »

Tout en développant l’entraînement à la lutte anti-drones et l’appui aux unités interarmes dans l’appropriation de ces quadricoptères, le 17e GA a initié bien d’autres projets : drone d’attaque, drone vidéo, drone largueur ou encore vol en essaims, vol immersif. 

Pour cela, l’unité s’appuie sur l’expertise du centre d’essais de missiles de la Direction générale de l’armement, qui appuie le Groupe dans cette démarche.

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