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L’esprit samouraï

Texte : Capitaine Eugénie Lallement

Publié le : 12/01/2025 - Mis à jour le : 13/01/2025. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Cinquante légionnaires se sont rendus au Japon du 8 au 21 septembre 2024 pour participer à la seconde édition de l’exercice Brunet-Takamori. S’inscrivant dans le renforcement du partenariat entre les forces terrestres française et japonaise, il vise à développer leur interopérabilité. Il est aussi un message fort de la France dans une région traversée par des crises persistantes.

Au pied du mont Iwaté, au nord-est du Japon, le sifflement d’un obus déchire le ciel au-dessus du camp de manœuvre. Invisible pendant sa course, le projectile percute le sol au loin dans un bruit sourd, tandis qu’une épaisse colonne de fumée s’élève dans les airs. Profitant de l’appui de l’artillerie, des soldats français et japonais, en première ligne, ouvrent le feu à tour de rôle contre des cibles. Un spectacle à la fois sonore et visuel pour les observateurs venus assister au bouquet final de l’exercice Brunet-Takamori

Cette phase de tirs clôture deux semaines d’entraînement conjoint d’une section du 2e régiment étranger d’infanterie (2e REI) de la 6e brigade légère blindée (6e BLB) et celles du 39e régiment d’infanterie de la Force terrestre d'autodéfense japonaise. Échanges de procédures, démonstrations bilatérales, manœuvre terrestre commune etc. « Cette nouvelle édition de Brunet-Takamori poursuit le rapprochement opérationnel initié l’an dernier », souligne le colonel Thomas Miailhes, chef de corps du 2e REI. L’objectif affiché reste identique : approfondir la connaissance mutuelle et développer l’interopérabilité.

Le saviez-vous ?

Le Japon dispose d'une seule base à l'étranger, à Djibouti. Il participe à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie.

« Échange de pair à pair »

Malgré la barrière de la langue et des cultures militaires différentes, les soldats sont parvenus à opérer ensemble, tant dans le centre des opérations que sur le terrain. Par ailleurs, d’autres grands exercices multinationaux tels que Iron Fist au Japon ou Talisman Saber en Australie, y contribuent. Fort d’un capital opérationnel, le détachement du 2e REI a apporté son expertise aux Japonais « dans une logique de travail et d’échange de pair à pair », précise le colonel Thomas Miailhes. C’est la seconde fois que son régiment participe à l’exercice, mais la première fois au Japon pour les légionnaires. 

Le vécu de ces soldats issus de tous horizons, facilite les échanges : « Le légionnaire est ouvert à la culture étrangère et à l’autre. Déraciné, il sait tisser des liens rapidement et développer une relation de confiance, comme cela a été le cas avec les Japonais, de nature pourtant réservée », développe le colonel. Vue de la troupe, cette opportunité tactique est attractive, tant dans sa dimension géographique que culturelle. Elle fait sens car elle permet de partager les expériences et d’apprendre à combattre ensemble. Du côté des chefs, l’exercice est stimulant intellectuellement grâce à la complexité des interactions qui seront facilitées par les futurs entraînements. 

Les chefs d’état-major des deux forces terrestres ont d’ores et déjà acté de reconduire l’exercice en 2025, en France. Pour « monter en gamme » et être capable, à l’avenir, d’intervenir ensemble si les circonstances le justifiaient. L’objectif est d’engager un volume plus conséquent de soldats, de l’ordre de 200, soit une compagnie. « Brunet Takamori renforce les relations de confiance entre deux pays et contribuera à la paix et la stabilité d’un océan Pacifique libre et ouvert », souligne le général Fumio Fujioka, commandant la 9e division de la Force terrestre d’autodéfense japonaise.

Le saviez-vous ?

1.6 million citoyens français répartis sur 7 territoires ultramarins vivent en Indopacifique. La France est ainsi la première présence européenne dans la région abritant 90 % de la zone économique exclusive de la France.

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