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Les drones contre-attaquent

Texte : Aspirant Emilien Lamadie

Publié le : 12/03/2025. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Le 4 décembre 2024 sur le plateau du Larzac, l’armée de Terre a mis à l’épreuve du terrain tous ses appareils dernier cri. L’ensemble des drones ont ainsi été engagés dans une manœuvre d’envergure exceptionnelle organisée par la Section technique de l’armée de Terre. Essaim de drones, drone “cartographe”, drone “éclaireur”, drone d’artillerie, etc. Près d’une dizaine de systèmes volants étaient présents, tous répondant à des besoins différents.

Embarquée à bord de blindés Griffon, une section de la treizième demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE) s’installe sur un point haut du plateau du Larzac. Un emplacement idéal pour surveiller la partie Est de la plaine dans l’hypothèse d’une attaque ennemie. Les soldats sont confiants : ils ont à leur disposition la fine fleur du matériel de l’armée de Terre. Des machines bientôt exploitées et évaluées lors d’un exercice grandeur nature, organisé par la Section technique de l’armée de Terre (STAT). 

Parmi ces équipements dernier cri, la majorité sont des drones. Fers de lance des combats modernes, ils interviennent dans tous les types de missions en complément d’équipements plus conventionnels. Pour anticiper toute embuscade adverse, les “bérets verts” analysent le terrain depuis leur position. Ils déploient le drone Ebee TAC capable de constituer une carte de l’environnement en trois dimensions. Vu de loin, cet engin volant silencieux se confond avec un oiseau.

L’ennemi n’a qu’à bien se tenir. « Chaque drone correspond à un besoin spécifique », explique le lieutenant-colonel Stéphane, chef opération de la 13e DBLE. L’utilisation de l’Ebee TAC est ainsi complétée par son petit frère, l’Ebee Vision. Cet éclaireur volant offre un retour d’information rapide et fiable. Les légionnaires découvrent alors les traces d’une position adverse. Un Griffon part immédiatement en reconnaissance.

Un atout pour les canonniers

Les quadricoptères avaient vu juste, le char rencontre une section ennemie. Sur ordre du poste de commandement, il entame un repli appuyé par des tirs d’artillerie, guidés grâce au drone DT46. Cet appareil de 4,70 m d’envergure, traque des cibles et acquiert des positions avec une précision inédite. Couvrant un cercle de cent kilomètres et ce pendant trois à cinq heures, il est un atout pour les artilleurs

« Cet aéronef fait partie de la bulle Scorpion. Il partage avec les combattants en temps réel le renseignement recueilli et surtout transmet les coordonnées des tirs à la chaîne artillerie grâce au système Atlas », insiste le lieutenant-colonel Olivier, de la STAT. Une fois leurs cibles repérées grâce au DT-46, les mortiers font feu sur l’ennemi et le Griffon revient sans encombre. Afin de prévenir d’autres attaques, les soldats lancent une manœuvre d’envergure. La Section renseignement robotique d’infanterie (SRRI) Griffon déploie un essaim de huit drones, piloté par un seul opérateur. 

Les drones s’élèvent dans le ciel avant de s’éparpiller pour se placer sur une position préprogrammée. Le télépilote surveille en temps réel une zone de trois kilomètres de rayon sur ses écrans. « Cet outil est une vraie plus-value opérationnelle, souligne le lieutenant Guillaume, chef de la SRRI de la 13e DBLE. Grâce à l’intelligence artificielle, il se contrôle comme un seul objet tout en étant beaucoup plus efficace. »

Traces électromagnétiques

Plusieurs quadricoptères ennemis ont été repérés. Face à cette menace, les systèmes de brouillage entrent en action. Ils font partie des technologies sur lesquelles l’armée de Terre a beaucoup évolué. Dans les années à venir, les drones ne laisseront plus ou très peu de traces électromagnétiques détectables. Sur le plateau du Larzac, les drones adverses sont vite rendus inutilisables. Il est maintenant l’heure de la contre-attaque. Des intrus sont repérés au loin, à l’abri dans une zone urbaine.

Le sous-groupement interarmes décide alors d’envoyer des Rooster pour une mission éclair de reconnaissance. Ces appareils peuvent à la fois rouler et voler ce qui permet de les employer plus longtemps. Leur cage renforcée leur fournit en plus une forme de protection. Puis, les hommes prennent rapidement la zone urbaine, mettant fin à une courte offensive. Le colonel Jean-Michel, adjoint du groupement innovation de la STAT, en est certain : « En agissant ainsi on préserve nos soldats et on peut sauver des vies tout en démultipliant nos capacités. »

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