Le Serval dans les starting-blocks
Texte : Benjamin Tily
Publié le : 12/03/2025.
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Le déploiement du Serval a commencé. Ce 4×4 de près de 18 tonnes est conçu pour le transport de fantassins. À bord de ses nouveaux engins de 375 chevaux, le 27e bataillon de chasseurs alpins s’est rendu au camp de la Courtine en octobre 2024. Le moment pour l’unité de dresser un premier bilan sur l’appropriation du blindé constituant à lui seul un système de combat.
Près de quatre cents soldats ont suivi trois semaines d’entraînement intensif dans la Creuse. Pour ces militaires du 27e bataillon de chasseurs alpins (27e BCA), les terrains se suivent mais ne se ressemblent pas. Cette fois, c’est à bord du tout dernier né des véhicules blindés connectés du programme Scorpion, le véhicule blindé multi-rôle léger "Serval", que les troupes de montagne ont été déployées au camp de la Courtine, quinze jours en octobre dernier.
Les équipes ont éprouvé ses limites en le poussant dans ses retranchements. Côté armement, des phases de tir ont permis d’expérimenter la précision du Serval et sa tourelle télé-opérée capable d’atteindre des cibles à mille deux cents mètres avec justesse.
Si avec le véhicule de l’avant blindé (VAB), le tireur devait manier les armes de l’extérieur et se trouvait exposé, il reste à l’intérieur et les guide en restant protégé. Les trois derniers jours, un exercice de synthèse les ont entraînés au déploiement d’un groupement tactique interarmes (GTIA).
Le programme Scorpion comprend aussi le Griffon, le Mepac (un mortier de 120 mm embarqué sur une base Griffon) et le Jaguar.
« Félin et manœuvrier »
La dernière semaine est consacrée à un exercice de synthèse. Une phase de reconnaissance offensive débute au petit matin. Dès l’aube, les sous-groupements tactiques interarmes ont progressé sur leurs axes respectifs, parcourant dix kilomètres pour s’emparer de la Lima 2. À quinze heures, les positions clés sont sécurisées. Les unités consolident leur défense jusqu’à la reprise de la manœuvre le lendemain. « Une fois que nous aurons interdit toute possibilité de mouvement ennemie, cela marquera la fin de l’exercice », annonce le lieutenant-colonel Louis.
Au cours de cette progression, la section d’appui, dotée de mortiers et de missiles moyenne portée, recherche des positions d’observation. En contrebas, les soldats positionnent leur Serval en dévers et activent le système de variation de pression de gonflage, permettant au véhicule de s’adapter au terrain. Tout au long de l’exercice, le système d’information de combat Scorpion est mis en œuvre.
Grâce à lui, les véhicules équipés sont géo-localisés, ce qui facilite la communication. Au-delà de sa technologie, sa maniabilité et sa taille compacte sont appréciées en particulier dans les zones boisées et les espaces restreints. « Nous sommes une infanterie légère et le Serval, félin et manoeuvrier, nous permet de se déployer rapidement sur le terrain », soutient le lieutenant Charles.
Une mobilité impressionnante
À son bord, les équipages découvrent une nouvelle dimension de pilotage. « Le passage du VAB au Serval a été un choc, tout l’électronique change la donne et la prise en main est similaire à celle d’une voiture », confie le caporal Paul, pilote d’engin blindé. Avec ses 375 chevaux, ses 18 tonnes et son impressionnante mobilité, il peut franchir des pentes à 60 % que le VAB ne pouvait pas surmonter. Des capacités précieuses pour les troupes de montagne.
Le Serval traverse des coupures humides et évolue en conditions météorologiques variées, tout en préservant la sécurité des équipages. Son autonomie de 600 km et sa vitesse maximale de 131 km/h modifient l’expérience des conducteurs. Dans chaque véhicule, un chef d’engin coordonne les actions du pilote et du radio tireur.
« Le chef tactique est assis derrière, orienté vers la route. Cela lui permet d’avoir une vision sur nos actions et de communiquer plus facilement avec nous », précise le caporal Paul, pilote. Après son évaluation en février 2025 au camp de Mailly, le bataillon est prêt à mettre en pratique l’expertise acquise sur plusieurs mois