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Le Jaguar, une bête capacitaire

Texte : Benjamin TILY

Publié le : 14/11/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

C’est sur le Jaguar que le régiment d’infanterie-chars de Marine a conduit un entraînement à tirs réels au camp de Fontevraud, dans le Maine-et-Loire. Une première pour l’unité marquant une étape majeure dans l’appropriation du nouvel engin blindé de reconnaissance et de combat de l’armée de Terre. Avec ses 25 tonnes, ses 6 roues motrices et son canon de 40 mm, son utilisation ne s’improvise pas.

Trois équipages du régiment d’infanterie-chars de Marine (RICm) referment avec précipitation les trappes de leurs blindés. Le chef d’engin, le pilote et le tireur s’installent à leurs postes, pointant les canons vers leurs objectifs. Dans leurs tourelles respectives, les chefs d’engin ajustent le viseur d’observation panoramique et effectuent les dernières corrections de tir via l’écran multifonctions. Ils activent les autorisations de tir.

Rapidement, leurs voix retentissent à la radio : « Papa unité, demande autorisation de tirer ». La réponse tombe : « Ouvrez le feu ». 3 obus sont tirés en rafale faisant trembler les murs du poste de contrôle. « But, but, but ! » Ce tir constitue une séquence majeure dans la préparation opérationnelle métier (POM) du 3e escadron, un entraînement de deux semaines en juin 2024 au camp de Fontevraud, Il vise à perfectionner l’emploi sur le terrain du nouveau Jaguar, mais surtout, à en tirer tout le potentiel.

Forts des stages pilotes, tireurs et chefs d’engin effectués à Canjuers au 1er régiment de chasseurs d’Afrique fin 2023, les marsouins maîtrisent déjà les commandes et apprécient les capacités du blindé comme sa boîte automatique permettant de changer de vitesse dans n’importe quelle situation. « Avec ses huit mètres de long, il est plus imposant que l’AMX-10 RC, mais sa maniabilité m’a séduit », atteste le caporal-chef Maverick, pilote. Les tireurs bénéficient de caméras plus précises, notamment la caméra thermique qui renforce les capacités d'observation, notamment la détection de l'ennemi.

Idéal contre les menaces

Une phase tactique de niveau peloton débute le lendemain. L’occasion pour les équipages d’appréhender ensemble leur poste pour être plus performants. Accompagnés de VBL, ils font face à un ennemi robuste, lui aussi équipé de Jaguar. Alternant vitesse et sûreté, les blindés progressent dans les chemins escarpés. Pour franchir des obstacles, le Jaguar peut augmenter ou réduire la pression de ses pneus ainsi que sa garde au sol. 

« Depuis mon poste de chef d’engin, je me sens à l’aise lors des déplacements. Le Jaguar est confortable et spacieux. Il existe des aménagements pour vivre dans la durée : stockage de ration, de musette, etc. Il y a même la climatisation », détaille le sergent Héloïse. À l’intérieur, les membres utilisent le système d’information du combat Scorpion qu’ils ont déjà mis en œuvre à Djibouti en 2023. Ce système leur permet de communiquer avec le reste du peloton. 

Bijou technologique mesurant plus de 3,5 mètres de haut, le Jaguar améliore la protection, la mobilité, l’autonomie et l’agilité tactique des combattants. « Il est idéal contre les mines et les IED et sera pourvu de kits le dotant de très bonnes capacités de combat en zone urbaine, assure le colonel Jean-Hugues Delcourt, chef de corps du RICm jusqu'à l'été 2024. Peu bruyant, il est même pourvu d’un système de conduite de nuit. »

« Prêt à être mobilisé »

« Halte ! » Le peloton stoppe près d’un village, puis deux VBL l’approchent. Sur l’axe Roméo, un Jaguar en appui surveille le sentier avec sa tourelle. Cette scène correspond parfaitement à ce que l’on peut retrouver en Estonie. Les Jaguar y étaient d'ailleurs à l'occasion de l'exercice Spring storm

Pour répondre aux potentiels besoins de l’armée de Terre, « le régiment doit transformer ses escadrons pour qu’ils soient opérationnels en moins d’un an. L'intérêt de cette POM est d’être apte au combat d’ici la fin 2024 », mentionne le capitaine Thomas, commandant d’unité. Après cet exercice de niveau peloton puis escadron, un autre de niveau interarmes se tiendra au centre d'entraînement au combat à Mailly en septembre.

La version opérationnelle du Jaguar est programmée en 2026. Le régiment recevra aussi de nouveaux véhicules. Au total, l’armée de Terre prévoit la livraison de 300 Jaguar d’ici à 2030 et leurs capacités sont en constante évolution : « Nous ne commençons à utiliser qu’environ 30 % des capacités du Jaguar », conclut le colonel Delcourt.

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