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Kurun 2023 : dangereux pour nos ennemis, fiables pour nos amis

Texte : LTN Claire BISSON

Publié le : 21/04/2023.

500 militaires, dont 150 militaires belges, plus de 100 véhicules de combat, 14 canons et mortiers, des drones à plus de 1 200 kilomètres de sa garnison, dans l’un des plus grands camps d’artillerie d’Europe occidentale : le camp de Canjuers. Du 3 au 27 avril, le 11e régiment d’artillerie de Marine s’est entraîné au combat d’artillerie de haute intensité, dans un cadre interarmes, interarmées et interalliés.

Lundi 3 avril, il est 08 heures du matin, l’ensemble de nos frères d’armes belges venus du Bataljon Artillerie, nos camarades du 515e régiment du train (515e RT) et les bigors du 11e régiment d’artillerie de Marine (11e RAMa) sont réunis d’un même bloc pour la montée des couleurs belges et françaises. C’est le lancement du groupement tactique d’artillerie Kurun 23.

L’occasion pour le colonel Raphaël Storez, commandant le 11e RAMa de rappeler le double objectif de ces quatre prochaines semaines : « Nous préparer à un engagement majeur multinational, et préparer nos détachements à leurs prochaines missions opérationnelles. »  

Batterie d’acquisition et de surveillance

L’objectif de cet espace d’entrainement est de permettre au poste de commandement du 11e régiment d’artillerie de Marine d’intégrer à sa manœuvre des effecteurs et des capteurs alliés, interarmées et interarmes dans un scénario tactique réaliste. « C’est également l’occasion d’éprouver notre rapidité et notre précision, sans renoncement à nos impératifs de maîtrise de nos effets et de sûreté » rappelle le chef de corps du 11e RAMa.

Le cadre d’emploi des forces correspond à un engagement majeur d’une brigade interarmes telle que la 9e BIMa. Le régiment d’artillerie de la brigade appuie les groupements de mêlée en y intégrant une unité de mortiers de 120 mm RTF1, adaptés à l’appui au contact, tout en manœuvrant sa batterie d’acquisition et de surveillance, équipée de radars MURIN et de drones SMDR, ainsi que ses batteries CAESAR, capable d’appuyer au contact mais surtout de frapper l’adversaire dans la profondeur jusqu’à 40 km.

Les batteries désignées pour un engagement prochain sur les théâtres trouvent dans ce cadre l’occasion de pratiquer l’ensemble de leurs savoirs faires, et le PC régimentaire saisit l’occasion de s’entraîner en conditions réelles dans l’art délicat de la triple manœuvre coordonnée des moyens, des trajectoires et des intervenants dans la troisième dimension. La soutenabilité de la manœuvre est aussi un point-clé de l’exercice, rendu possible par la participation conjointe d’un sous-groupement logistique du 515e RT, lui-même en préparation de son engagement prochain.

Parfaitement interchangeables

Depuis 2019, la Belgique développe un partenariat unique avec la France : Capacité Motorisée (CaMo), pour une interopérabilité maximale entres les deux armées, et formées sur un modèle unique. L’objectif ? Une coopération opérationnelle totale entre les unités françaises et belges et parfaitement interchangeables.

Le groupement tactique artillerie Kurun 23 est l’occasion pour les artilleurs belges du Bataljon Artillerie de se familiariser avec l’artillerie française, de s’entraîner conjointement tout en renforçant nos liens avec nos camarades belges.

A cet effet, une batterie à deux sections de 3 canons de 105 mm chacune est déployée sous commandement tactique du PC régimentaire du 11e RAMa, apportant ainsi au régiment d’artillerie ses feux rapides et précis jusqu’à 17 km.

Au PC régimentaire, un détachement de liaison équipé de son système numérisé de commandement et de contrôle des feux. Ce système est interopérable grâce à la passerelle ASCA (Artillery Systems Cooperation Activities) qui traduit automatiquement dans les deux sens de circulation l’information tactique entre les systèmes français (ATLAS) et belge (AFSIS).

Diffuser la situation tactique

Grâce à la participation des avions du groupement aéronaval et des aéronefs de l’armée de l’Air et de l’Espace, c’est l’occasion pour nos JTAC (Joint Terminal Attack Controller) de pratiquer la mise en œuvre des appuis feu aériens et travailler les procédures de coordination interarmées dans des conditions réelles.

Avec ses liaisons de données tactiques, le PC régimentaire entretient une connaissance en temps réelle de la situation aérienne au-dessus de la zone d’opérations de la brigade. Les nouvelles capacités d’appui-feu aérien numérisé (Digitally aided CAS, DaCAS) ont été mises en œuvre avec succès.

Les JTAC ont pu ainsi limiter les échanges à la voix au maximum et diffuser la situation tactique par transmission de donnée tout en recevant en temps réel des images air-sol de grande qualité sur leurs récepteurs ROVER. Durant plus de 12 heures de mission cumulées, les JTAC du 11e de Marine et du Bataljon Artillerie ont synchronisé les feux sol-sol et air-sol réels dans des conditions très proches d’un théâtre d’opérations.

La tempête

La mission générale du 11e régiment d’artillerie de Marine est de dominer, toujours et partout, les deux menaces les plus dangereuses pour la 9e brigade d’infanterie de Marine : le feu des aéronefs ennemis et ceux de l’artillerie ennemie. Pour les combattre, le 11e RAMa met en œuvre des armes qui figurent parmi les plus puissantes de celles que détient l’armée de Terre, l’impératif de compétence est donc des plus exigeants.

Il nous faut être les plus entraînés pour être « dangereux pour nos ennemis, fiables pour nos amis et sûrs pour notre environnement » rappelle le colonel Raphaël Storez. Kurun 23, c’est la foudre, la tempête en breton, elle fait référence la devise de l'unité: « L’autre terreur après la foudre ». Cette séquence tactique riche a renforcé les liens entre bigors, tringlots, artilleurs belges et leurs camarades : la tempête s’est déchaînée d’autant plus efficacement sur Canjuers. Elle se déchaînera à nouveau, où et quand on l’appellera.

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