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Des jeux sous protection

Texte : ADC Anthony THOMAS-TROPHIME

Publié le : 10/06/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 8 minutes

Futur site des Jeux olympiques, le Centre national de tir sportif de Châteauroux a accueilli un entraînement interministériel zonal NRBC-E, le 24 janvier dernier. Cet événement a rassemblé les acteurs des secours, de la santé et de la sécurité, ainsi qu’un détachement de l'opération Sentinelle pour qu’ensemble ils apprennent à gérer une crise, dans cet environnement.

Pas un coup de feu ne retentit dans les stands du Centre national de tir sportif (CNTS) de Châteauroux. Si d’habitude on y croise des tireurs chevronnés en quête de précision, le profil des occupants des lieux est tout autre, ce 24 janvier. Vêtus de combinaisons et de masques à gaz, policiers, gendarmes, pompiers, personnels de santé et militaires sont rassemblés sur le pas de tir de 25 mètres.

Répartis sur plusieurs couloirs, les différents services procèdent au déshabillage, un protocole qui consiste à retirer, sans contamination, la tenue de protection d’une personne exposée à des produits toxiques. Cette activité dite “chaîne métiers” s’inscrit dans le cycle d’entraînements interministériels zonaux (EIZ) nucléaire, radiologique, biologique, chimique et explosifs (NRBC-E).

Organisé par la préfecture de la zone de défense et de sécurité Ouest, sous l’égide du Centre national civil et militaire de formation et d’entraînement NRBC-E, l’EIZ consiste à faire travailler tous les intervenants (sécurité, secours, santé) dans leur domaine respectif et à développer l’interopérabilité dans le cas d’une crise, survenant dans un environnement NRBC-E.

Orange, bleue, blanc ou noire... dans le panaché de couleurs des tenues de protection, celles des soldats de larmée de Terredes treillis bariolés – sont reconnaissables entre toutes. Ils appartiennent au 2e régiment de dragons (2e RD). Spécialistes du domaine NRBC, ils sont venus cette fois, non pas en tant qu’experts mais bien comme le détachement de l'opération Sentinelle.

«L’interaction entre les acteurs»

Un par un, les militaires se succèdent dans le sas interservices et passent par des phases d’habillage et de déshabillage. Guidés à la voix et par signes par deux personnels de l’armée de l’Air et de l’Espace, le processus se déroule dans un ordre précis : veste, pantalon, chaussures, masque... Pour éviter tout risque de contamination, les animateurs et les évaluateurs corrigent la moindre erreur.

Au-delà de perfectionner la gestuelle, l’atelier “chaîne métiers” permet aux différents acteurs de se découvrir. Ainsi, les dragons du 2e RD et les gendarmes se sont familiarisés avec les équipements et les procédures de chacun. Quelques mètres plus loin, un autre entraînement, sous forme de serious game, se poursuit dans la salle de contrôle anti-dopage du CNTS. 

Exit les prises de sang et les analyses. Ici, dans le centre opérationnel départemental (COD), les responsables des services de secours, de santé et de sécurité sont réunis autour des services de préfecture de l’Indre. Ils réagissent aux multiples incidents qui ponctuent le scénario de l’entraînement, dont celui du jour : une attaque dans le centre-ville de Châteauroux.

«L’intégration des moyens militaires»

Représentant les armées, le lieutenant-colonel Frédéric, délégué militaire départemental de l’Indre, conduit le dialogue civilo-militaire avec le préfet et les autorités au COD. En fonction de la nature de la crise, celui-ci propose les réponses que peuvent apporter les armées. 

« Dans le cas où les forces militaires seraient engagées, mon rôle est d’assurer leur préparation avant leur déploiement et le contrôle tactique après. Enfin, je veille à ce que l’intégration des moyens militaires sur le terrain soit conforme à la doctrine et en cohérence avec ceux du civil. Dans ce cas précis, Sentinelle est engagée en appui des forces de sécurité intérieure », complète-t-il.

De l’autre côté du couloir, au poste de commandement opérationnel, urgentistes, pompiers, gendarmes et policiers ont leurs portables collés aux oreilles et les yeux rivés sur la carte de la ville. C’est ici que sont coordonnés les équipements et les hommes déployés sur le terrain, en lien avec le COD, l’échelon supérieur. La coopération interservices est une priorité pour garantir l’efficacité des opérations.

 Le lieutenant Jean-Baptiste, chef du détachement Sentinelle, a reçu l’ordre d’appuyer les FSI en sécurisant un point de regroupement des victimes. Il place ses pions sur la carte. « Aujourd’hui je rencontre les intervenants avec lesquels je serai amené à opérer. Cela permettra à l’avenir d’anticiper les besoins et d’agir avec plus d’efficacité », rapporte le lieutenant.

« Il faut travailler les actes réflexes »

L’après-midi, militaires de l’opération Sentinelle, gendarmes et policiers poursuivent les missions à la fois statiques, comme celle d’interdire un accès ou une zone, ou mobiles, comme canaliser et filtrer des personnes potentiellement exposées. Toutes les 30 minutes les groupes se relèvent sur les postes. Durant ces phases, les chefs doivent redoubler d’efforts pour se passer les consignes au travers de leur masque à gaz.

Pour compléter l’atelier des interpellations, des missions d’escorte de suspects contaminés vers le point de regroupement des victimes ou encore des missions de secours au combat sont menées. Tous retournent ensuite au sas interservices pour être déshabillés par une section spécialisée de la Gendarmerie nationale. 

La fin de la journée amène les participants au cœur du CNTS. « À travers les différents scénarios, les participants découvrent ce site dans lequel ils seront amenés à opérer, d’autant plus que ce dernier accueillera les épreuves de tir des Jeux olympiques », conclut Norman Beguin, coordinateur zonal des entraînements pour la préfecture de la zone de défense et de sécurité Ouest.

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