Au Liban avec les casques bleus pour l'exercice Steel Storm

Depuis l’aube, le claquement des munitions et le son des radios ont remplacé le bruit des vagues le long de la route côtière qui dessert l’extrême sud du Liban. À quelques dizaines de mètres de la blue line, installé en surplomb de la zone de tir, le poste de commandement tactique (PC tactique) coordonne le ballet incessant des véhicules blindés et des militaires de la Force intérimaire des nations unies au Liban (Finul) qui participent à Steel Storm. Exercice bi-annuel d’une semaine, Steel Storm est organisé par la Force Commander Reserve (FCR), qui permet d’entraîner au tir l’ensemble des contingents.

Du petit calibre de 5,56 mm au canon de 105 mm des véhicules blindés Centauro italiens, chaque bataillon a pour mission de neutraliser des cibles flottantes installées en mer, selon des scénarios prédéfinis. « Ici on s’exerce avec tout notre armement de dotation. Les cibles marines ajoutent de la complexité. Les vagues et le vent de la côte obligent à une concentration maximale », explique le lieutenant Simon, chef de peloton de l’escadron de reconnaissance et d’intervention.

Empêcher l’intrusion

Le Sisu (véhicule finlandais de transport de troupes) et le véhicule blindé léger postés à l’entrée du PC tactique symbolisent cette coopération. Depuis 2017, la FCR intègre une compagnie d’infanterie et des officiers finlandais au sein de son état-major. « Steel Storm est la concrétisation d’un travail conjoint avec notre partenaire finlandais. Depuis trois mois, nous travaillons en binôme au sein de nos cellules respectives. De la conception de l’exercice à la conduite, tout est réalisé ensemble », éclaire le capitaine Charles, chef de la cellule instruction.

Afin de garantir la sécurité, le PC tactique est en liaison constante avec la Maritime Task Force (sous commandement allemand) de la Finul, chargée d’empêcher l’intrusion d’embarcations civiles ou militaires dans l’axe des tirs. Au centre de cette organisation, le rôle des spécialistes en systèmes d’information et de communication (SIC) est essentiel. Les deux armées n’utilisent pas les mêmes systèmes de transmissions, le défi est de taille. Le lieutenant Vincent, officier SIC, souligne : « Grâce à notre préparation, menée depuis le début du mandat, nous atteignons un haut niveau d’interopérabilité. Avec mon adjoint finlandais, nous apportons des solutions pour faire fonctionner nos deux systèmes de manière efficiente ».

Au-delà du calibre 7,62

Le dernier jour de Steel Storm est dédié à une manœuvre avec les forces armées libanaises (FAL), partenaire indissociable de la Finul avec lequel les casques bleus travaillent au quotidien. En patrouille ou lors d’exercices, les militaires français entretiennent de nombreux liens avec leurs homologues libanais. « Toute l’année, la FCR et les FAL mènent des exercices conjoints mais nous avons rarement l’occasion d’effectuer un tel déploiement ensemble. Ici nous pouvons évoluer avec notre armement embarqué de plus gros calibre sur du tir réel, ce qui n’est pas le cas ailleurs dans la région », relate le lieutenant Simon.

En effet, aucun champ de tir de la zone d’opération n’autorise l’utilisation d’armes légères au-delà du calibre 7,62 mm pour les contingents de la Finul. Steel Storm constitue un exercice de référence en la matière. « La FCR a la particularité d’être à la fois organisatrice et participante. La multiplicité des acteurs et des échelons placent la coordination interalliée comme la clé du succès de l’exercice », conclut le capitaine Charles.