Partager l'article

Aguerrissement à domicile : initiations commando de 6 jours en régiment

Texte : LTN Maxime CORRE

Publié le : 16/12/2022 - Mis à jour le : 17/01/2023.

Depuis le mois de juillet, les régiments peuvent dispenser des stages d’aguerrissement de 12 jours. Au 126e régiment d’infanterie, une troisième session a été dispensée en octobre. Une formule prometteuse.

Lundi 10 octobre en Corrèze, les Bisons du 126 quittent l’emplacement des couleurs pour leur compagnie respective. La place d’armes se vide mais une section est toujours au garde-à-vous. Ils sont munis de leur HK416, de leur gilet de protection balistique, d’un sac et de leur casque lourd. Une trentaine de soldats est équipée pour le combat : la section de l’adjudant Bruno se prépare mentalement pour les deux semaines à venir. Ils s’apprêtent à passer 12 jours consécutifs en pleine nature pour une session d’aguerrissement régimentaire. Ils seront suivis en permanence par des évaluateurs du régiment dont l’adjudant Jean-Marc qui arrive, en tenue lui aussi.

Très rapidement le ton est donné : « Jusqu’à nouvel ordre, vous êtes en territoire ennemi. Comme à la guerre, tous les déplacements se feront en courant ». Depuis près d’un an, l’adjudant Jean-Marc travaille sur le concept d’aguerrissement au régiment. Il est le chef de la cellule ʺaguerrissementʺ créée en juillet 2022. À terme, toutes les sections du régiment en bénéficieront. L’adjudant met les troupes au garde-à-vous. Le chef de corps arrive, souriant comme ses soldats, même s’ils savent à quel point les premières journées vont être rudes. Le moral aussi est au rendez-vous et l’objectif du colonel est limpide : « À l’issue de ce stage, vous devrez être prêts ».

Comme en mission

Durant les 7 premiers jours, les stagiaires alternent les instructions théoriques en journée et les phases de restitution le soir, lors de missions type commando. Celles-ci se caractérisent par des missions spéciales dans des conditions particulières : phases nocturnes, travail en étant recherché (moyens d’observation thermiques, chiens, drones) voire travail en étant décelé par l’ennemi. Pour l’adjudant Jean-Marc, l’esprit de ce stage est simple : « Les soldats doivent apprendre à manœuvrer de façon habituelle dans des conditions qui ne le sont pas (travail de nuit, en milieu aquatique et en situation de fatigue). Dès lors que le soldat n’est plus perturbé par son environnement, alors c’est un soldat aguerri. »

Contrairement aux stages qualifiants proposés au Centre national d’enseignement commando où les stagiaires sont extraits de leur unité pour être formés individuellement, l’aguerrissement régimentaire vise à former les sections telles qu’elles sont constituées au quotidien. Les soldats gardent ainsi leur spécialité (radio, auxiliaire sanitaire, chef d’équipe…) et développent leur résilience dans des conditions réalistes, en groupe, comme ils le feraient en mission à l’étranger.

S’exfiltrer par la zone de repli

Après 11 jours à crapahuter, la section est ʺconsomméeʺ. La moindre phase d’attente est utilisée pour reprendre des forces. La première semaine terminée, les stagiaires profitent d’une journée de repos. Ils ne le savent pas encore mais la deuxième partie du stage va être rude : 72 heures de rallye durant lesquelles ils devront s’infiltrer, renseigner, réaliser un coup de main avant de s’exfiltrer, tout cela derrière les lignes ennemies, symbolisées par des patrouilles. La veille, pour la dernière nuit du raid de synthèse, la soirée a été âpre.

La section a progressé sur plus de 20 kilomètres en toute discrétion dans une zone parsemée de vergers, de champs et de barbelés. L’aube pointe à l’horizon. Pendant que des soldats montent la garde en lisière de forêt, le reste de la section se repose à l’abri, dans un bosquet de châtaigniers. L’adjudant Bruno n’est pas loin de sa radio, en mesure de prendre les ordres à tout instant. Au bout d’une heure, le PR4G grésille. La section a été décelée. Il faut s’exfiltrer par le chemin de repli qu’ils ont repéré la veille pour atteindre une section alliée à 2 kilomètres plus à l’Ouest. La section amie est chargée d’appuyer les stagiaires durant leur repli et de les recueillir à l’issue pour les ramener en zone sûre.

À lire aussi

Du 26 mars au 1er avril, le 3e régiment étranger d’infanterie en Guyane a conduit un exercice en terrain libre.

Immersion

L'école militaire de haute montagne de Chamonix accueille les jeunes candidats venus passer les tests d'admission.

24 heures avec