519e RT : débarquement immédiat à La Rochelle

Au printemps 2023, le 519e régiment du train (519e RT) s’entraînait sur la façade méditerranéenne lors de l’exercice Orion 23. Un an plus tard, il se prépare cette fois-ci sur la côte atlantique, grâce au déchargement réel d’un navire affrété sur le port de la Rochelle, ville siège de son détachement de transit atlantique. Aunis 2024 s’appuie sur une opération en terrain libre pour simuler l’entrée sur un théâtre d’une division terrestre par la façade maritime. Après avoir fait escale à Dakar, Abidjan, Libreville, Douala et Cotonou pour approvisionner les forces pré-positionnées en ressources et en matériaux, l’embarcation de 160 mètres sur 27 rapporte en France métropolitaine le matériel devant être réparé ou réintégré.

Pour l’accueillir : les soldats du 519e RT. Cette unité de la brigade logistique assure la continuité des acheminements de fret entre les voies terrestres et maritimes au profit des armées françaises .« L’objectif de l’exercice Aunis est de renforcer les savoir-faire opérationnels du régiment dans le traitement des navires et d’évaluer la capacité à réagir à divers incidents, détaille le lieutenant-colonel Frédéric, chef du centre opération, basé sur l’île de Ré. La volonté est de les faire travailler dans un contexte tactique et technique dégradé, tel qu’ils pourraient le trouver sur un théâtre d’opération ». 102 soldats, soit un quart du régiment, sont déployés sur l’exercice. Le premier escadron portuaire, chargé des opérations sur le navire, est évalué.

Testé en continu

Équipés de leurs casques lourds et de leur armement, les spécialistes déchargent les conteneurs et les véhicules transportés. Parmi eux, la brigadier Élodie, acconier depuis près de 4 ans témoigne de la richesse des métiers du 519e RT. « J’étais convoyeuse à bord de ce bateau. Ma responsabilité était de surveiller et contrôler le fret tout au long de la traversée. Dès l’amarrage du bateau, j’ai réendossé mon rôle d’acconier en dessaisissant les véhicules et les conteneurs, ainsi que celui de cariste, qui manœuvre les chariots élévateurs ». Durant les différentes phases, les capacités de l’escadron portuaire sont testées en continu. Hier, un blessé civil s’est présenté aux acconiers ; aujourd’hui, un engin de manutention est tombé en panne.

Sur le plan tactique, des membres d’une milice ennemie observent le dispositif en place. Que ce soit sur le pont ou dans la cale du bateau, la cinématique de la manutention est méticuleusement réfléchie. Le capitaine Stéphane, officier responsable de l’affrété, surveille le déroulement des opérations : « J’assure la gestion du voyage de bout en bout. Un mois et demi avant le départ, je planifie le chargement afin d’optimiser la livraison du fret, puis à chaque escale je supervise les opérations de chargement et de déchargement ».

Un levier stratégique

En fin d’exercice, des manifestants opposés à la présence des forces françaises, bloquent l’accès au port de la Rochelle. Le centre opérationnel chargé de rédiger des ordres et de réagir aux incidents, se réarticule sur un port de substitution à l’autre bout de l’Île de Ré. Il y déploie un poste de commandement avancé afin de soutenir la poursuite des flux de déchargement. À la Rochelle, le traitement du fret en amont et en aval des acheminements est géré par le détachement de transit atlantique dont la charge est d’identifier les besoins opérationnels spécifiques à chaque mission et d’assurer leur suivi.

Grâce à ses différents spécialistes, le 519e RT est un levier stratégique qui permet à l’armée de Terre de fournir une capacité d’entrée en premier depuis une façade maritime. Sa capacité d’adaptation en contexte de conflit de haute intensité n’est plus à prouver. « L’acheminement stratégique est permanent. Dans l’hypothèse d’un engagement majeur, notre unité représente un outil capacitaire unique et indispensable pour nos armées », conclut le colonel Régis, chef de corps du 519e RT.