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Nacèra Kaïnou, peintre des Armées

« Restituer les expériences de la guerre »

Texte : CNE Anne-Claire PÉRÉDO

Publié le : 29/05/2023.

Nacèra Kaïnou réalise des visages et des bustes en terre depuis trente ans. Des sculptures exposées dans le monde entier. Agréée Peintre des Armées en 2013, elle met depuis son talent au service de l’institution militaire. Ses œuvres immortalisent l’engagement de celles et ceux prêts à tous les sacrifices.


« J’ai toujours mis mon travail au profit de causes qui me sont chères. L’histoire militaire en fait partie : les soldats sont une composante essentielle dans la vie d’une nation. Après une exposition au profit de la Cellule d'aide aux blessés de l'armée de Terre, je me suis  présentée au concours du salon national des Peintres des Armées en 2013. J’ai remporté le grand prix avec une sculpture du soldat inconnu. Comme pour toutes mes œuvres, j’ai mené un travail de recherche pour m’imprégner de mon sujet. Les portraits immortalisent ce qu’il y a d’unique chez un être. Ils regorgent de détails dont l’assemblage vise à restituer l’âme d’une personnalité. 

L’armée est pour moi une immense source d’inspiration. Je suis touchée par la profondeur humaine des militaires. Ces derniers sont confrontés à des situations inimaginables. En opération, tout doit être juste pour épargner sa vie et celle de ses camarades. Après ma victoire, j’ai été agréée Peintre des Armées. Tous ceux accédant à ce statut, sont nommés par le ministre des Armées : une spécificité française. Ce titre est ma manière de servir mon pays à qui je dois beaucoup. Une façon aussi de perpétuer la tradition familiale. Mon père a servi vingt ans dans les troupes de Marine.

Entrer dans une tradition

Tous les artistes choisis sont des bénévoles dont la seule obligation est de présenter une de leur réalisation tous les deux ans au Salon . En fonction de leur implication, ils sont titularisés au bout de neuf ans et assimilés dès lors au grade de commandant. Devenir Peintre de l’armée est un engagement. On devient les gardiens d’une l’histoire que nos créations permettent de transmettre. Je suis très attachée à cette portée mémorielle. Quand on signe, on entre dans une tradition. 

On intègre une hiérarchie et un corps. Cette appartenance impose une rigueur dans ce que l’on dit et ce que l’on fait. Certains artistes ne supporteraient pas une telle discipline. Et pourtant, quelle chance! Mes sculptures sont exposées dans des lieux prestigieux. Je suis au contact des troupes en unités mais aussi en projection comme sur l’opération Lynx en Lituanie. Je peux capter les expressions des visages, la nervosité des gestes. J’ai besoin d’être sur le terrain pour restituer les expériences de la guerre. »

Le saviez-vous ?

Dès le 16e siècle, les peintres de bataille suivent l’armée française dans ses missions, ses manifestations et sa vie. Ils racontent les faits d’armes des rois et célèbrent les grands évènements.

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