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Lieutenant Julien, conservateur adjoint au pôle muséal de Bourges

« Prendre en compte la culture »

Texte : Benjamin TILY

Publié le : 25/06/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Conservateur adjoint du pôle muséal de Bourges, le lieutenant Julien a participé à l’Army monuments officer training à Washington aux États-Unis, en août dernier. Ce stage rappelle que la culture est un enjeu opérationnel particulier au travers d’un exercice centré sur la guerre en Ukraine.

« Depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine, plus de 18 000 destructions de biens culturels ont été référencées sur le territoire ukrainien. Le stage américain auquel j’ai été invité s’inscrit dans ce contexte. Basée sur des cas de destruction réels dans le district de Sievierodonetsk (région de Louhansk), cette formation montre la prise en compte de la culture dans la conduite d’opérations actuelles.

L’objectif : former des New Monuments Men, des militaires spécialistes de la protection des biens culturels. Après un rappel du deuxième protocole de la convention de La Haye de 1954, invitant les États signataires à créer des unités spécialisées dans la conservation du patrimoine en zone de conflit armé, un exercice de restitution a été proposé.

Par groupe de 5 et affectés à des zones spécifiques, nous devions conseiller le général en charge des opérations. Ce cas pratique a regroupé 25 militaires d’active et de réserve spécialisés dans la culture et le patrimoine (archéologues, bibliothécaires, archivistes, conservateurs du patrimoine, etc.). Des experts de 5 nationalités différentes étaient présents : Américains, Britanniques, Ukrainiens, Polonais et Français.

« Faciliter l’acceptation de la force »

Au sein de mon groupe, j’étais chargé de déterminer les raisons des destructions opérées. Les autres membres analysaient l’imagerie satellite (servant à attester des destructions) et rédigeaient des fiches de restitution pour le général. Les militaires français sont reconnus sur le plan international pour leur professionnalisme dans le domaine de la culture. Je suis officier conservateur et cette fonction n’existe pas dans de nombreuses armées.

Cela fait de moi un personnel tout indiqué pour ce type de mission. Cartographie, conseil juridique, réhabilitation de sites endommagés, état des lieux des sites, renseignement… Voici quelques-unes des fonctions que je pourrais remplir en Opex. Les actions centrées sur la protection du patrimoine en opération facilitent la réalisation des missions opérationnelles et l’acceptation de la force. Elle souligne la prise en compte par l’armée de Terre du paysage patrimonial du pays concerné. C’est tout l’intérêt de ma spécialité. »

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