Chef Émilien, blessé des armées
« Même blessé, la vie continue »
Texte : Clémentine HOTTEKIET- -BEAUCOURT
Publié le : 12/06/2023 - Mis à jour le : 13/06/2023.
Depuis son accident, le chef Émilien ne s'arrête pas. Il se lance des défis régulièrement. Tour du Mont Blanc, stage de voile ou de parapente… le prochain : 7 jours d’ascension en Norvège du 30 juin au 7 juillet. Cap sur les hauteurs.
« Projeté il y a deux ans au Mali, j’ai été irrémédiablement touché. Pendant ma rééducation à l’hôpital des armées de Percy, un ancien camarade de classe m’a présenté son projet, porté par les officiers de l’école militaire interarmes : un trek de sept jours accompagnés de soldats blessés et d’un expert montagne de la 27e BCA afin de mettre à l’honneur les blessés de nos armées. Initialement prévu au Kilimandjaro, ce sera en Norvège du 30 juin au 7 juillet.
J’ai adhéré immédiatement avec enthousiasme, alors même que j’étais encore à Percy. Je crois que tous les militaires ont le goût de l’effort. Se fixer des objectifs est un moyen d’avancer : même blessé, la vie continue. Seulement un an après ma sortie de l’hôpital, j’ai réalisé avec la 27e BCA le tour du Mont Blanc.
La préparation suivie pour le Mont Blanc me sert pour ce prochain défi : rééducation, course à pied et entraînement montagne. Je continue les exercices pour me maintenir en forme et participe à de nombreux stages sportifs qui permettent aux blessés de reprendre confiance progressivement en leurs capacités.
La force du collectif
Aujourd’hui je me sens prêt, j’ai hâte de découvrir la Norvège. C’est également pour moi un retour aux sources agréable. Ancien chasseur alpin, je reviens à ce que je sais faire de mieux : la montagne. Elle demande de la technique, une bonne préparation physique et une connaissance pointue du milieu.
J’ai toujours aimé les hauteurs et j’y retourne avec plaisir. L’objectif est de s’amuser, ce n’est pas une contrainte. Ce challenge est à la fois personnel et collectif. Le dépassement de soi est un combat individuel. Nous n’avons pas tous les mêmes prédispositions, mais le mental permet de surmonter le physique.
Chez les militaires, il se couple avec l’esprit de corps. L’expérience a encore plus de sens car elle est vécue en groupe.C’est d’autant plus essentiel avec les soldats blessés car ce qu’il y a de pire, ce n’est pas la blessure mais la solitude. La pierre angulaire de notre métier c’est le collectif. On part ensemble et on arrive ensemble, comme reliés par une corde de montagne. »
La Norvège est un territoire emblématique pour les chasseurs-alpins. Envoyés là-bas durant le Seconde Guerre mondiale, ils ont remporté la bataille de Narvik en juin 1940 : c’est la première victoire remportée par les Alliés avant la concentration des effectifs sur le territoire français.