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Chef de bataillon Jean-Marie

« Ce qui nous lie »

Texte : Capitaine Anne-Claire PEREDO

Publié le : 14/11/2024. | pictogramme timer Temps de lecture : 5 minutes

Tous les ans depuis plus d’un siècle se tient la marche de Nimègue au Pays-Bas. Des militaires de soixante et onze nations s’y retrouvent et parcourent près de deux cents kilomètres en quatre jours. Le chef de bataillon Jean-Marie de l’état-major de l'armée de Terre revient chaque année depuis 2014. Pour lui, cette épreuve est à la fois un défi physique, un moment de méditation et un gage de reconnaissance.

Dans nos sociétés, on considère trop souvent que la paix est un acquis. Pourtant, elle reste fragile. Participer à la marche de Nimègue en est un formidable rappel. Pendant quatre jours, les participants de près de soixante-dix pays parcourent quotidiennement 30 à 50 kilomètres selon les catégories avec un sac de militaires 40Km pour les militaires (avec lest minimum de 10Kg). Les corps et les esprits s’épuisent même pour les plus sportifs. La sensibilité est exacerbée. 

Alors quand nous traversons des lieux chargés d’histoire comme le cimetière militaire canadien de Groesbeek, nous ressentons la souffrance des Anciens. Comment ne pas être reconnaissant de leur sacrifice ? 33 SAS Français sont tombés lors de l’opération Amherst, en avril 1945, plus au nord. Il nous incombe de tout faire pour protéger leur héritage. Lors des cinq derniers kilomètres, les vétérans sont là, arborant fièrement leurs médailles. Cette fraternité nous lie en tant qu’êtres humains mais aussi en tant que combattants.

Le saviez-vous ?

Le cimetière militaire canadien de Groesbeek regroupe les tombes des militaires anglo-canadiens tombés lors de la campagne de libération des Pays-Bas en 1945. Le cimetière est unique car de nombreux morts y ont été ramenés de l'Allemagne voisine. C'est l'un des rares cas où des corps ont passé les frontières internationales.

Un leader

Le soutien de la population est primordial dans cette aventure. Au bord des routes, à l’entrée des villages, la foule nous acclame avec une telle ferveur ! La cohésion y est inoubliable. Cette épreuve physique est aussi une ode à la réflexion sur soi et son engagement. Chaque édition est unique. Pour ma part, je trouve que Nimègue est une école du commandement. Les marcheurs sont en sections. 

Chacune est guidée par un leader de réserve ou d’active, le plus expérimenté. Je tiens ce rôle depuis quelques années et il me tient à cœur. À chaque pause, je vais voir tous mes coéquipiers. Il faut identifier celui qui a besoin de parler. Je dois concilier cet impératif humain avec la gestion de ma fatigue et le temps contraint de l’épreuve. Un chef gère le temps et les personnalités. Il ne suffit pas d’ordonner, il faut inspirer. 

Le saviez-vous ?

La marche de Nimègue a été créée en 1908 comme épreuve de l’infanterie néerlandaise. Dès 1910, La France y participe. Elle devient vite le plus grand évènement sportif. Chaque 3ème mardi de juillet, elle rassemble 45 à 52 000 marcheurs dont 5 000 militaires.

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