« Appuyer mes frères d’armes »

« Le 30 mars 2011, j'étais déployé à Tartakhel non loin de Tagab, en Afghanistan. Je me trouvais dans un véhicule blindé, il pleuvait ce jour-là. Je me rappelle que je plaignais les camarades dehors qui devaient être trempés jusqu'aux os. Puis, le noir complet et un sifflement assourdissant. Nous avons été victimes d'une attaque.

Immédiatement, l'odeur de l'essence mélangée à celle de la poudre et de la chaire brûlée se fit présente, mes yeux me brûlaient, je ne voyais plus rien et n'entendais rien d'autre que ce sifflement. J'ai été évacué à Tagab puis à Kaia et je me suis réveillé dans une chambre, seul après l'opération des yeux. J'ai demandé à être placé avec mes camarades, avant d'être rapatrié en France cinq jours plus tard.

Depuis cet évènement, cauchemars, stress, insomnies et réveils nocturnes furent mon quotidien. Je me suis beaucoup concentré sur le sport, ça me fait du bien. Vélo, natation, course... Et l'année dernière, le lieutenant Étienne, de l'École militaire interarmées m'a contacté pour me faire part d'un projet : partir en excursion en Norvège. Pour cette aventure, je serai accompagné d'élèves officiers et surtout d'Émilien, lui-même blessé au Mali. Tout de suite, j'ai adhéré. J'ai ressenti une satisfaction personnelle, pour moi ce défi est une reconnaissance mais aussi l'opportunité de me surpasser. 

Retrouver les valeurs de l'armée

Pendant une semaine, nous allons faire du trekking, des dénivelés, mais aussi un peu d'ascension. Un joli programme. Pendant mes années de service, j'ai beaucoup voyagé. Guyane, Afrique, mais jamais en Norvège. Ce sera une première pour moi, je vais découvrir le jour polaire. L'année dernière j'ai eu l'opportunité de faire la marche de Nimègue aux Pays-Bas. Cette initiative va me permettre de garder un lien avec l'institution. Je vais de nouveau pouvoir utiliser l'intégralité des connaissances que j'ai acquise au sein du 7e bataillon des chasseurs alpins.

Ce sera l'occasion pour moi de me maintenir, mais aussi de faire preuve de solidarité. Ce challenge au nord de l'Europe est surtout l'occasion de mettre les blessés en avant. Une manière de les aider à notre façon. C'est aussi pour ça que je suis reconnaissant envers ce projet. Il apporte l'attention que méritent nos blessés, il ne faut pas les oublier. Je ne sais pas encore ce que je vais faire après, mais ce qui est sûr c'est que je vais tout mettre en œuvre pour appuyer mes frères d'armes ».