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3 questions à Frédéric Beigbeder, écrivain

Texte : CNE Justine de RIBET

Publié le : 13/03/2023 - Mis à jour le : 13/04/2023.

À la fois écrivain, animateur ou encore réalisateur, Frédéric Beigbeder est une figure médiatique. Une chose est sûre : difficile de l’imaginer en treillis, et pourtant ! Pour sa participation au livre « les écrivains sous les drapeaux », il s’est prêté au jeu de l’immersion dans une unité de l’armée de Terre. Barbe soigneusement entretenue, coupe de cheveux totalement assumée. Mais qui est réellement Frédéric Beigbeder ?

Quels sont vos souvenirs en lien avec l’armée ?

J’ai des souvenirs un peu absurdes de mon passage au 120e régiment du train pour mon service militaire tels que des vêtements bien alignés dans un placard ou le fameux lit au carré. Rien n’était au goût de l’adjudant d’unité. Et puis, c’était en plein hiver. Une vraie corvée ! Subir des marches de 18 km dans la forêt de Fontainebleau, en rangers, avec un sac à dos lourd et pour couronner le tout : un bivouac dans le froid et sous la neige. On était tous hyper fiers, le lendemain, avec nos courbatures et nos ampoules [rires].

Mine de rien, j’en ai tiré un bel enseignement. Dès que je fais un effort physique, je repense à ces instants, je me dis : « Quand il faut y aller, il faut y aller ! ». En acceptant une immersion au 21e régiment d’infanterie de Marine (21e RIMa), je m’attendais probablement à partir en courant au bout de quelques heures. Contre toute attente, je me suis senti bien. La preuve, je n’ai pas hésité une seule seconde à sauter de 5 mètres dans l’eau froide pour faire le parcours aquatique. On ne m’a pas forcé et cela m’a beaucoup amusé ! Je ne pensais pas connaître la sensation de faire partie d’une nouvelle famille en si peu de temps.

Malgré vos premiers souvenirs, pourquoi avoir retenté l’expérience militaire ?

Je pense être en manque de structure, et inconsciemment d’être à sa recherche. J’ai passé trois jours dans l'abbaye de Lagrasse où la rigueur et l’uniforme sont similaires au monde militaire. Je voulais revivre cette expérience en y ajoutant un ingrédient. J’ai choisi de rejoindre le 21e RIMa juste après le festival de Cannes. Un endroit où la compétition et l’égocentrisme sont omniprésents. Dès mon arrivée au régiment, le contraste a été saisissant. Ce sont deux très belles expériences que je referai sans hésiter. Le projet est probablement utopique mais j’aimerais que Léonard, mon fils, puisse, un jour avoir la chance de vivre une immersion de la sorte.

Que représente l’armée de Terre pour vous après cette aventure ?

C’est avant tout le souvenir de notre passé, de nos grands-parents et arrière-grands-parents militaires ou prisonniers pendant les guerres mondiales. C’est aussi une institution qui défend nos valeurs. Ce n’est pas une envie de violence, de guerre mais une grande famille qui protège les choses auxquelles on tient comme la liberté d’expression et la démocratie. Aujourd’hui, je suis convaincu de son efficacité. Je me suis débarrassé d’un grand nombre de clichés tels que le militaire fermé, réticent à parler de son métier, la ʺgrande muetteʺ par excellence ! Quand on me parle de l’armée, je peux dire que je sais. Nous avons affaire à des êtres humains, sensibles, intelligents et parfois même, très beaux (rires).

Le saviez-vous ?

Une version augmentée du texte sur le 21e RIMa sera insérée dans le prochain livre de Frédéric Beigbeder, à paraître en avril chez Albin Michel. Rendez-vous en librairie...

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