Une journée de formation avant de partir en séjour

École militaire à Paris, 13 février, 9 heures. La petite cohorte de militaires présents devant l’amphithéâtre est hétéroclite. Tous proviennent d’affectations différentes. Certains d’entre eux reconnaissent des visages, croisés lors de missions. Pour d’autres, ce sont des retrouvailles. Leur dénominateur commun ? Ils sont tous affectés en Guadeloupe à l’été prochain et viennent assister à la "Journée de formation territoire" dispensée par l’état-major spécialisé pour l’outre-mer et l’étranger (EMSOME).

De la présentation du théâtre aux caractéristiques historiques et géographiques de la région, tous les domaines sont passés au peigne fin. Situation socio-économique, sécuritaire, géopolitique mais aussi culturelle… « Ces fondements favorisent leur adaptation au milieu physique et humain local. Ainsi, les militaires et leur famille seront plus à l’aise et mieux acceptés. Cela permettra à chacun d’entre eux de remplir leur mission sereinement », poursuit l’adjudant-chef Sylvain, instructeur "Antilles". Ce dernier revient d’ailleurs d’un séjour de trois ans sur l’île Papillon. 

« Découvrir ce mode de vie »

« Même si vous partez dans un département français en Outre-mer, vous allez faire face à un cadre ambiant différent. Vous passerez de l’euphorie du départ au choc culturel », insiste l’adjudant-chef Sylvain en guise d’introduction. Face à lui, des militaires sont mutés pour la première fois. Leurs interrogations sont concrètes : dispositions administratives, démarches logistiques, conditions de vie, infrastructures. Au-delà de l’aspect obligatoire de cette formation, ils viennent chercher des conseils.

« L’instructeur apporte des clés de compréhension pour servir en Guadeloupe, tels que les us et coutumes. Ces éléments répondent à mes préoccupations. Il me tarde de découvrir ce mode de vie si différent, confie l’une des stagiaires prochainement affectée au régiment du service militaire adapté de Guadeloupe. Je redoute juste ma capacité à comprendre le créole, mais ça, ce sera en conduite. »

C’est tout l’intérêt des formations de l’EMSOME dont bénéficient principalement les ressortissants du ministère des Armées. Chaque année environ 18 000 personnes désignées pour le service hors métropole, en affectation de longue durée, pour une mission de courte durée ou pour une projection en Opex, reçoivent une de ces instructions.

Références interculturelles

Les enseignements sont réalisés par des instructeurs militaires spécialisés sur une aire géographique et des conférenciers civils de haut niveau issus d’organismes de défense ou de recherche. Plus de 250 sessions sont organisées par an dont les contenus sont adaptés à chaque public. Pour travailler avec des partenaires d’une autre culture et faciliter les échanges, la dimension linguistique, la connaissance des valeurs, du fonctionnement et des références interculturelles sont primordiales.

« Ces formations sont aussi des instants privilégiés où les militaires se rencontrent avant même d’arriver sur l’île, du chef de corps au chef de section en passant par l’officier communication ou le sous-officier adjoint… et même leurs conjoints ! Cela contribue grandement à l’intégration sur place », assure l’adjudant-chef Sylvain. Et cela se voit. Les langues se délient au cours de la journée. Celle-ci terminée, les militaires se lancent déjà des « À bientôt ! » en quittant l’amphithéâtre.