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Un duo qui a du flair

Texte : CNE Eugénie LALLEMENT

Publié le : 13/04/2023 - Mis à jour le : 20/04/2023.

Le groupe cynotechnique est un atout de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris. De la recherche d’une personne égarée ou ensevelie, à celle de produits accélérateurs d’incendie, au fort de la Briche à Saint-Denis, les chiens sont dédiés au secours à la personne. Plus que des équipiers, ces secouristes à quatre pattes sont des compagnons de vie pour leurs maîtres avec lesquels ils forment un binôme inséparable.

« Bonjour madame, c’est les pompiers ! On va vous sortir de là », rassure le sergent-chef Sébastien, tout en déblayant les gravats. À ses côtés, Itak, un berger belge Tervueren , aboie en remuant la queue. Quelques minutes plus tard, la victime est évacuée. La scène pourrait se passer en Turquie, après les séismes qui ont touché le pays. Elle se déroule pourtant une semaine après, au Fort de la Briche à Saint-Denis, où les 16 équipes du groupe cynotechnique de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) s’entraînent.

Secouriste expérimenté à la tête du groupe cynotechnique, le sous-officier et son compagnon sont rôdés aux opérations de sauvetage, comme lors du cyclone Irma sur l’île de Saint-Martin. Spécialisés dans le secours à la personne, les chiens sont choisis avec attention. « Nous sélectionnons des chiots d’un naturel très joueur et proches de l’humain », souligne-t-il. Pour entretenir ce contact constant avec l’homme, les maîtres gardent un lien privilégié avec leur animal. « Ils rentrent tous les soirs à la maison, dans nos familles. Nous les emmenons partout, y compris en vacances », ajoute-t-il.

Le saviez-vous ?

La recherche de personnes représente une cinquantaine d’interventions par an pour le groupe cynotechnique.

Un odorat hors pair

Comme Itak, NJ, Maiko, César ou Julius sont des membres à part entière de la BSPP. Au groupe cynotechnique, ils font partie des 13 chiens dits “opérationnels”, c’est-à-dire formés pendant 2 ans à la quête (ou ʺquestageʺ), une méthode pour retrouver une personne vivante, égarée, immergée, ou ensevelie, dans un périmètre donné. Cette formation socle est commune à tous.

« En forêt, dans les bâtiments ou sous les décombres, NJ est capable d’associer toutes les odeurs humaines aux individus qu’elle voit. Si l’une d’entre elles n’est pas identifiée, elle part à sa recherche », explique la caporal Jennifer, au sujet de son border collie de cinq ans. Enquêtrice à l’odorat hors pair, NJ appartient au cercle fermé des chiens dressés pour la recherche de produits accélérateurs d’incendie (RPAI). Elle peut reconnaître environ 18 substances, grâce aux molécules olfactives de 6 d’entre elles qu’elle a mémorisées, comme le pétrole, l’essence ou encore le white spirit.

Cette spécialité se développe dans le groupe, tout comme le pistage, que Maiko maîtrise à la perfection. Son maître explique : « À la différence du questage, le chien de piste recherche une personne précise. Il travaille en longe, la truffe au sol depuis le point zéro, à l’aide d’une odeur de référence. » Seuls ceux chez qui l’on observe des prédispositions sont formés dans ces domaines.

Débordant d’énergie

Avant chaque entraînement, la “détente” est un passage obligé. Elle consiste à sortir le chien dans le cani-parc entre 5 à 6 minutes. « En plus de les défouler, ce rituel conditionne nos animaux avant la phase de travail. Selon l’équipement qu’on leur met, ils savent quelle mission va leur être demandée », souligne le sergent-chef Sébastien. Le programme hebdomadaire, hors interventions, comprend des séances en extérieur ou à l’intérieur du fort. « On aborde généralement un thème par demi-journée : décombres, quête en forêt, RPAI, piste, etc.», précise-t-il. Des séances de discipline, d’obéissance ou d’agilité sont également organisées.

Il n’est pas rare de voir 1 conducteur avec 2 canidés. En effet, lorsqu’un pompier a acquis une certaine expérience, un jeune chien lui est attribué pour le faire monter en compétence. Ce tuilage permet la continuité opérationnelle du binôme, une fois le premier mis en retraite. Les chiots sont récupérés en élevage, via des particuliers ou à la Société protectrice des animaux et testés pendant 1 à 3 mois. « Nos chiens n’ont pas d’âge ʺfixeʺ de réforme. Tant qu’on les sent aptes physiquement et motivés, ils restent dans le circuit », poursuit le sous-officier.

À 9 ans et demi, Itak, toujours aussi efficace, déborde d’énergie, heureux de retrouver son foyer chaque soir. Quant au prédécesseur de NJ, il coule une retraite paisible, au chaud chez Jennifer. La relève est assurée.

Le saviez-vous ?

Un binôme cynotechnique de la BSPP a participé aux opérations de secours en Turquie début mars.

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