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Roumanie : l’interopérabilité au cœur du combat

Texte : CNE Eloïse ROSSI

Publié le : 23/05/2023 - Mis à jour le : 30/05/2023.

Du 2 au 12 mai, les soldats de la mission Aigle ont participé à l’exercice Dacian Spring dans la région de Medgidia en Roumanie. Piloté par la division multinationale de l’Otan, cet exercice avait pour objectif de tester le dispositif de déploiement d’un Poste de commandement de niveau brigade apte à commander une brigade interarmes et interalliée. C’est le premier du genre sur le flanc Est.

Pour armer Dacian Spring, l’état-major de la 7e brigade blindée de Besançon s’est prêté à l’exercice. Après une première phase logistique, pendant laquelle les membres de l’état-major et leurs soutiens étaient accueillis par les éléments de soutien français de la mission Aigle, démarrait la phase d’installation du poste de commandement (PC). Les structures, réseaux informatiques et dispositifs de protection étaient prêts en moins de 24 heures.

Dès lors, l’état-major de brigade pouvait s’installer et débuter la conception des ordres. En s’appuyant sur le travail du Brigade Forward Command Element (BFCE) de la force Aigle, ce déploiement fut considérablement facilité et permit au PC brigade d’être opérationnel en moins de 48 heures. Dans le scénario, le PC brigade a pris le commandement de plusieurs bataillons mutinationaux dits battlegroup dont le bataillon de Cincu ainsi que des unités de combat, d’appui et de soutien, simulées pour l’exercice. Commandée par la Multinational Division South East (MND-SE) et aux côtés d’une brigade américaine, la brigade française a pris part à la défense du territoire roumain, face à une attaque ennemie.

« Tout l’enjeu désormais, est de réussir à communiquer correctement aux bons échelons. Déployer un PC, rédiger des ordres et les faire descendre aux unités, nous savons très bien le faire en France. La particularité de cet exercice réside dans son caractère international, puisque nous sommes intégrés dans une chaîne de commandement otanienne. Les systèmes de communication spécifiques à chaque réseau sont la clé de la réussite », analyse le lieutenant-colonel Jean-Clément, en mission opérationnelle en Roumanie et commandant le BFCE.

Le saviez-vous ?

Dacian Spring vient du latin Daci. « Daces » est le nom donné par les Roumains aux tribus ayant peuplé le bassin du Bas-Danube dans l’Antiquité, région où se déroule le scénario de l’exercice. Selon la nomenclature otanienne, le nom de cet exercice commençant par la lettre D fait également référence au niveau de commandement de la manœuvre, soit la Division.

Le concept de BFCE

À la suite du sommet de Madrid en juin 2022, la France a décidé de déployer en novembre 2022 un élément avancé de niveau brigade (Brigade Forward Command Element – BFCE) en Roumanie. Il s’agit d’un état-major réduit des fonctions clés du commandement (C2 – Command & Control). Le BFCE appartient à la mission Aigle et il est composé d’une dizaine de militaires, sous contrôle opérationnel de la Division Multinationale Sud-Est (MND-SE) de l’Otan à Bucarest.

Avec le déploiement d’un PC de niveau brigade à l’international, l’exercice Dacian Spring est inédit dans sa forme et a permis de démontrer l’efficacité du concept BFCE. Ce groupe de planificateurs déployés en Roumanie a pour mission de préparer le terrain afin de faciliter le déploiement réel d’un PC de niveau brigade. En coordination permanente avec les différents échelons locaux et alliés, les militaires du BFCE rendent possible l’arrivée d’un état-major complet.

Ils y sont ensuite intégrés et y apportent leurs connaissances des contacts interalliés, du terrain et de la situation acquises grâce à des missions de reconnaissance réalisées en amont. Ce PC harpon permet à l’état-major de brigade déployé d’avoir un temps d’avance dès le début de l’élaboration des ordres. Suite à l’expérimentation du concept français de BFCE en Roumanie, l’Otan a décidé de généraliser cette structure sur le flanc Est, afin d’optimiser les temps de déploiement de brigades sur court préavis.

Plug and Play

Réactivité, interopérabilité et reconnaissance du terrain sont les maîtres mots de la mission. Près de 72 heures après leur arrivée sur le théâtre, le général de brigade Cédric du Gardin commandant la 7e brigade blindée était prêt à diriger ses trois bataillons de mêlée multinationaux. Pleinement intégré au sein de la division multinationale Sud-Est de l’Otan, son état-major a déjà rédigé les premiers ordres du scénario. « Dès notre arrivée, nous avons pu directement nous brancher et être prêts à combattre, grâce au travail de nos transmetteurs de la 7e CCT », explique le général.

Cet exercice multinational permet de tester l’interopérabilité technique : contrôle des procédures, systèmes d’information et de communication, réseaux des unités, mais également l’interopérabilité tactique. Dans l’élaboration des ordres et de la manœuvre tactique la compréhension de tous, Français et alliés, est indispensable pour gagner ce combat fictif.

Enfin, ce déploiement stratégique permet de réaliser une reconnaissance du terrain en fin d’exercice. La réalité sur les cartes et les écrans n’est pas forcément identique aux prévisions. Pouvoir aller sur les lieux où les combats simulés se sont déroulés est un atout pour les futures éditions de l’exercice.

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